Der Freischütz
Der Freischütz (op. 77) est un opéra allemand (singspiel) en trois actes de Carl Maria von Weber, qui connut un triomphe lors de sa première le au Königliches Schauspielhaus de Berlin.
Le Freischütz
Le Freischütz

Genre | Singspiel |
---|---|
Nbre d'actes | Trois |
Musique | Carl Maria von Weber |
Livret | Johann Friedrich Kind |
Langue originale |
Allemand |
Sources littéraires |
Conte populaire germanique |
Durée (approx.) | env. 145 min. |
Dates de composition |
1817-1820 |
Création |
Königliches Schauspielhaus, Berlin ![]() |
Création française |
Théâtre de l'Odéon, Paris |
Personnages
- Ottokar, duc de Bohême (baryton)
- Kuno, forestier (basse)
- Agathe, sa fille (soprano)
- Ännchen, jeune cousine d'Agathe (soprano)
- Kaspar, jeune chasseur (basse)
- Max, jeune chasseur (ténor)
- Samiel, le chasseur noir (rôle parlé)
- Un ermite (basse)
- Kilian, riche fermier (baryton)
- Quatre servantes (sopranos)
Considéré aujourd'hui comme l'un des premiers opéras romantiques avec Fidelio de Ludwig van Beethoven (1805), son livret fut écrit par le poète Johann Friedrich Kind d'après un conte populaire germanique (dans la version publiée en 1811 dans Das Gespensterbuch), et une première ébauche de Weber et d'Alexander von Dusch.
Historique
C'est lors d'un séjour en 1810 au château de Neubourg que Weber, impressionné par la récente création du Fidelio, premier (et unique) opéra de Beethoven, arrête son choix sur le conte Des Jägers Braut comme sujet d'opéra. Mais d'autres engagements l'accaparent et ce n'est qu'en 1816 qu'il demande au poète Johann Friedrich Kind d'en tirer un livret. La composition commence en juillet 1817.
Créée le à Berlin, en raison de tensions politiques à Dresde où Weber est officiellement en poste, l'œuvre rencontre un succès immédiat, qui se propage rapidement dans toute l'Europe et devient le symbole de la naissance de l'opéra romantique allemand. Parmi les nombreux artistes qui ont été influencés par Der Freischütz figure le jeune Richard Wagner, qui sera considéré par beaucoup comme le successeur de Weber. Claude Debussy dira sa franche admiration pour sa "belle ouverture" : "L'agencement sonore de cette ouverture est stupéfiante et le retour du ton d'ut majeur (ton initial) est une de ces émotions que l'on retrouve aussi violentes, aussi nouvelles. Il n'y a pas à dire, c'est bon teint, et ça ne s'use pas."[1]
La création de la version française a lieu au théâtre de l'Odéon le 7 décembre 1824 dans une adaptation de Castil-Blaze et Thomas Sauvage – très éloignée de l'original – intitulée Robin des Bois ou les Trois Balles, et qui sera reprise régulièrement par la suite, notamment à l'Opéra-Comique le 15 janvier 1835 et au Théâtre-Lyrique le 24 janvier 1855.
La création parisienne de la version originale en allemand a lieu, quant à elle, au Théâtre-Italien (salle Favart) le 14 mai 1829 par une troupe allemande qui permet au public parisien de découvrir également les deux autres chefs-d'œuvre de Weber, Euryanthe (1823) et Oberon (1826).
Une deuxième version française, plus fidèle, est réalisée en 1841 par Hector Berlioz et Émilien Pacini pour l'Opéra de Paris sous le titre Le Freyschütz. Pour le ballet du deuxième acte de cette représentation, exigé par la forme « grand opéra » imposée par la « Grande Boutique »[2], Berlioz orchestre l’Invitation à la danse de Weber, refusant d'écrire lui-même la musique de ce ballet et restant fidèle à l'écriture du compositeur du Freischütz, même si l'on y reconnaît les couleurs du « Bal » de la Symphonie fantastique[3].
Argument
Fichier audio | |
Ouverture | |
![]() Des difficultés à utiliser ces médias ? | |
---|---|
L'intrigue se passe en Bohême vers 1648, juste après la guerre de Trente Ans.
