Albert Ier (prince de Monaco)
Albert Ier, surnommé « le Prince savant » ou « le Prince navigateur » (Paris, – id., ), fut prince souverain de la principauté de Monaco du au . Ce prince aux multiples facettes est une figure emblématique qui par son humanisme, son mécénat, sa curiosité scientifique et sa prise de conscience pionnière des enjeux environnementaux, a fortement contribué au rayonnement de son pays.
Albert Ier | |
![]() Le prince Albert Ier de Monaco vers 1910. | |
Titre | |
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Prince de Monaco | |
– (32 ans, 9 mois et 16 jours) |
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Ministre d'État | Émile Flach Georges Jaloustre (intérim) Raymond Le Bourdon |
Prédécesseur | Charles III |
Successeur | Louis II |
Prince héréditaire de Monaco | |
– (33 ans, 2 mois et 21 jours) |
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Monarque | Charles III |
Prédécesseur | Charles, prince héréditaire, duc de Valentinois |
Successeur | Louis, prince héréditaire |
Biographie | |
Hymne royal | Hymne monégasque |
Dynastie | Maison Grimaldi |
Nom de naissance | Albert Honoré Charles Grimaldi |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Paris (France) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Paris (France) |
Père | Charles III |
Mère | Antoinette de Mérode-Westerloo |
Conjoint | Mary Victoria Hamilton (1869-1880), Alice Heine, duchesse de Richelieu (1889-1922) |
Enfants | Louis II ![]() |
Héritier | Louis, prince héréditaire |
Résidence | Palais de Monaco |
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Princes de Monaco | |
Vie et œuvre


Né Albert Honoré Charles Grimaldi, Albert Ier est le fils de Charles III (1818-1889) et de la comtesse belge Antoinette de Merode-Westerloo (1828-1864).
Formation
Il étudie au collège Stanislas de Paris puis, après le décès de sa mère, la princesse Antoinette de Merode, suit, de 1864 à 1865, les cours du Petit Séminaire de La Chapelle-Saint-Mesmin dirigé alors par Mgr Félix Dupanloup[1]. De 1865 à 1868, il effectue son service militaire dans la marine de guerre espagnole. Deux ans plus tard, il prend part à la guerre franco-prussienne de 1870 comme lieutenant de vaisseau dans la marine de guerre française. Il est décoré de la Légion d'honneur.
Mariages
Par l’entremise de l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III), il épouse en 1869 au château de Marchais Mary Victoria Hamilton (des ducs d'Hamilton), petite-fille de la grande-duchesse de Bade Stéphanie de Beauharnais et cousine de l’empereur Napoléon III,
Ils ont un fils unique, le prince Louis, né le , dont son père ne fait la connaissance qu'en 1880, lorsque la princesse demande le divorce qu'elle obtient la même année.
Albert Ier se remarie civilement le avec Alice Heine, duchesse douairière de Richelieu, dont il n'a pas d'enfant, à la Légation de Monaco à Paris et à la Mairie du VIIIe arrondissement. Le , mariage religieux en la chapelle de la Nonciature.
Océanographie, paléontologie, géographie
Il fait plusieurs séjours dans le Carladès dont il est comte titulaire héréditaire, adhère à la Société de la Haute-Auvergne, fait faire des recherches dans les archives de la principauté qu'il fait inventorier et classer, puis fait publier les Documents relatifs à la vicomté de Carlat[2]
En , il visite la frégate cuirassée Normandie dans le port de Cherbourg. C'est l'éveil d'une vocation. En 1870, il est âgé de 22 ans lorsqu'il se passionne pour l'exploration océanographique. Il achète en Angleterre une goélette, et change son nom de Pleiad en celui d'Hirondelle. Il organise de nombreuses expéditions scientifiques océanographiques et cartographiques, accompagné par de nombreux scientifiques dans des navires construits et entièrement dédiés à cette recherche (l’Hirondelle, la Princesse Alice équipés de laboratoires avec des tables anti-roulis). Il découvre à cette occasion de nouvelles espèces, dont le poisson de grande profondeur Grimuldichtys profondissimus nommé ainsi en hommage aux Grimaldi[3]. Il fait construire en 1906 l'Institut océanographique de Paris, à côté de l'Institut de géographie, rue Saint-Jacques.
