Pastèque
La pastèque (Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai, 1916), aussi appelée melon d'eau, est une espèce de plantes herbacées de la famille des Cucurbitacées, originaire d'Afrique de l'Ouest[1], largement cultivée pour ses gros fruits lisses, à chair rouge, jaune, verdâtre ou blanche et à graines noires ou rouges. Le terme désigne également ce fruit. Le fruit pèse généralement, à maturité, entre 2 et 5 kg.
Citrullus lanatus

Règne | Plantae |
---|---|
Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Ordre | Cucurbitales |
Famille | Cucurbitaceae |
Genre | Citrullus |
Ordre | Cucurbitales |
---|---|
Famille | Cucurbitaceae |
Il faut distinguer la pastèque consommable crue de la pastèque à confiture ou « citre » qui doit être cuite. Cette dernière est aussi communément appelée « courge gigérine » ou « courge barbarine » dans le sud de la France et « melons de Moscovie » en Charentes.
Dénominations
.jpg)
Elle est appelée anguria ou cocomero en italien, sandía en espagnol, melancia en portugais, بطّيخ (battikh) en arabe (au Maghreb دلّاع, dallaâ, d’où tadellaât en kabyle), арбуз (arbouz) en russe, καρπούζι (karpouzi) en grec moderrne, karpuz en turc, tarbuz en hindi, هندوانه (handevaneh) en persan, ou encore suika (スイカ) en japonais[2]. L'anglais et l'allemand n'ont pas de mot spécifique et traduisent littéralement « melon d’eau » : respectivement : watermelon et Wassermelone.
À La Réunion (département français dans l'océan Indien), la pastèque était appelée « melon ». Cette appellation vient du fait que ce fruit a été introduit pour la première fois dans l'île par des navigateurs anglais au milieu du XIXe siècle. Pastèque se disant watermelon en anglais, les insulaires, ne connaissant pas encore à l'époque le melon (cucumis melo), ont tout naturellement désigné la pastèque par le vocable « melon ». Par la suite, au début du XXe siècle, quand les métropolitains leur ont fait découvrir le melon, l'appellation « melon de France » a été adoptée. Même si aujourd'hui cette différence de langage est globalement corrigée, il est encore possible de l'entendre dans les mots de vieux Réunionnais.
De même, on appelle les pastèques à confiture : « melons de Moscovie » ou « melons d'eau » en Charentes Les « melons d'Espagne » à Bordeaux et en Périgord désignent le melon jaune, ou cantaloup.
Explication du nom scientifique
Lanatus signifie laineux, en référence aux longs poils blancs qui recouvrent les tiges de la pastèque[3].
Description
Aspect général
La pastèque est une plante annuelle à tiges rampantes, pourvues de longs poils blancs, pouvant atteindre trois mètres de long.
Feuilles
Les feuilles, de forme généralement triangulaire, sont très découpées, avec des lobes arrondis, profondément incisés mais aux sinus également arrondis. Certaines sont transformées en vrilles permettant à la plante de s'accrocher et de grimper sur des supports variés.
Fleurs
Les fleurs, à corole jaune pâle sont, comme sur la plupart des cucurbitacées soit mâles, soit femelles, mais toutes sont présentes sur le même pied (plante monoïque).
Fruits
Les fruits sont des baies particulières, des péponides, de forme sphérique, plus ou moins oblongue, de couleur vert foncé souvent marbré de blanc.
Leur « diamètre » est de 30 à 60 cm et leur poids peut aller de 3 à 4 kg pour la variété Sugar Baby jusqu'à 40 kg pour la variété Yellow Belly. La chair de la pastèque à confiture est verdâtre et contient des graines rouges. Le melon d'eau contient jusqu'à 92,7 % d'eau (90,9 % en moyenne)[4]. Il est très désaltérant et peu calorique.
Culture
Les pastèques sont des plantes tropicales ou subtropicales et ont besoin de températures supérieures à 25 ° C (77 ° F) pour prospérer. À l'échelle du jardin, les graines sont généralement semées en godet au chaud et transplantées dans un sol sableux bien drainé avec un pH compris entre 5,5 et 7 et des niveaux moyens d'azote.
