Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
L’Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (en allemand : Christlich Demokratische Union Deutschlands, CDU) est un parti politique allemand, libéral-conservateur, fondé en 1945.
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (de) Christlich Demokratische Union Deutschlands | |
![]() Logotype officiel. | |
Présentation | |
---|---|
Présidente | Annegret Kramp-Karrenbauer |
Fondation | |
Siège | Konrad Adenauer-Haus Klingelhöferstraße 8 10785 Berlin |
Secrétaire général | Paul Ziemiak |
Vice-présidents | Julia Klöckner Volker Bouffier Silvia Breher Thomas Strobl Armin Laschet |
Trésorier fédéral | Philipp Murmann (en) |
Coordinateur fédéral | Klaus Schüler (de) |
Positionnement | Centre droit[1] |
Idéologie | Libéral-conservatisme[2] Démocratie chrétienne[3] |
Affiliation européenne | Parti populaire européen |
Affiliation internationale | Internationale démocrate centriste Union démocrate internationale |
Adhérents | 415 000 (janvier 2019)[4] |
Couleurs | Noir |
Site web | cdu.de |
Présidents de groupe | |
Bundestag | Ralph Brinkhaus |
Parlement européen | Manfred Weber (PPE) |
Représentation | |
Députés | 200 / 709 |
Sénateurs | 19 / 69 |
Députés européens | 23 / 96 |
Ministres-présidents | 6 / 16 |
Députés régionaux | 532 / 1 821 |
Se référant à la démocratie chrétienne européenne, la CDU est la principale force de centre droit en Allemagne. Elle n'est pas présente sur le territoire de l'État libre de Bavière, où la tendance démocrate-chrétienne est représentée par l'Union chrétienne-sociale (CSU). Au niveau fédéral, on parle donc de la CDU/CSU (en allemand : Unionsparteien).
Au pouvoir entre 1949 et 1969 avec Konrad Adenauer, Ludwig Erhard et Kurt Georg Kiesinger, de 1982 à 1998 avec Helmut Kohl et depuis 2005 avec Angela Merkel, la CDU détient le record de longévité à la direction du gouvernement fédéral. Elle gouverne actuellement les Länder de Hesse, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Sarre, Saxe, Saxe-Anhalt, Schleswig-Holstein et participe aux gouvernements de Bade-Wurtemberg avec Grünen, de Basse-Saxe et de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale avec le SPD.
Histoire
Fondation multiconfessionnelle
Fondée en 1945 à Berlin et en Rhénanie, à la suite de la chute du Troisième Reich, elle s'est organisée entre 1945 et 1949 dans les Länder des zones d'occupation occidentales. Elle s'est unie au niveau fédéral en 1950. Une partie importante de ses membres (Konrad Adenauer, entre autres) est originaire du Zentrum (« Parti du centre »), d'inspiration catholique, qui continue cependant d'exister. Toutefois, à la différence de celui-ci, elle réunit catholiques et protestants.
Le parti dominant de l'Allemagne fédérale
Préconisant une troisième voie entre capitalisme et socialisme inspirée de l'humanisme chrétien, la CDU/CSU remporte les élections fédérales du 14 août 1949 avec 31 %, soit deux points d'avance sur le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Konrad Adenauer, président de la CDU, forge alors une coalition de droite avec le Parti libéral-démocrate (FDP) et le Parti allemand (DP) majoritaire avec 208 députés sur 402. Le libéral Franz Blücher est vice-chancelier.
Les élections fédérales du 6 septembre 1953 marquent le triomphe des chrétiens-démocrates et les imposent comme principale force politique ouest-allemande. Adenauer élargit alors sa coalition au Bloc des réfugiés (BHE) et accroît son assise parlementaire. Candidat à un troisième mandat lors des élections fédérales du 15 septembre 1957, le chancelier sortant réalise une performance unique dans l'histoire de l'Allemagne fédérale, en remportant 50,2 % des suffrages. Le , le DP est absorbé et la CDU/CSU gouverne seule pendant un an. Aux élections fédérales du 17 septembre 1961, la configuration politique des vingt-cinq prochaines années se met en place : la CDU/CSU recule à 45 % des voix et fonde une « coalition noire-jaune » avec le FDP.