En 1889, il fonde l'Institut océanographique de Monaco et fait construire le Musée océanographique de Monaco entièrement consacré à la mer, avec musée, laboratoires, collections de pièces rapportées de ses explorations, aquariums de faune et de flore des fonds sous marin de la Méditerranée, librairie scientifique, archives…
Le « Prince savant » déclare lors de l'inauguration :
- « Ici, messieurs, vous le voyez, la terre monégasque a fait surgir un temple fier et inviolable dédié à la divinité nouvelle qui règne sur les intelligences. »
Il participe entre autres, à l'exploration du Svalbard dont il rédige une cartographie très précise au début des années 1900. Certaines de ces cartes sont encore utilisées à défaut d'en avoir édité de plus récentes.
Il s'intéresse également aux origines de l'humanité. Il fait opérer plusieurs campagnes de fouilles archéologiques dont, en particulier, celle des Grottes de Grimaldi[4] entre 1895 et 1904. Les pièces mises au jour lors de ces fouilles ont rejoint les collections du Musée d'anthropologie préhistorique de Monaco fondé par le Prince. Afin de pérenniser les études préhistoriques, Albert Ier fonde en 1910 à Paris l'Institut de paléontologie humaine.
En 1907, il est l'un des membres fondateurs de la Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle, à l'établissement de laquelle il participe moralement et financièrement[5].
Il est membre de la Société de géographie et de la British Academy en 1909 dont il est décoré de la médaille d'or pour ses nombreuses contributions scientifiques.
À l'inverse de la vaccination, les scientifiques de son équipe découvrent, en 1902, l'anaphylaxie (une forme très brutale d'allergie).
- Le prince Albert Ier de Monaco à bord de la Princesse Alice avec un cétacé dépecé.
- Maquette de l'Hirondelle II.
- Albert Ier de Monaco agrippé aux haubans du navire. Détail de la fresque du grand Amphithéâtre « le Pont de la Princesse Alice » par L.Tinayre et
Alexandre Jean-Baptiste Brun.
Pacifisme
Après son héroïsme militaire de la guerre franco-prussienne de 1870, Albert devient un prince pacifiste. En 1902, Monaco est le siège du XIe Congrès international de la paix et le prince fonde en 1903 l'Institut international de la paix à Monaco dans le but d'arbitrer des conflits de la planète, l’abbé Pichot en est le vice-président.
. Il tente par ce biais de dissuader le Kaiser Guillaume II d'Allemagne de déclarer la Première Guerre mondiale[6].
Lorsque la guerre est déclarée, il déclare la neutralité de Monaco et n'intervient que pour l'assistance médicale neutre aux blessés et aux malades.
Fondations Albert-Ier

En 1906, après des années de recherches et d'expéditions océanographiques, alors âgé de 58 ans, il crée la Fondation Albert Ier, connue sous le nom d'Institut océanographique, rue Saint-Jacques à Paris en France, reconnue d'utilité publique, afin que son œuvre scientifique soit poursuivie et fait don du Musée océanographique de Monaco à sa fondation.
En 1910, il crée une seconde Fondation Albert Ier, à Paris, qui abrite l'Institut de paléontologie humaine reconnue d'utilité publique dont l'objet est « le progrès de la Science sur toutes les questions relatives à l'origine et à l'histoire de l'homme fossile ». Il s'agit du premier centre de recherche au monde entièrement consacré à l'étude de l'homme fossile, constituant une étape essentielle dans le processus d'institutionnalisation de cette discipline.
Constitution monégasque du 5 janvier 1911
En 1910, une période de confrontations s'ouvre entre le peuple monégasque et son prince souverain, Albert Ier[7]. Elle conduit à la disparition de la monarchie absolue et à la promulgation de la première Constitution de Monaco le .
Autres activités
Le prince contribue au rayonnement de la Principauté par une participation active aux événements internationaux. Lors de l'Exposition universelle de Paris (-), en 1889, près de la moitié du Pavillon de Monaco, situé à proximité de la tour Eiffel, est réservé aux engins utilisés par le Prince Albert pendant ses campagnes océanographiques et aux résultats de ses travaux scientifiques[réf. nécessaire].
Affaire Dreyfus
Dans sa correspondance avec son amie Flora Singer, salonnière parisienne, le prince Albert affiche dès le début de l'affaire des sympathies dreyfusardes. En février 1898, il réagit au ''J'accuse'' de Zola en écrivant à ce dernier : « Votre déclaration contient les plus beaux sentiments qu'une âme puisse exprimer, elle honore l'humanité, elle ajoute un rayon à la gloire de la France [...] ». Le 3 juillet 1899, il fait publier dans Le Figaro une lettre à Mme Dreyfus et écrit au capitaine. Cette prise de position publique suscite des réactions passionnées dans les deux camps[8].