Max, jeune garde-chasse du Prince, considéré comme le meilleur tireur des environs, se désole car il vient de perdre un concours de tirs, où a triomphé un simple paysan, Killian. Max aime Agathe, la fille du garde forestier Kuno. Il voudrait gagner le concours de tir du lendemain dont l'enjeu est la nomination du nouveau garde-chasse et obtenir ainsi la main d'Agathe. Son ami Kaspar le forestier a vendu son âme au maléfique Samiel et pour être sauvé, Kaspar doit lui amener une nouvelle proie. Kaspar, acculé, propose d'en fournir une par l'infortuné Max. Pour réussir son concours, Max accepte que Kaspar lui fournisse des balles magiques, sans savoir qu'il est l'enjeu de Kaspar et la proie du maléfique Samiel. Agathe est inquiète bien qu'Ännchen (Annette) la rassure ; Max arrive puis la quitte sous prétexte d'aller chercher un cerf qu'il a tué dans la Gorge-au-loup. Au milieu de visions terribles et de bruits étranges, Kaspar prépare sept balles pour Max, mais la dernière obéira à la volonté de Samiel, ce que Max ignore. Agathe prie et se prépare à épouser Max ; elle fait des cauchemars, mais une fois encore, Ännchen la réconforte. Max surprend tout le monde lors du concours de tir. Le prince lui ordonne de tirer sur une colombe blanche avec la septième balle. Agathe sort du bosquet où se trouve la colombe et lui crie de ne pas tirer. Max tire, la colombe s'envole et Agathe tombe inanimée. Heureusement elle n’est pas morte car un ermite a détourné le coup sur le sinistre Kaspar qui meurt en blasphémant. Max avoue avoir participé au pacte avec le diable en acceptant la fourniture des balles magiques par désespoir et faiblesse et le Prince lui impose un délai d’un an avant de pouvoir épouser Agathe.
Personnages
- Ottokar, duc de Bohême (baryton)
- Kuno, forestier (basse)
- Agathe, sa fille (soprano)
- Ännchen, jeune cousine d'Agathe (soprano)
- Kaspar, jeune chasseur (basse)
- Max, jeune chasseur (ténor)
- Samiel, le chasseur noir (rôle parlé)
- Un ermite (basse)
- Kilian, riche fermier (baryton)
- Quatre servantes (sopranos)
- Chasseurs, paysans, servantes, courtisans (chœur)
Composition de l'orchestre
Instrumentation de Der Freischütz |
Cordes |
premiers violons, seconds violons, altos, |
Bois |
2 flûtes, 2 hautbois,
2 clarinettes, 2 bassons, |
Cuivres |
4 cors, 2 trompettes
3 trombones, |
Percussions |
timbales |
Discographie sélective
- Maria Müller, Willi Domgraf-Fassbaender, Walter Grossmann, Josef Greindl, Robert Heger (dir.) - Berlin, 1943
- Elisabeth Grümmer, Hans Hopf, Rita Streich, Kurt Böhme, Otto Edelmann, Wilhelm Furtwängler (dir.) – Salzbourg, 26 juillet 1954
- Elisabeth Grümmer, Rudolf Schock, Lisa Otto, Hermann Prey, K.-K. Kohn, Gottlob Frick, Joseph Keilberth (dir.) – 1958
- Irmgard Seefried, Köth, Holm, Kurt Böhme, Eugen Jochum (dir.) – 1960
- René Kollo, Hildegard Behrens, Peter Meven, Kurt Moll, Rafael Kubelík (dir.)
- Gottlob Frick, Lovro von Matačić (dir.)
- Gundula Janowitz, Eberhard Waechter, Manfred Jungwirth, Wiener Staatsoper, Karl Böhm (dir.) – live du 28 mai 1972
- Peter Schreier, Gundula Janowitz, Theo Adam, Carlos Kleiber (dir.) –1973
- Cécile Perrin, Didier Henry, François Soulet, Anne Constantin, Francis Dudziak Jean-Paul Penin (dir.) – 2000
- Premier enregistrement de la version française de Berlioz (1841)
Anecdotes
- Un extrait de son ouverture servit pendant 46 ans de générique à l'émission radiophonique hebdomadaire d'André Castelot, Alain Decaux de l'Académie Française, et Jean-François Chiappe : La tribune de l'Histoire réalisée par Alain Barroux avec le concours de Charles Bassompierre et de Claude Herval. Diffusée initialement le mercredi soir à 20 h.30 successivement sur les ondes de la RTF (Paris Inter), de l'ORTF (Inter-Variétés), puis de Radio-France (France Inter) elle fut une production comptant parmi les émissions ayant connu la plus grande longévité sans interruption.
- Le Freichütz est souvent cité dans Hellsing Ultimate par le Major. Il est aussi chanté par Rip van Winkle durant la scène du porte-avion.
- Un extrait de son ouverture est la mélodie principale de "Stupeflip Vite !!!", morceau de l'album The Hypnoflip Invasion du groupe Stupeflip.
Liens externes
- Der Freischütz, partitions libres sur l’International Music Score Library Project.
- Douze récitatifs adaptés par Hector Berlioz
Notes
- Gil Blas, 2 février 1903 (Monsieur Croche et autres écrits, collection L'imaginaire, Gallimard, édition 1987, page 93)
- Surnom donné à l'Opéra de Paris par un Verdi excédé par la direction qui prend fait et cause contre lui dans un accrochage avec les musiciens de l'orchestre.
- L’Invitation à la danse de Carl Maria von Weber orchestrée par Berlioz pour le Freichütz sur le site hberlioz.com (Lire en ligne)
- Portail de la musique classique
- Portail de l’opéra
- Portail de l’Allemagne