Région administrative du Québec
Une région administrative, au Québec, est la première division du territoire après celle de l'État. Le Québec est divisé en 17 régions administratives. Comme leur nom l'indique, il s'agit de divisions administratives et non politiques.
Il n'existe pas d'instance politique élective responsable de gérer une région et celles-ci ne bénéficient pas de la personnalité morale. Cependant, un ministre responsable, appelé à traiter des enjeux locaux avec le gouvernement provincial ou au nom de ce dernier auprès de la population, est nommé pour chaque région.
Les régions servent à organiser les services gouvernementaux et le développement du territoire en fonction des particularités régionales. Elles jouent également un rôle identitaire important, les réalités socio-économiques et historiques variant parfois beaucoup en raison de la superficie et de la densité démographique du Québec.
Les dix premières régions sont créées le , puis une réorganisation est faite le .
Histoire
Les plus anciennes divisions régionales sur le territoire qui constitue aujourd'hui le Québec remontent à la colonie française du Canada, au XVIIe siècle. Elles sont alors au nombre de trois : le gouvernement de Québec, le gouvernement de Montréal et le gouvernement des Trois-Rivières. À la Conquête ces trois régions existent encore jusqu'à la fin de la guerre en 1763. Les Britanniques divisent ensuite le territoire en deux districts, ceux de Québec et de Montréal. La carte Canada-East de Mitchell en 1850 fait plutôt état de quatre districts : le district de Trois-Rivières (« Three Rivers ») a été recréé, alors que le district Bonaventure est constitué de portions des actuelles régions 01 et 11 et du Nouveau-Brunswick. Les réformes de 1966 et 1981 comptent 10 régions. Les frontières actuelles sont mises en place en 1987 avec 16 régions, sauf la création de la région 17 dix ans plus tard.
Districts provinciaux
Avant 1966, les régions étaient nommées « districts »[1].
Conférences régionales des élus
Entre 2003 et 2016, chaque région a possédé une conférence régionale des élus (CRE), à l'exception de la Montérégie et du Nord-du-Québec qui en ont possédé plusieurs. Une CRE était composée de personnes nommées par le gouvernement du Québec et par des élus municipaux de la région. Son mandat était de conseiller le gouvernement et de superviser à l'échelle régionale les politiques adoptées par les municipalités régionales de comté. Un droit de regard et de surveillance appartient alors, de manière égale, à toutes autres municipalités de la région ou CRE, sur le territoire de l'une d'elles, dans les affaires relevant des compétences régionales[Quoi ?]. Ce système est disparu avec le projet de loi no 28, adopté le [2]. Le processus d'abolition est achevé le .
Régions administratives
Liste des régions administratives
Chaque région administrative possède un code numérique, en plus de son nom. Elle regroupe un ou plusieurs paliers supra-locaux : soit une municipalité régionale de comté ou un territoire qui lui est équivalent (dont certaines agglomérations urbaines). Il n'existe plus de siège régional depuis l'abolition du système de conférence régionale des élus, mais la ville la plus populeuse est ici mentionnée.
Nom | Code | Subdivisions | Population (2015) | Population (2013) | Superficie (km²) | Densité (hab./km²) | Plus grande ville | Ministre responsable | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Bas-Saint-Laurent | 01 |
|
199 557 | 201 091 | 22 405 | 8,9 | Rimouski | Marie-Eve Proulx | ||
Saguenay–Lac-Saint-Jean | 02 |
|
277 209 | 278 069 | 104 035 | 2,7 | Saguenay | Andrée Laforest | ||
Capitale-Nationale | 03 |
|
737 455 | 725 095 | 19 286 | 37,5 | Québec | Geneviève Guilbault | ||
Mauricie | 04 |
|
266 907 | 266 542 | 39 748 | 6,7 | Trois-Rivières | Jean Boulet | ||
Estrie | 05 |
|
322 099 | 318 350 | 10 187 | 31,3 | Sherbrooke | François Bonnardel | ||
Montréal | 06 |
|
1 999 795 | 1 959 987 | 504 | 3 888,9 | Montréal | Chantal Rouleau | ||
Outaouais | 07 |
|
385 579 | 381 200 | 32 841 | 11,6 | Gatineau | Mathieu Lacombe | ||
Abitibi-Témiscamingue | 08 |
|
147 700 | 147 931 | 64 700 | 2,3 | Rouyn-Noranda | Pierre Dufour | ||
Côte-Nord | 09 |
|
93 932 | 95 552 | 300 281 | 0,3 | Sept-Îles | Jonatan Julien | ||
Nord-du-Québec | 10 |
|
44 769 | 43 999 | 718 229 | 0,1 | Chibougamau | Pierre Dufour | ||
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine | 11 |
|
91 786 | 93 284 | 20 937 | 4,5 | Gaspé | Marie-Eve Proulx | ||
Chaudière-Appalaches | 12 |
|
421 832 | 418 704 | 15 128 | 27,7 | Lévis | Marie-Eve Proulx | ||
Laval | 13 |
|
425 225 | 417 304 | 245 | 1 703,3 | Laval | Eric Girard | ||
Lanaudière | 14 |
|
496 086 | 488 927 | 13 528 | 36,1 | Terrebonne | Pierre Fitzgibbon | ||
Laurentides | 15 |
|
592 683 | 580 966 | 21 563 | 26,9 | Saint-Jérôme | Sylvie D'Amours | ||
Montérégie | 16 |
|
1 520 094 | 1 499 088 | 11 114 | 134,9 | Longueuil | Christian Dubé | ||
Centre-du-Québec | 17 |
|
240 872 | 239 245 | 6 926 | 34,5 | Drummondville | André Lamontagne | ||
Source: Affaires municipales, Régions et Occupation du territoire du Québec
Liste des anciennes régions administratives

- Bas-Saint-Laurent–Gaspésie (1966-1987) : Dissoute le 22 décembre 1987, elle était composée des actuelles régions administratives du Bas-Saint-Laurent et d'une partie de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
- Cantons-de-l'Est (1966-1981) : En 1981, elle est devenue principalement la région administrative de l'Estrie. Les anciens cantons d'Arthabaska, Brome, Compton, Drummond, Frontenac, Mégantic, Missisquoi, Shefford, Stanstead et Wolfe furent intégrés dans d'autres régions administratives : Montréal (06) (aujourd'hui Montérégie (16)), Trois-Rivières (04) (aujourd'hui Centre (17)), et Québec (03) (aujourd'hui Chaudière-Appalaches (12)). D'autres portions des Cantons-de-l'Est avaient été redistribuées un siècle plus tôt[3].