Les principaux ravageurs de la pastèque sont les pucerons, les mouches des fruits et les nématodes à galles. Dans des conditions d'humidité élevée, les plantes sont sujettes à des maladies des plantes telles que l'oïdium et le virus de la mosaïque. Raison pour laquelle, en Afrique, on les sème en fin de saison des pluies (septembre ou octobre).
Certaines variétés souvent cultivées au Japon et dans d'autres parties de l'Extrême-Orient sont sensibles au flétrissement par fusarium. Le greffage de ces variétés sur des porte-greffes résistants aux maladies offre une protection.
Pollinisation des variétés sans pépin
Le département américain de l'Agriculture recommande d'utiliser au moins une ruche par acre (4 000 m2 par ruche) pour la pollinisation des variétés conventionnelles. Les hybrides sans pépins ont du pollen stérile. Cela nécessite de planter des rangées de variétés de pollinisateurs avec du pollen viable. Étant donné que l'approvisionnement en pollen viable est réduit et que la pollinisation est beaucoup plus critique pour produire la variété sans pépins, le nombre recommandé de ruches par acre (densité de pollinisateur) augmente à trois ruches par acre (1300 m2 par ruche). Les pastèques ont une période de croissance prenant au minimum 85 jours à partir du moment de la transplantation pour que le fruit mûrisse correctement.
Pastèque cubique

Au Japon, des agriculteurs de la ville de Zentsūji dans la préfecture de Kagawa ont trouvé un moyen de produire des pastèques cubiques en faisant pousser les fruits dans des bocaux en verre, la croissance du fruit suivant alors naturellement la forme du récipient[5]. Cette forme rend le fruit plus facile à empiler et à stocker, cependant, la récolte étant effectuée bien avant la maturité, ces fruits ne sont pas comestibles mais sont utilisés comme plantes ornementales, et leur prix est beaucoup plus élevé que celui d'une pastèque normale (10 000 yens l'unité soit un peu plus de 80 euros)[6].
Des pastèques en forme de pyramide ont également été développées et toute forme polyédrique peut potentiellement être utilisée.
Variétés
Plus de 480 variétés sont inscrites au Catalogue européen des espèces et variétés, 31 variétés sont inscrites au Catalogue officiel français dont 4 sur la liste SVI (anciennes variétés pour amateurs). Parmi celles-ci on trouve :
- À graines rouges à confire à chair verte
- Alana
- Catherine
- Céline
- Crispeed
- Gamus Zeinebis
- Kadija
- Lusia
- Moon and Stars
- Orangeglo
- Paladin
- Sugar Baby
La pastèque Fashion est une variété sans pépins qui est le résultat d'un croisement forcé entre une variété tétraploïde (produite par traitement à la colchicine) et une variété diploïde, ce qui donne une variété triploïde ayant la particularité d'être sans pépins et stérile[7].
Il existe également des variétés-populations de pastèques à confiture appelées citre ou gigérine, cultivées au Japon et dans le Sud de l'Europe.
- Variété sans pépin
- Variété « Orangeglo »
Origine et distribution
Bien que la pastèque soit originaire d'Afrique de l'Ouest[1], on a longtemps pensé que son origine était sud-africaine, en particulier de la région du Kalahari où plusieurs espèces du genre Citrullus poussent naturellement. Cette erreur vient du fait que le type de la pastèque (Citrullus lanatus), préparé par le collecteur linnéen Carl Peter Thunberg, a été victime d'une erreur d'identification il y a plus de 80 ans[Quand ?]. C'est en séquençant l'ADN de ce spécimen que Chomicki et Renner[1] se sont rendu compte qu'il ne s'agissait pas d'une réelle pastèque, mais d'une autre espèce.
La culture de la pastèque est très ancienne et attestée dans l'Égypte antique, il y a plus de cinq mille ans. Elle s'est répandue sur les bords de la Méditerranée puis dans l'ensemble des pays chauds.
Phylogénie et évolution
La pastèque (Citrullus lanatus) fait partie du genre Citrullus, qui contient sept espèces[1] :
- Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai, la pastèque
- Citrullus mucosospermus (Fursa) Fursa
- Citrullus amarus Schrad., la pastèque à confiture
- Citrullus ecirrhosus Cogn.
- Citrullus rehmii De Winter
- Citrullus colocynthis (L.) Schrad.
- Citrullus naudinianus (Sond.) Hook.f.