Sports
Le prince Albert Ier se passionne pour les nouveautés, en particulier dans le domaine sportif. En 1894, il accomplit le parcours de Paris au château de Marchais en tandem. De 1902 à 1906, il effectue plusieurs randonnées avec l'autocyclette Clément ou la motocyclette Beeston Humber. En 1904, a lieu le premier Meeting international de canots automobiles, « Exposition et concours de canots automobiles » (2e course après une première épreuve « Paris à la mer » courue sur la Seine en 1903), à l’initiative de Camille Blanc, de Georges Prade (rédacteur en chef de la Vie au Grand Air) et du Prince Albert Ier
Rallye de Monte-Carlo
En 1911, il crée le Rallye automobile Monte-Carlo, remporté cette année-là par le Français Henri Rougier.
Urbanisme
Le prince Albert Ier contribue à l'aménagement et à l'embellissement de la principauté par de nombreux travaux d'urbanisme- jardins Saint-Martin et jardins de Monte-Carlo, aménagement du port, nouvel hôpital de Monaco en 1902 et inauguration, le , du Lycée de Monaco.
Philatélie
Il a constitué la collection philatélique qui, enrichie des acquisitions de son fils Louis II, permet la création d'un Musée des timbres et des monnaies par son arrière-petit-fils Rainier III en 1950.
Livre de mémoires
Son livre, La carrière d'un navigateur, a été publié en édition bibliophilique par l'Imprimerie nationale de Monaco en 1951, illustré de lithographies originales de Luis Vidal Molné.
Disparition et postérité
Albert Ier de Monaco meurt en 1922 à Paris, à l'âge de 73 ans. Son fils Louis II lui succède. Les îles du Prince-de-Monaco (Kerguelen) ou le cap Albert-de-Monaco (Antarctique) sont nommés en hommage à son œuvre exploratrice scientifique. En 1932, Paris donne son nom à l'avenue Albert-Ier-de-Monaco, située près du palais de Chaillot.
Son arrière-arrière-petit-fils, le prince Albert II, ambitionne de poursuivre l’œuvre de son aïeul avec sa fondation Prince-Albert-II-de-Monaco créée en 2006. Le , il installe le Comité de commémoration Albert Ier-2022, chargé d'organiser et de coordonner les manifestations célébrant l'oeuvre d'Albert Ier, à l'occasion du centenaire de sa disparition.
Généalogie
16. Honoré Camille Léonor Grimaldi dit « Honoré III de Monaco » (10/11/1720 à Paris – 21/03/1795 à Paris), prince de Monaco | ||||||||||||||||
8. Honoré Charles Anne Marie Maurice Grimaldi dit « Honoré IV de Monaco » (17/05/1758 à Monaco – 16/02/1819 à Paris), prince de Monaco | ||||||||||||||||
17. Marìa Caterina Brignole-Sale dite « Marie-Catherine Brignole-Sale » (07/10/1737 à Gênes – 28/03/1813 à Wimbledon) | ||||||||||||||||
4. Tancrède Florestan Roger Louis Grimaldi dit « Florestan Ier de Monaco » (10/10/1785 à Paris – 20/06/1856 à Paris), prince de Monaco | ||||||||||||||||
18. Louis Marie Guy d'Aumont de Rochebaron (05/08/1732-20/10/1799 à Guiscard), duc d'Aumont et de Mazarin | ||||||||||||||||
9. Louise Félicité Victoire d'Aumont (22/10/1759 à Paris – 13/01/1826 à Paris), duchesse de Mazarin, de La Meilleraye et de Mayenne, dame de Rethelois | ||||||||||||||||
19. Louise Jeanne de Durfort (????-1781), duchesse de Mazarin | ||||||||||||||||
2. Charles Honoré Grimaldi dit « Charles III de Monaco » (08/12/1818 à Paris – 10/09/1889 à Marchais), prince de Monaco | ||||||||||||||||
20. Thomas Gibert | ||||||||||||||||
10. Charles Thomas Gibert de Lametz, homme de loi | ||||||||||||||||
21. Françoise Moret | ||||||||||||||||
5. » Caroline » Marie Louise Charlotte Gabrielle Gibert de Lametz (18/07/1793 à Coulommiers – 25/11/1879 à Monaco), danseuse, actrice | ||||||||||||||||
22. François Louis Michel Le Gras de Vaubercey | ||||||||||||||||
11. Marie-Françoise Henriette Le Gras de Vaubercey (1766-1842) | ||||||||||||||||
