Angles d'Euler
Les angles d'Euler sont un ensemble de trois angles introduits par Leonhard Euler (1707-1783) pour décrire l'orientation d'un solide ou celle d'un référentiel par rapport à un trièdre cartésien de référence[1]. Les trois angles sont dits angle de précession, de nutation et de rotation propre[2],[1].
Le mouvement d'un solide par rapport à un référentiel (un avion dans l'air, un sous-marin dans l'eau, des skis sur une pente...) fait intervenir six paramètres, qui sont, par exemple, les trois coordonnées décrivant la position de son centre de masse (ou d'un point quelconque du solide) et trois angles, nommés les angles d'Euler, cf. les schémas ci-dessous.
Les angles d'Euler peuvent aussi servir à représenter l'orientation d'un solide par rapport à un repère (appelé aussi attitude en astronautique) ; on peut les voir comme une généralisation des coordonnées sphériques.
Notation
Les trois angles d'Euler sont couramment notés ψ, θ et φ.
- Angles d'Euler ψ, θ et φ. Le système fixe est indiqué en noir (Oxyz), le système mobile en rouge (Ox'y'z') et la ligne des nœuds en bleu (Ou).
- Autre représentation.
Les rotations d'Euler
Ce sont les trois rotations obtenues en changeant un des trois angles d'Euler et en gardant les deux autres constants. Ces trois rotations sont la précession, la nutation et la rotation propre. On passe du référentiel fixe (O,x,y,z) au référentiel lié au solide (O,x',y’,z’) par trois rotations successives.
- La précession , autour de l'axe Oz, fait passer de (O,x,y,z) au référentiel (O,u,v,z) (en bleu).
- La nutation , autour de l'axe Ou (ligne des nœuds), fait passer de (O,u,v,z) à (O,u,w,z’) (en vert).
- La rotation propre , ou giration, autour de l'axe Oz’, fait passer de (O,u,w,z’) au référentiel lié au solide (O,x’,y’,z’) (en rouge).
NB. L'axe Ou est porté par l'intersection des plans Oxy et Ox'y'
On peut également passer du référentiel fixe Oxyz au référentiel lié au solide Ox’y’z’ par les trois rotations successives suivantes, ayant toutes leurs axes fixes dans le référentiel initial :
- Une rotation d'angle d'axe Oz,
- Une rotation d'angle d'axe Ox,
- Une rotation d'angle d'axe Oz
Les coordonnées d'un point dans le référentiel mobile sont reliées aux coordonnées de ce même point dans le référentiel fixe par la relation suivante[3] :
avec la matrice de passage
Mécanique du solide
On s'intéresse seulement ici à la description du mouvement du solide en rotation quelconque autour du point O, qui peut être un point fixe du solide dans le référentiel de référence Oxyz ou le centre de masse. Les angles d'Euler sont choisis de façon à permettre une mémorisation simple de la construction du vecteur rotation instantané du solide, nécessaire à l'étude de la cinématique du solide. Le vecteur rotation instantané du solide est en effet donné par la simple somme :
- ,
où les vecteurs apparaissant dans le membre de droite sont les vecteurs unitaires des axes correspondants. On remarquera que l'expression simple précédente utilise une base non orthogonale.
L'utilisation des angles d'Euler est très générale en mécanique et en astronomie, par exemple pour décrire le mouvement du gyroscope.
Orientation cristalline

En science des matériaux, les angles d'Euler sont utilisés pour décrire l'orientation cristalline (orientation d'un cristallite par rapport aux axes de l'échantillon), notamment dans le domaine de la texture (orientation préférentielle). Les angles sont alors en général[5] notés (φ1,Φ, φ2) avec :
- φ1 = ψ
- Φ = θ
- φ2 = φ
On utilise parfois une autre variante dans laquelle la seconde rotation (nutation) se fait selon l'axe Ov au lieu de Ou ; les angles sont alors notés (Ψ, Θ, Φ) sans que cela ait un rapport avec les notations des mécaniciens, ce qui n'est pas sans risque de confusion.
Notes et références
- Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v. angles d'Euler, p. 30.
- Pérez 2014, p. xxi et 275.
- Les angles d'Euler, dans Physique et simulations numériques, J.-J. Rousseau, Faculté des Sciences exactes et naturelles, Université du Maine
- Liss KD, Bartels A, Schreyer A, Clemens H, « High energy X-rays: A tool for advanced bulk investigations in materials science and physics », Textures Microstruct., vol. 35, nos 3/4, , p. 219–52 (DOI 10.1080/07303300310001634952)
- il s'agit de la notation adoptée par Bunge dans son ouvrage Texture analysis in materials science, une référence dans le domaine
Voir aussi
Bibliographie
- [Lehning 2007] H. Lehning, « Les angles d'Euler », dans H. Lehning (dir.), Leonhard Euler : un génie des Lumières, Paris, Pôle, coll. « Biblioth. Tangente » (no 29), , 1re éd., 1 vol., 154 p., ill. et portr., 17 × 24 cm (ISBN 978-2-8488-4066-6, EAN 9782848840666, OCLC 470945066, notice BnF no FRBNF41041045, SUDOC 11449309X), dossier no 2, art. no 8, p. 64-65.
- [Pérez 2014] José-Philippe Pérez (avec la collaboration d'Olivier Pujol), Mécanique : fondements et applications, Paris, Dunod, hors coll., , 7e éd. (1re éd. ), 1 vol., XXVI-801 p., 17,5 × 24 cm (ISBN 978-2-10-071232-8, EAN 9782100712328, OCLC 892897104, notice BnF no FRBNF43887529, SUDOC 180751727, présentation en ligne, lire en ligne).
- [Taillet, Villain et Febvre 2018] R. Taillet, L. Villain et P. Febvre, Dictionnaire de physique, Louvain-la-Neuve, De Boeck Sup., hors coll., , 4e éd. (1re éd. ), 1 vol., X-956 p., ill. et fig., 24 cm (ISBN 978-2-8073-0744-5, EAN 9782807307445, OCLC 1022951339, SUDOC 224228161, présentation en ligne, lire en ligne), s.v. angles d'Euler, p. 30, col. 1-2.