Condottière
Apparus en Italie au Moyen Âge, les condottières ou, en italien condottieri, condottiero au singulier (« mercenaires », de l'italien condotta, contrat de louage), ou capitano di ventura[1], sont des chefs d'armées de mercenaires. Ils sont de fait les chefs de compagnies d'hommes d'armes[2].

Histoire
Soldats réguliers démobilisés, mais surtout nobles en mal de gloire, formés à l'art du combat et disposant de l'argent nécessaire pour équiper les soldats[2], ils mettent leur art de la guerre au service d'États. Leurs services sont généralement rémunérés en espèces, et parfois en terres et titres.
Au début du XIIIe siècle, les conflits entre les communes se succèdent. Pour éviter une mobilisation générale couteuse en hommes et en matériels, un arrangement est généralement trouvé entre des unités combattantes privées moyennant finance. Les dirigeants des villes ont d'abord recours au scutagium, argent de la protection ou somme nécessaire pour armer un soldat, au lieu de recruter une armée féodale. S'il est moins risqué d'engager des mercenaires venus d'ailleurs, quand la guerre se termine ou qu'il n'y a plus d'argent, ces combattants, souvent regroupés en compagnies d'hommes d'armes se retrouvent désœuvrées et louent leurs services au plus offrant. Ils constituent alors des compagnies libres de combattants qui s'offrent à un chef et participent aux guerres locales et privées. Progressivement, ces compagnies réclament un contrat d'embauche très détaillé, le conduit ou condotta[2].
Les bandes armées de soldats mercenaires se multiplièrent pendant la première moitié du XIVe siècle du fait de nombreux soldats demeurés inemployés trop longtemps. Les condotta, nom donné à ces groupes de soldats mercenaires réunis autour d'un condottière, furent d'abord des associations temporaires d'aventuriers, puis des contingents utilisés pendant des contrats de longue durée, de quatre à sept ans renouvelables, par une commune ou un seigneur, et enfin de grandes compagnies fondées sur un dispositif juridique et des institutions propres[2].
Organisation
D'après leur condotta (engagement en italien, d'après le Larousse ou troupe conduite, commandée, d'après le Trésor de la langue française), les condottières doivent fournir soldats, matériel militaire et commandement. Ils se multiplient à la faveur de la lutte entre guelfes et gibelins. Bien souvent, leur puissance devient telle qu'ils peuvent prendre le contrôle de la ville qu'ils servent.
Les contrats qui lient la condotta au donneur d'ordre peuvent être des contrats fermes, da fermo, qui précisent la durée et le montant des salaires, ou des contrats de mise à disposition, a rispetto ou aspetto, qui l'oblige à rester disponible en temps de paix pour répondre à toute demande urgente[2].
Les condottières s'épargnent mutuellement : tandis qu'ils rançonnent les habitants des pays vaincus et réclament des sommes importantes pour prix de leurs services, ils se renvoient généralement leurs prisonniers sans rançon. Le profit financier est leur préoccupation majeure ce qui les pousse à engendrer ou à prolonger les conflits, et qui constitue une des causes principales des innombrables conflits que connut l'Italie médiévale[3].
Les hommes enrôlés dans les compagnies sont généralement loyaux, à l'inverse de leurs chefs, mais uniquement envers leur unité[3].
Condottieri célèbres


XIIIe siècle
- Malatesta da Verucchio (1212-1312), fondateur de la dynastie Malatesta, maître de Rimini en 1295
- Gianciotto Malatesta, de son vrai nom Giovanni Malatesta, dit aussi « Gianne lo sciancato » (Le boiteux) (v. 1240/1244 – 1304)
- Roger de Flor (v. 1266-1305)
- Castruccio Castracani (1281-1328)
- Oberto II Pallavicino (it) (v. 1197-1269)
XIVe siècle
- Dalmau de Banyuls (v. 1271-1345)
- Cangrande della Scala (1291-1329)
- Gautier VI de Brienne (1302-1356)
- Werner von Urslingen (v. 1308-1354)
- Gil Alvarez Carrillo de Albornoz (1310-1357)
- Konrad von Landau (?- 1363)
- Luchino dal Verme (v. 1320-1372)
- Sir John Hawkwood (Giovanni Acuto, v. 1320-1394)
- Michelozzo ou Michelotto Michelotti (1322-1375) père des Michelotti de Pérouse ci-dessous
- Alberico da Barbiano (1344-1409), organisa la Compagnie de Saint-Georges pour lutter contre les Français ; Donatello lui a érigé une statue équestre à Padoue
- Angelo Broglio (1350-1421), connu sous le nom de Tartaglia
- Jacopo dal Verme (1350-1409)
- Guidoriccio da Fogliano, mort en 1352, qui devint capitaine de l'armée siennoise et dont la victoire sur Montemassi en 1328 fut représentée sur une fresque de Simone Martini au Palazzo Pubblico de Sienne