Adenauer contribue à la réinsertion de l'Allemagne sur la scène internationale et notamment européenne, en participant à la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier puis de la Communauté économique européenne. Il préside aussi au miracle économique des années 1950 et 1960.
De la grande coalition à l'opposition
Adenauer est contraint à la démission en 1963 et doit céder le pouvoir au ministre fédéral de l'Économie Ludwig Erhard. Vainqueur des élections fédérales du 19 septembre 1965, il reconduit la coalition avec le FDP. Celle-ci est rompue par les libéraux en , poussant les chrétiens-démocrates à s'associer avec le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD). Pour prendre la tête de cette « grande coalition », le groupe parlementaire investit le ministre-président du Bade-Wurtemberg Kurt Georg Kiesinger, au détriment de son président Rainer Barzel et du ministre fédéral des Affaires étrangères Gerhard Schröder.
Lors des élections fédérales du 28 septembre 1969, Kiesinger se présente à sa succession. Malgré un bon résultat de 46,1 % des voix, la CDU/CSU est renvoyée dans l'opposition par l'alliance formée entre le SPD et le FDP, appelée « coalition sociale-libérale ». En 1971, Barzel prend la présidence du parti et tente, en 1972, de renverser le gouvernement au moyen d'une motion de censure constructive. Son échec met en évidence la fragilité de la majorité au pouvoir. Le chancelier Willy Brandt organise la dissolution du Bundestag et triomphe aux élections fédérales anticipées du 19 novembre 1972, les sociaux-démocrates passant pour la première fois devant les chrétiens-démocrates.
Exemples d’affiches électorales
- Affiche de 1949.
- Affiche de 1953.
- Affiche de 1953.
- Affiche de 1961.
Ère Kohl
La double défaite de Rainer Barzel l'amène à démissionner de toutes ses fonctions. La présidence du groupe est reprise par Karl Carstens, tandis que le ministre-président de la Rhénanie-Palatinat Helmut Kohl est élu président de la CDU. Avec son secrétaire général Kurt Biedenkopf, il entame une profonde réorganisation du parti. Aux élections fédérales du 3 octobre 1976, la CDU réalise le meilleur score de son histoire, mais échoue à revenir au pouvoir du fait du maintien de la coalition SPD-FDP. Trois ans plus tard, Kohl promeut la candidature du nouveau ministre-président de la Basse-Saxe Ernst Albrecht à la chancellerie, mais le groupe parlementaire lui préfère le président de la CSU et ministre-président de la Bavière Franz Josef Strauss.
L'échec de ce dernier aux élections fédérales du 5 octobre 1980 conforte Kohl dans sa stratégie de ramener le parti libéral au centre droit et renforce sa domination sur le mouvement chrétien-démocrate. Sa tactique fonctionne et le , comme Barzel dix ans auparavant, il présente une motion de censure constructive, approuvée par le Bundestag.
La CDU infléchit alors sa politique dans un sens plus libéral, promouvant une « adaptation du modèle rhénan » à la nouvelle donne économique mondiale. Le chancelier Kohl bénéficie de l'aura que lui apporte la réunification, c’est-à-dire l'intégration de la République démocratique allemande dans le giron fédéral, à la suite de la chute du Mur de Berlin en 1989. Néanmoins, le gouvernement doit faire face au coût économique de la réunification et à la montée du chômage. La CDU fusionne en 1990 avec son équivalent est-allemand. En 1990 et 1994, la CDU remporte les élections législatives et Helmut Kohl demeure au poste de chancelier.
Du retour dans l'opposition à la première femme chancelière
Battue en 1998, elle retourne dans l'opposition. Elle accepte de soutenir le président de la CSU Edmund Stoiber pour la course à la chancellerie en 2002, mais il échoue de justesse : le SPD conserve le pouvoir grâce à son alliance avec le parti vert. Dès lors, la présidente de la CDU Angela Merkel conduit la campagne de 2005. Mais le tournant qu'elle préconise est jugé trop libéral par nombre de dirigeants du parti. La victoire qui s'annonçait triomphale est finalement plus limitée. La CDU et son alliée la CSU n'arrivent en tête que de justesse, et sont contraintes de conclure une seconde grande coalition avec le SPD pour gouverner et porter Angela Merkel à la chancellerie.
