Monégasque
Le monégasque est un dialecte ligure (italien, appartenant aux langues romanes), parlé historiquement en principauté de Monaco mais peu pratiqué de nos jours. Il est au programme scolaire dans le premier degré et dans les premières classes de collège. Des cours de langue et de culture monégasque pour adultes sont donnés, depuis 1993, au sein de l'Académie des Langues Dialectales durant l'année scolaire. Il s'agit d'une langue vernaculaire assez proche de celle parlée à Vintimille (intémélien) mais différente du mentonasque voisin. Le problème de la survie de la langue monégasque se pose dans un pays de 39 000 habitants où cohabitent 138 nationalités différentes et où les monégasques sont minoritaires.
monégasque munegascu | |
Pays | Monaco |
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Nombre de locuteurs | environ 8 000 (2014)[1] |
Classification par famille | |
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Statut officiel | |
Régi par | Académie des Langues Dialectales |
Codes de langue | |
ISO 639-3 | lij [2] |
Norme orthographique
Les premières traces écrites du monégasque apparaissent entre 1721 et 1729 dans la correspondance du prince Antoine avec sa fille Louise-Hippolyte, ainsi que dans quelques actes notariés, mais la langue demeure avant tout orale. À partir de 1860, le monégasque est menacé par l’afflux massif de travailleurs étrangers en Principauté et par le développent d’un pidgin mélangeant le provençal, le piémontais, le corse et le ligure. En 1927, Louis Notari entreprend la codification écrite de la langue en s’inspirant de l’écriture du français et de l’italien. La première grammaire et le premier dictionnaire monégasque paraissent en 1960. La norme orthographique moderne a procédé a quelques ajustement, mais reste proche du système imaginé par Louis Notari.
Phonologie
L'alphabet monégasque comprend dix-sept consonnes et huit voyelles.
Voyelles
Lettre | Transcription phonétique |
---|---|
A, a | /a/ |
E, e | /e/ |
Ë, ë | /iː/ ou /e/ très fermé |
I, i | /i/ |
O, o | /o/ |
Œ, œ | /e/ ou /ø/ selon les quartiers |
U, u | /u/ |
Ü, ü | /y/ |
Pour retranscrire les voyelles nasales, Louis Notari s'est appuyé sur le système français : voyelle + n. Seulement en monégasque, contrairement au français, on retrouve une correspondance entre la voyelle orale et la voyelle nasale : an [/ã/], en [/ẽ/], ën [/ĩː/] ou [/ẽ/] très fermé, in [/ĩ/], on [/õ/], œn [/ẽ/] ou [/œ̃/], un [/ũ/], ün [/y/].
Consonnes
Le monégasque, au contraire d'autres langues latines, ne conserve pas les doubles consonnes étymologique car le système de Louis Notari est pensé pour ne pas créer de décalage entre l'écrit et l'oral. Néanmoins, on retrouve deux consonnes géminées : rr et ss.
- Le recours au double s (ss) permet de distinguer les sons [s] et [z], ainsi « cassa » (louche) se prononce avec le son [s] et « casa » (maison) avec le son [z].
- Le recours au double r (rr) permet de distinguer le [ʀ] uvulaire et le [r] palatal.
Lettre | Transcription phonétique |
---|---|
B, b | /b/ |
C, c | /k/ et /t͡ʃ/ |
Ç, ç | /s/ |
D, d | /d/ |
F, f | /f/ |
G, g | /g/ et /d͡ʒ/ |
J, j | /ʒ/ |
L, l | /l/ |
M, m | /m/ |
N, n | /n/ |
P, p | /p/ |
Q, q | /k/ |
R, r | /r/ et /ʀ/ |
S, s | /s/ et /z/ |
T, t | /t/ |
V, v | /v/ |
Z, z | /z/ |
Pour noter les consonnes affriquées et vélaires, Louis Notari s'est appuyé sur le système italien :
- Le son [k] s'écrit « c » devant a, o, u, ü et « ch » devant e, i, œ.
- Le son [g] s'écrit « g » devant a, o, u, ü et « gh » devant e, i, œ.
- Le son [t͡ʃ] s'écrit « ci » devant a, o, u, ü, œ et « c » devant e et i.