23. Gabrielle Françoise des Courtils | ||||||||||||||||
1. Albert Honoré Charles Grimaldi dit « Albert Ier de Monaco » (13/11/1848 à Paris – 26/06/1922 à Paris), prince de Monaco | ||||||||||||||||
24. Philippe Maximilien de Mérode-Westerloo, marquis de Westerloo | ||||||||||||||||
12. Guillaume Charles Ghislain de Mérode-Westerloo (16/09/1762 à Bruxelles – 18/02/1830 à Bruxelles), comte de Mérode-Westerloo | ||||||||||||||||
25. Marie Catherine de Mérode-Rubempré | ||||||||||||||||
6. Werner Jean-Baptiste Ghislain de Mérode-Westerloo (24/01/1797 à Brunswick – 02/08/1840 à Everberg), comte de Mérode-Westerloo | ||||||||||||||||
26. Othon Henri d'Ongnies | ||||||||||||||||
13. Marie Joséphine d'Ongnies de Mastaing, princesse de Grimberghe | ||||||||||||||||
27. Marie Philippine Hyacinthe de Mérode | ||||||||||||||||
3. Antoinette Ghislaine de Mérode-Westerloo (28/09/1828 à Bruxelles – 10/02/1864 à Monaco), comtesse de Mérode-Westerloo | ||||||||||||||||
28. Charles François de Spangen d'Uyternesse | ||||||||||||||||
14. François Louis de Spangen d'Uyternesse, comte de Spangen d'Uyternesse | ||||||||||||||||
29. Marie-Anne de Drumez | ||||||||||||||||
7. Victoire de Spangen d'Uyternesse (1797-1845), comtesse de Spangen d'Uyternesse | ||||||||||||||||
30. Jacques Albert de Flaveau de Henry de La Raudière, baron de Loverval | ||||||||||||||||
15. Louise Xavière de Flaveau de Henry de La Raudière | ||||||||||||||||
31. Ernestine Henriette de Cassal de Ny | ||||||||||||||||
Titulature
- — : Son Altesse Sérénissime le prince Albert-Honoré-Charles de Monaco (naissance) ;
- — : Son Altesse Sérénissime le prince héréditaire de Monaco ;
- — : Son Altesse Sérénissime le prince souverain de Monaco.
Notes et références
- Histoire du Petit Séminaire de La Chapelle Saint-Mesmin d'Émile Huet, Editeur : Paul Pigelet & Fils, Orléans, 1913
- Documents relatifs à la vicomté de Carlat, recueilis et publiés par ordre de S.A.S. le Prince Albert Ier par Gustave Saige et le Comte de Dienne, 1900, Monaco (réédition Aurillac, 2007, 2 in-8°).
- Jean-Joël Brégeon, Les Grimaldi de Monaco, Critérion, , p. 243
- Voir sur sites.google.com/site/histoireprehistoire.
- Yves Laissus, « Cent ans d'histoire », 1907-2007 - Les Amis du Muséum, spécial centenaire, septembre 2007, supplément de la Publication trimestrielle « Les Amis du Muséum national d'histoire naturelle » n° 230 de juin 2007, ISSN 1161-9104
- François de Bernardy, Histoire des princes de Monaco : de Rainier Ier à Rainier III, Plon, , p. 303
- « La constitution a 100 ans », Monaco Hebdo, (lire en ligne)
- Sur son engagement dans l'affaire Dreyfus, voir sa notice du Dictionnaire biographique et géographique de l'affaire Dreyfus {https://dicoaffairedreyfus.com/index.php/2020/01/10/albert-1er-de-monaco/}.
Voir aussi
Bibliographie
- Roger Klotz-Villard, « Le prince Albert de Monaco et l'affaire Dreyfus », dans Recherches régionales, no 145, juillet-septembre 1998, p. 63-65 (lire en ligne)
Articles connexes
- Famille Grimaldi
- Familles subsistantes de la noblesse française
- Armorial des Grimaldi
- Armoiries de Monaco
- Liste des souverains de Monaco
- Histoire de Monaco
- Monaco
- Fondation Albert Ier
- Îles du Prince-de-Monaco
- Cap Albert-de-Monaco
- Musée océanographique de Monaco
- Institut de paléontologie humaine
- Institut océanographique de Paris
Liens externes
- (fr)(en)(it) Site officiel du Musée océanographique de Monaco
- (fr)(en) Site officiel de l'Institut de paléontologie humaine
- (fr)(en) Site officiel du Musée d'anthropologie préhistorique de Monaco
- Statuts de l'Institut International de la Paix
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