L'alliance va jusqu'au bout de la législature de quatre ans, puis, après les élections de 2009, cède la place à une coalition noire-jaune plus classique, toujours conduite par Merkel, secondée par le libéral Guido Westerwelle. Six mois après sa formation, la coalition perd les élections régionales de 2010 en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et sa majorité au Conseil fédéral. En 2011, Stefan Mappus, ministre-président du Bade-Wurtemberg, Land dirigé par la CDU depuis 1953, est battu par une coalition menée par l'écologiste Winfried Kretschmann.
Les élections fédérales de 2013 sont un succès pour le parti d'Angela Merkel, qui obtient 41,5 % des voix contre 25,7 % à son principal rival, le SPD. Bien que la CDU/CSU n'obtienne pas la majorité absolue de cinq sièges, elle est en position de force pour constituer le prochain gouvernement[5].
En 2016, les résultats des élections régionales de 2016 en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale sont très mauvais pour le parti qui est relégué en troisième position, son pire résultat en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale depuis la réunification[6]. Cette défaite du parti au pouvoir est analysée comme un rejet de la « politique d'immigration porte ouverte » d'Angela Merkel[7]. La contestation vis-à-vis de la politique migratoire grandit également au sein du parti à mesure que les contre-performances électorales se poursuivent[8].
La CDU se trouve fortement divisée début 2020 quant à l'attitude à adopter à l'égard de la formation d’extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AFD). En Thuringe, la branche régionale de la CDU s'allie à l'AFD afin de l'emporter face à la gauche, en dépit des directives de la direction nationale du parti, provoquant une controverse dans le pays. Alors qu'Angela Merkel qualifie d'« impardonnable » le comportement de la fédération locale, certains représentants de l'aile droite de la CDU se montrent tentés par une coopération avec l’extrême droite[9].
Dirigeants
Présidents du parti
Secrétaires généraux
Gouvernements fédéraux avec participation de la CDU
- 1re législature (1949-1953) : chancelier Konrad Adenauer
- 2e législature (1953-1957) : chancelier Konrad Adenauer
- 3e législature (1957-1961) : chancelier Konrad Adenauer
- 4e législature (1961-1965) : chancelier Konrad Adenauer (jusqu'au ), chancelier Ludwig Erhard (à partir du )
- 5e législature (1965-1969) : chancelier Ludwig Erhard (jusqu'au ), chancelier Kurt Georg Kiesinger (à partir du )
- 9e législature (1982-1983) : chancelier Helmut Kohl (à partir du )
- 10e législature (1983-1987) : chancelier Helmut Kohl
- 11e législature (1987-1990) : chancelier Helmut Kohl
- 12e législature (1990-1994) : chancelier Helmut Kohl
- 13e législature (1994-1998) : chancelier Helmut Kohl
- 16e législature (2005-2009) : chancelière Angela Merkel
- 17e législature (2009-2013) : chancelière Angela Merkel
- 18e législature (2013-2017) : chancelière Angela Merkel
- 19e législature (depuis 2017) : chancelière Angela Merkel
Commissaire européens issus de la CDU
- Walter Hallstein : Président (1958-1967)
- Fritz Hellwig : Vice-président, Recherche et énergie nucléaire (1967-1970)
- Karl-Heinz Narjes (de) : Marché intérieur, Industrie, Union douanière, Environnement, Protection du consommateur et Sécurité nucléaire (1981-1985), Vice-président, Politique industrielle, Recherche et Innovation (1985-1988)
- Günther Oettinger : Énergie (2010-2014), Économie et société numériques (depuis 2014)
Résultats électoraux