- Biordo Michelotti (1352-assassiné en 1398) seigneur de Pérouse
- Ceccolino Michelotti (1354- assassiné en 1419)
- Giovanni Ordelaffi (1355-1399)
- Sighinolfo Michelotti (1356-1399)
- Jean Montréal du Bar (Fra Moriale) (1303-1354)
- Facino Cane de Casale (v. 1360-1412)
- Muzio Sforza (1369-1424), père de Francesco Sforza
- Andrea Fortebracci, connu sous le nom de Braccio da Montone (1368-1424)
- Othon IV de Brunswick-Grubenhagen (mort en 1399), époux de Jeanne Ire de Naples
XVe siècle
- Muzio Attendolo, connu sous le nom de Sforza (1369-1424)
- Erasmo da Narni, connu sous le nom de Gattamelata (1370-1443)
- Guidone Michelotti (v. 1380-1419, fils de Biordo)
- Niccolò Piccinino (1380-1444)
- Lionello Michelotti (v. 1382-1440)
- Lodovico Michelotti (né vers 1382)
- Giovanni Vitelleschi (mort en 1440)
- Francesco Bussone da Carmagnola (1390-1432)
- Micheletto Attendolo
- Scaramuccia da Forlì, en français Scaramouche de Forlì (mort en 1450)
- Bartolomeo Colleoni (1400-1475), qui passa constamment du camp de Venise à celui de Milan ; Le Verrochio lui a érigé une statue équestre à Venise
- Francesco Sforza (1401-1466)
- Nicola di Monforte, en français Nicolas de Montfort, (1415-1478), connu sous le nom de comte de Campobasso
- Sigismondo Malatesta (1417-1468)

- Frédéric III de Montefeltro (1422-1482)
- Gian Giacomo Trivulzio (ca 1441-1518)
- Niccolò di Pitigliano (1442-1510)
- Ludovic Sforza dit « le More », devenu duc de Milan
- Galeazzo Sanseverino (ca 1460-1525)
- Prospero Colonna (1452-1523), condottiere au service des États pontificaux et du Saint-Empire romain germanique pendant les guerres d'Italie
- Bartolomeo d'Alviano (1455-1515)
- Pietro del Monte (1457-1509)
- Vitellozzo Vitelli (1458-1502)
- Andrea Doria (1466-1560) qui servit indépendamment, en fonction des gages qu'on lui promettait, deux papes, Innocent VIII et Clément VII, Ferdinand Ier de Naples, le roi de France François Ier, etc.
- François II de Mantoue, ou François Gonzague (1466-1519), marquis de Mantoue
- César Borgia (1475-1507)
- François Marie Ier della Rovere (1490-1538), duc d'Urbino
XVIe siècle
- Jean des Bandes Noires (1498-1526)
- Sampiero Corso (1498-1567), condottiere corse au service du royaume de France durant une grande partie de sa carrière
- Ferdinand Gonzague, en italien Ferrante Gonzaga (1507-1557)
- Marcantonio Colonna (1535-1584)
- Raymond de Cordoue
- Angelo della Pergola
- Laurent Siscar (XVIe siècle), condottiere au service de Charles Quint
XVIIe siècle
- Jean de Werth (1595-1652)
- Albrecht von Wallenstein (1583-1634), guerre de Trente Ans[4]
Notes et références
- (it) « capitano di ventura nell'Enciclopedia Treccani », sur www.treccani.it (consulté le 1er février 2019)
- Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6)
- Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6)
- François Lebrun, Le 17e siècle, Paris, Armand Colin, , 431 p. (ISBN 978-2-200-28970-6), p. 88-94
Lien externe
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