- Mauricie–Bois-Francs (1987-1997) : Avant le 22 décembre 1987, elle était la région administrative de Trois-Rivières. Dissoute le 30 juillet 1997, elle était composée des actuelles régions administratives de la Mauricie (04) et du Centre-du-Québec (17).
- Montréal-Laval-Lanaudière-Laurentides-Montérégie (1966-1987) : Cette région administrative qui portait le numéro 06 a été subdivisée en cinq régions administratives : Montréal (06), Laval (13), Lanaudière (14), Montérégie (16) et la moitié sud-est de Laurentides (15).
- Nord-Ouest (1966-1981) : En 1981, elle est devenue la région administrative de l'Abitibi-Témiscamingue.
- Nouveau-Québec (1966-1987) : Le 22 décembre 1987, elle est devenue la région administrative du Nord-du-Québec.
- Québec : Le 15 décembre 1999, elle est devenue la région administrative de la Capitale-Nationale (sans changer de frontières).
- Trois-Rivières (1966-1987) : Le 22 décembre 1987, elle est devenue la région administrative de Mauricie–Bois-Francs.
- Saguenay-Lac-St-Jean-Chibougamau (?-1987) : La région 02 a été amputée de sa portion nord-ouest selon la ligne de partage des eaux du St-Laurent tout en changeant de nom. Le reste a été transféré à la région Nord (10)[4].
Autres changements :
- Outaouais (07) était anciennement une région de forme ronde. Son nord-est est devenu la moitié nord-ouest de Laurentides (15) à la formation de cette dernière en 1987.
- Abitibi-Témiscamingue (09) s'étendait plus au nord jusqu'en 1966 ou 1981 (?) puis presque jusqu'à la Baie-James jusqu'en 1987, quand la moitié nord de la région (donc une partie importante de l'Abitibi) a été réassignée à la région Nord-du-Québec. La nouvelle frontière nord est tellement au sud que des villages fondés comme faisant partie de l'Abitibi durant la crise économique des années 1930 n'en font désormais plus partie. Notamment, le célèbre roman Les Filles de Caleb 2 se passait de part et d'autre de la frontière de 1987, dont une bonne partie à Villebois (Jamésie).
- La sous-région Chibougamau faisait partie de l'Abitibi jusqu'à son transfert à la région 02 en 1966 ou 1981 (?), puis à la région 10 en 1987.
La société Brault et Bouthillier a publié la carte des 10 régions administratives du Québec de la réforme de 1981, généralement pour usage dans les classes d'écoles primaires.
Incertitudes frontalières
Quoique les frontières interrégionales sont toutes clairement définies, les frontières avec d'autres provinces le sont moins, et les trois principaux cas concernent chacun une seule région administrative. En particulier;
- La frontière terrestre de Côte-Nord/Labrador telle que définie en 1927 est contestée depuis 1927, ce qui fait une grosse différence de superficie de la Côte-Nord selon qu'on choisit la définition du gouvernement du Québec ou celle des autres (gouvernements du Canada et de Terre-Neuve-et-Labrador).
- La région Nord (10) ne possède pas les eaux de sa propre côte, contrairement à la coutume, ce qui rend la région Nord plus dépendante de décisions fédérales.
- La région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (01) n'a pas ce problème, mais sa frontière marine avec Terre-Neuve pourrait être contestée dans le futur : par exemple, au début des années 2010, on parlait de pétrole du Golfe qui serait le long de cette frontière (« gisement Old Harry », au large du village madelinot du même nom).
Notes et références
- Une source pour cette affirmation se retrouve ici : « Jacques Leclerc, Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d'expression française en Amérique du Nord (CEFAN), « (1) Informations préliminaires », sur L'aménagement linguistique dans le monde (consulté le 20 janvier 2020) », mais d'autres sources plus précises doivent être trouvées. Le lien suivant mentionne que durant le régime britannique (1763-1867), quatre districts existaient (Québec, Montréal, Trois-Rivières et Gaspé) « Gwenaël Cartier, « Québec 1608-2008 : 400 ans de statistiques démographiques tirées des recensements », Cahiers québécois de démographie, (ISSN 0380-1721, e-ISSN 1705-1495, lire en ligne, consulté le 20 janvier 2020) », mais au courant du XIXe ce sont les comtés qui sont devenus la principale subdivision administrative du Québec.
- http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=5&file=2015C8F.PDF.
- axl.cefan.ulaval.ca.
- Pierre Bérubé, L’organisation territoriale du Québec: dislocation ou restructuration ?: Urgence d'agir, Québec, Les Publications du Québec, , 172 p. (ISBN 2551155894).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Site du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Organisation du territoire du Québec (MAMROT)
- Portraits des régions
- Portail du Québec