Bundestag
Année | Candidat chancelier | Voix | Mandats | Rang | Gouvernement |
---|---|---|---|---|---|
1949 | Konrad Adenauer | 25,2 % | 117 / 410 |
2e | Adenauer I |
1953 | 36,4 % | 191 / 487 |
1er | Adenauer II | |
1957 | 39,7 % | 215 / 497 |
1er | Adenauer III | |
1961 | 35,8 % | 192 / 496 |
2e | Adenauer IV (1961-1962) et V (1962-1963), Erhard I (1963-1965) | |
1965 | Ludwig Erhard | 38,0 % | 196 / 496 |
2e | Erhard II (1965-1966), Kiesinger (1966-1969) |
1969 | Kurt Georg Kiesinger | 36,6 % | 193 / 496 |
2e | Opposition |
1972 | Rainer Barzel | 35,2 % | 177 / 496 |
2e | Opposition |
1976 | Helmut Kohl | 38,0 % | 190 / 496 |
2e | Opposition |
1980 | Franz Josef Strauß | 34,2 % | 174 / 519 |
2e | Opposition (1980-1982), Kohl I (1982-1983) |
1983 | Helmut Kohl | 38,1 % | 191 / 520 |
2e | Kohl II |
1987 | 34,4 % | 174 / 519 |
2e | Kohl III | |
1990 | 36,7 % | 268 / 662 |
1er | Kohl IV | |
1994 | 34,2 % | 244 / 672 |
2e | Kohl V | |
1998 | 28,4 % | 198 / 669 |
2e | Opposition | |
2002 | Edmund Stoiber | 29,5 % | 190 / 603 |
2e | Opposition |
2005 | Angela Merkel | 27,8 % | 180 / 614 |
2e | Merkel I |
2009 | 27,3 % | 194 / 622 |
1er | Merkel II | |
2013 | 34,1 % | 255 / 631 |
1er | Merkel III | |
2017 | 26,8 % | 200 / 709 |
1er | Merkel IV |
Parlement européen
Ne sont pas ici pris en compte les résultats de la CSU.
Année | % | Sièges | Rang | Groupe | Tête de liste |
---|---|---|---|---|---|
1979 | 39,1 | 34 / 78 | 2e | PPE | |
1984 | 37,5 | 34 / 78 | 1er | PPE | |
1989 | 29,5 | 24 / 78 | 2e | PPE | |
1994 | 32,0 | 39 / 99 | 2e | PPE-DE | |
1999 | 39,3 | 43 / 99 | 1er | PPE-DE | |
2004 | 36,5 | 40 / 99 | 1er | PPE-DE | |
2009 | 30,7 | 34 / 99 | 1er | PPE | Hans-Gert Pöttering |
2014 | 30,0 | 29 / 96 | 1er | PPE | David McAllister |
2019 | 22,6 | 23 / 96 | 1er | PPE | Manfred Weber |
Parlements régionaux
Notes
- Henrik Uterwedde, « Les programmes de la CDU et du SPD : convergences de fond », Regards sur l'économie allemande. Bulletin économique du CIRAC, no 84, , p. 5–12 (ISSN 1156-8992, DOI 10.4000/rea.529, lire en ligne, consulté le 16 novembre 2019).
- (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe », sur parties-and-elections.eu (consulté le 10 juillet 2015).
- Jean-Louis Georget, « La démocratie-chrétienne au lendemain de son triomphe : les ambiguïtés d’une incontestable victoire », Allemagne d'aujourd'hui, vol. 206, no 4, , p. 88 (ISSN 0002-5712 et 2551-9409, DOI 10.3917/all.206.0088, lire en ligne, consulté le 16 novembre 2019).
- (de) « „Wahnsinnige Mobilisierung“: Grüne knacken 80.000-Mitglieder-Marke », sur welt.de, (consulté le 16 novembre 2019).
- Nicolas Barotte, « Angela Merkel en quête d'une coalition », Le Figaro, , p. 6.
- « Allemagne : le parti d'Angela Merkel vaincu par les populistes », sur lefigaro.fr, .
- (en) « German voters are rejecting open-door immigration policies. When will Angela Merkel start listening? », sur telegraph.co.uk, .
- Nicolas Barotte, « Migrants : Merkel face à la défiance des électeurs allemands », sur Le Figaro, (consulté le 16 novembre 2019).
- « Le parti de Merkel dans la tourmente face à l'extrême droite », sur Orange Actualités,
Voir aussi
Articles connexes
- Politique en Allemagne
- Frauen Union
- Junge Union
- Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (RDA), parti du même nom créé en Allemagne de l'Est pour y entretenir une apparence de vie démocratique
- Catégorie:Personnalité de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
Lien externe
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