- Le son [d͡ʒ] s'écrit « gi » devant a, o, u, ü, œ et « g » devant e et i.
- Le son [ʃ] s'écrit « sci » devant a, o, u, ü, œ et « sc » devant e et i.
- Le son [ʃt͡ʃ] s'écrit « ssci » devant a, o, u, ü, œ et « ssc » devant e et i.
Accent tonique
En monégasque, l'accent tonique régulier tombe sur l'antépénultième voyelle. Pour indiquer un accent tonique irrégulier au regard des règles classiques de prononciation de la langue, on place une barre verticale au-dessus de la voyelle. Ce signe diacritique peut être observé sur chacune des voyelles.
Scia̍ : madame
Tambe̍n : aussi
Merçi̍ : merci
Po̍ : peut
Mu̍negu : Monaco
Ce diacritique se trouve également sur le Œ, cependant il n’est pas disponible dans Unicode. Un exemple en est le mot bœ (bœuf), qui comporte un accent sur le œ.
Ce diacritique peut également être utilisé en combinaison avec d'autres diacritiques notamment avec le tréma.
À cause des contraintes typographiques, la barre verticale, absente des claviers d'ordinateur, est remplacée par un accent grave sur internet. En son temps, Louis Notari notait déjà l'accent tonique irrégulier ainsi, mais cette solution posait problème : par influence des langues voisines, les monégasques lisaient è [ɛ] et non [e].
Textes en monégasque
L'Hymne monégasque est écrit en monégasque.
Usage
À Monaco, 17 % de la population de la principauté parlerait encore le monégasque (essentiellement des personnes âgées, appelée localement le munegascu). Le monégasque était considéré comme une langue en voie d’extinction dans les années 1970, mais son introduction dans les écoles semble lui avoir donné un second souffle. En effet, l'apprentissage de la langue monégasque est désormais obligatoire depuis 1977 du CE2 au CM2 puis jusqu'à la 5e au collège[3]. À partir de la 4e jusqu'en terminale où elle peut être présentée en option au baccalauréat, au choix du lycéen de continuer ou non. Des concours écrits et oraux officiels sont organisés dans le cadre des cours, et une cérémonie de remise des prix est organisée le dans la cour de la mairie de Monaco en présence du Prince Souverain, des autorités civiles et religieuses, ainsi que des mécènes[4].
La seule langue officielle de la Principauté de Monaco étant le français, il y a peu d’activités visant à diffuser le monégasque : peu de publications paraissent en monégasque, et aucune émission de radio ou de télévision régulière ne l’utilise, même sur radio Monaco. Seul le Comité national des traditions monégasques publie chaque année un « Calendari » (calendrier), dans lequel il y a de nombreux poèmes en monégasques (traduits) et d'hommages. Il existe plusieurs ouvrages : des dictionnaires français-monégasque et monégasque-français, une grammaire, une thèse en Sorbonne sur « Le Parler monégasque »[5], des ouvrages sur les traditions monégasques et poèmes divers.
Bibliographie
- Dominique Salvo-Cellario, « Écrire en monégasque : l’orthographe », sur Académie des langues dialectales, Principauté de Monaco (consulté le 23 novembre 2015)
- Claude Passet, Bibliographie de la langue monégasque, 1927-2018, Monaco, Académie des Langues Dialectales - Editions EGC, , 52 p. (ISBN 978-2-911469-62-6)
Notes et références
- Selon le site Ethnologue, dans ethnologue.com
- code générique
- « Statut de la langue monégasque dans l’enseignement scolaire et universitaire », sur Académie des langues dialectales (Monaco), (consulté le 31 août 2017)
- « Le concours de langue monégasque », sur Mairie de Monaco,
- Raymond Arveiller (de), « Étude sur le parler de Monaco (thèse complémentaire pour le doctorat ès-lettres présentée à la faculté des lettres et des sciences humaines de l'université de Paris) | Comité national des traditions monégasques », sur Librairie numérique de Monaco,
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes et sources
Université Laval Québec- Étude sur le parler de Monaco, en français et ligure génois de R. Arveiller (de)
- Le Monégasque Comité national des traditions monégasques
- Académie des Langues Dialectales
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