L'espèce la plus proche de la pastèque (Citrullus lanatus) est Citrullus mucosospermus, une espèce provenant d'Afrique de l'Ouest. Ces différentes espèces ont divergé il y a environ trois millions d'années[1].
Pastèque crue | |
Valeur nutritionnelle moyenne pour 100 g |
|
Apport énergétique | |
---|---|
Joules | 125,52 kJ |
(Calories) | (30 kcal) |
Principaux composants | |
Glucides | 7,55 g |
- Amidon | ? g |
- Sucres | 6,2 g |
Fibres alimentaires | 0,4 g |
Protéines | 0,61 g |
Lipides | 0,15 g |
Eau | 91,45 g |
Minéraux et oligo-éléments | |
Calcium | 7 mg |
Fer | 0,24 mg |
Magnésium | 10 mg |
Phosphore | 11 mg |
Potassium | 112 mg |
Sodium | 1 mg |
Zinc | 0,1 mg |
Vitamines | |
Vitamine C | 8,1 mg |
Acides aminés | |
Acides gras | |
Source : USDA | |
Nutrition
Composée à 90,9 % d'eau en moyenne[4], avec des propriétés hydratantes, la pastèque est faible en matières grasses et ne contient pas de cholestérol. Elle contient de nombreux éléments intéressants d'un point de vue nutritionnel, comme la citrulline, qui sert à synthétiser un autre acide aminé capital dans l'organisme, l'arginine, celle-ci jouant un rôle clé dans la division cellulaire, la cicatrisation et l'élimination de l'ammoniaque.
La pastèque est surtout réputée pour être riche en antioxydants. Elle contient également quelques vitamines (vitamine C, vitamine B1, vitamine B6 et vitamine A).
Maturité
Le poids est un indice de maturité, elle doit donc être lourde. Elle doit sonner creux quand on la frappe légèrement. Sur la plante, elle doit être cueillie dès que la vrille opposée à son pédoncule est complètement sèche : c'est le signe de sa maturité.
Pastèque à confiture
Cette pastèque est essentiellement connue des amateurs. C'était un classique des cuisines provençale et charentaise pour la fabrication de confitures[8].
La maturation de la pastèque à confiture dure tout l'été ; elle doit être cueillie à l'automne avant les premiers frimas et mise à l'abri où elle peut continuer à mûrir tout l'hiver.
Économie
Production en tonnes. Chiffres 2004-2005. | |||||
![]() | 68 314 945 | 71 % | 69 315 000 | 72 % | |
![]() | 3 825 000 | 4 % | 3 800 000 | 4 % | |
![]() | 2 150 000 | 2 % | 2 150 000 | 2 % | |
![]() | 1 719 392 | 2 % | 1 850 000 | 2 % | |
![]() | 1 788 528 | 2 % | 1 800 000 | 2 % | |
![]() | 1 669 940 | 2 % | 1 718 920 | 2 % | |
![]() | 1 588 528 | 2 % | 1 500 000 | 2 % | |
![]() | 920 350 | 1 % | 960 000 | 1 % | |
![]() | 823 672 | 1 % | 850 000 | 1 % | |
![]() | 764 600 | 1 % | 724 900 | 1 % | |
![]() | 704 137 | 1 % | 680 956 | 1 % | |
![]() | 666 900 | 1 % | 660 000 | 1 % | |
![]() | 620 000 | 1 % | 620 000 | 1 % | |
![]() | 562 909 | 1 % | 519 463 | 1 % | |
![]() | 683 700 | 1 % | 500 000 | 1 % | |
Autres pays | 9 635 433 | 7 % | 9 577 651 | 6 % | |
Total | 95 619 561 | 100 % | 96 396 945 | 100 % |
Usage symbolique

Aux États-Unis, la pastèque est associée au racisme envers les noirs américains. Après la Guerre de Sécession, des cartes postales montrant des noirs américains se gorgeant de pastèques sont devenues extrêmement populaires. Une fois qu'ils sont devenus libres, de nombreux noirs ont en effet gagné leur vie en cultivant et en vendant des pastèques. Le fruit était donc un symbole de liberté.
« Comme les blancs du sud se sont sentis menacés par la libération des noirs, ils ont répondu en faisant de ce fruit un symbole de leurs stéréotypes sur la saleté, la paresse et la puérilité des noirs », explique William Black, doctorant en histoire à Rice University[9].

Le sénat de l’Oklahoma a voté une loi le déclarant la pastèque comme son légume officiel, parce que l’un de ses villages (Rush Springs) organise un festival de la pastèque chaque année. Bien que des sénateurs avouent que la pastèque soit définie comme fruit dans les dictionnaires, la loi est adoptée, puisque d’autres sénateurs raisonnent que la courge et le concombre sont cuisinés comme des légumes, alors ils ne font qu’élargir la définition en qualifiant la pastèque (membre de la même famille) en tant qu’un fruit[10],[11].
Utilisé dans le milieu du spectacle depuis le début des années 90, le terme « pastèque » désigne une tâche fastidieuse à accomplir.
La pastèque (melancia en portugais) est aussi le sobriquet donné au groupe politique portugais Coalition démocratique unitaire, qui réunit les communistes et les écologistes (vert dehors, rouge dedans).
Utilisations récréatives
Le ski en pastèques est une activité récréative proposée en Australie lors du Chinchilla Melon Festival[12],[13].
Voir aussi
Dans le calendrier républicain, la pastèque est le nom donné au 11e jour du mois de fructidor[14].
Notes et références
- (en) Guillaume Chomicki et Susanne S. Renner, « Watermelon origin solved with molecular phylogenetics including Linnaean material: another example of museomics », New Phytologist, vol. 205, , p. 526–532 (ISSN 1469-8137, DOI 10.1111/nph.13163, lire en ligne, consulté le 13 mai 2016)
- Michel Pitrat, Claude Faury, Histoires de légumes, INRA Editions, (ISBN 2-7380-1066-0), p. 293-309.
- « PASTÈQUE », sur herbier-guyane.ird.fr (consulté le 27 août 2019)
- « Pastèque, pulpe, crue », sur ciqual.anses.fr (consulté le 27 août 2019)
- (en) Square fruit stuns Japanese shoppers sur BBC News, 15 juin 2001
- (en-US) « Cube watermelon shipments begin in Kagawa », The Japan Times Online, (ISSN 0447-5763, lire en ligne, consulté le 30 mars 2017)
- (es) “EVALUACIÓN COMPARATIVA EN CULTIVO DE SANDÍA TRIPLOIDE CV. FASHION DE DOS POLINIZADORES, POLINIZADOR CONVENCIONAL CV. JENNY Y DESECHABLE SP4”
- « Qu’est-ce que la méréville ? (citre, gigérine, pastèque blanche, pastèque à confiture,…) », sur Jujube en cuisine, (consulté le 27 juin 2019)
- Pourquoi la pastèque est un symbole raciste aux Etats-Unis ? Slate.fr - 09.12.2014
- « Oklahoma Declares Watermelon Its State Vegetable »
- « Fruit or Vegetable? »
- « Le ski en pastèques, une nouvelle discipline créée en Australie », sur la1ere.francetvinfo.fr, (consulté le 28 août 2019)
- « MELON EVENTS », sur melonfest.com.au (consulté le 28 août 2019)
- Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 30.
Liens externes
- Chomicki, G., & Renner, S. S. (2015). Watermelon origin solved with molecular phylogenetics including Linnaean material: another example of museomics. New Phytologist, 205(2), 526-532. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/nph.13163/full
- (en) Référence JSTOR Plants : Citrullus lanatus (consulté le )
- (fr) Référence Belles fleurs de France : Citrullus lanatus (consulté le )
- (fr) Référence Catalogue of Life : Citrullus lanatus (Thunb.) Matsumura & Nakai (consulté le )
- (en) Référence Flora of China : Citrullus lanatus (consulté le )
- (en) Référence Madagascar Catalogue : Citrullus lanatus (consulté le )
- (en) Référence Flora of Pakistan : Citrullus lanatus (consulté le )
- (en) Référence FloraBase (Australie-Occidentale) : classification Citrullus lanatus (+ photos + distribution + description) (consulté le )
- (en) Référence GRIN : espèce Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai (consulté le )
- Référence INPN : Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai, 1916 (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Citrullus lanatus (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai (Source: KewGarden WCSP) (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Citrullus lanatus (Thunb.) Matsum. & Nakai (+ liste sous-taxons) (consulté le )
- (en) Référence uBio : Citrullus lanatus Thunb. (consulté le )
- Portail des plantes utiles