Aymar Taillefer

Aymar Taillefer (vers 1160Limoges, le [1]), fut comte d'Angoulême vers 1186 et comte de la Marche en 1200, jusqu'à sa mort en 1202.

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Aymar Taillefer
Titre de noblesse
Comte
Biographie
Naissance
Vers
Décès
Activité
Aristocrate
Père
Mère
Margaret de Turenne (d)
Fratrie
Vulgrin III d'Angoulême (en)
Guillaume VII d'Angoulême
Conjointe
Enfant

Famille

Son nom latin était Ademarus.Troisième fils de Guillaume VI Taillefer, comte d'Angoulême, et de Marguerite de Turenne, il était le frère cadet de Vulgrin [III] d’Angoulême († av. ) et de Guillaume VII Taillefer, et l'aîné de Griset († ~1179/1192), Foulques († ~1171/1180) et Almodis (°1151/1152-† ?)[2].

Biographie

La lutte contre Richard Coeur de Lion

Vulgrin III, le fils aîné de Guillaume VI, mourut en 1181 laissant comme seule héritière une fille unique, Mathilde, que ses oncles, Guillaume et Aymar, exclurent de la succession. Guillaume devint donc le nouveau comte d'Angoulême sous le nom de Guillaume VII mais les deux frères entrèrent en conflit avec Richard Cœur de Lion, duc d'Aquitaine, et donc leur seigneur suzerain. Ce dernier revendiqua la tutelle de la jeune Mathilde et donc le pouvoir de disposer d'Angoulême. Aymar et son frère firent valoir leurs propres droits héréditaires mais durent fuir chez leur demi-frère, Adémar V de Limoges. Après la mort de Guillaume VII, survenue en 1186, Aymar se révolta avec Geoffroy de Lusignan et Geoffroy II de Rancon contre le Cœur de Lion, qui prit cependant rapidement le dessus avec la conquête de Taillebourg. La soumission des rebelles fut largement facilitée par la proposition de participer à la troisième croisade en échange de l'abandon des poursuites pénales [1].

La capture de Richard Cœur de Lion en Allemagne en 1192 allait favoriser la situation des nobles aquitains et Aymar put alors prendre le pouvoir à Angoulême. Avec l'approbation du roi Philippe II Auguste, il commence à ravager le Poitou en 1193. En 1194, Richard fut libéré et vainquit le roi de France à la bataille de Fréteval. Lors de l'armistice négocié en juillet 1194 près de Tillières entre les rois de France et d'Angleterre, Aymar et ses compagnons furent contraints de se soumettre à Richard, qui put entrer sans entrave à Angoulême. Mais la paix ne dura pas et bientôt, Aymar et son demi-frère Adémar V de Limoges s'associèrent à nouveau avec Philippe-Auguste. Après la défaite de ce dernier lors de la bataille de Gisors en 1198, les deux comtes se retrouvèrent seuls face à un roi d'Angleterre apparemment invincible. Après sa victoire, le roi retourna en Aquitaine avec l'intention de soumettre le vice-comte de Limoges et assiégea son château de Châlus. Il y fut grièvement blessé en avril 1199 et mourut de façon totalement inattendue. Aymar et Adémar de Limoges saisirent immédiatement l'occasion pour déclarer leur loyauté au roi Philippe-Auguste au cours du même mois mais Adémar de Limoges mourut quelques mois plus tard, peut-être assassiné par Philippe de Cognac, enfant naturel du défunt roi d'Angleterre.

Le conflit avec les Lusignan

Aymar entra en confli avec la maison de Lusignan au sujet du comté de La Marche, qui était une possession immédaite du duché royal et aquitain depuis 1177. Aymar et Hugues IX de Lusignan en revendiquèrent tous deux la propriété et Aymar dut attendre que sa demande soit examinée par la cour du roi Philippe-Auguste, qui y donna une suite favorable. De son côté, Hugues de Lusignan adopta une autre méthode : tout en restant fidèle au nouveau roi, Jean Sans Terre, il fit prisonnier sa mère, Aliénor d'Aquitaine, et réussit ainsi à imposer sa mainmise sur le fiet de La Marche en janvier 1200.

C'est dans ce contexte qu'il faut situer les fiançailles de l'héritière d'Aymar avec le futur Hugues X de Lusignan, qui eurent probablement lieu au printemps, peut-être en avril 1200. En mariant l'héritière d'Angoulême au Lusignan, le litige successoral aurait pu être réglé par la réunion des revendications des deux familles. Dans le traité subséquent du Goulet (22 mai 1200), cependant, le roi Philippe-Auguste s'accorda avec Jean Sans Terre pour que le comté d'Angoulême et la vicomté de Limoges relèvent à nouveau de la souveraineté féodale de Jean en tant que duc d'Aquitaine et que ce dernier reconnaisse en retour leurs prétentions, y compris celles d'Aymar sur la Marche. Peu après la conclusion du contrat, Jean se rendit personnellement en Aquitaine pour se réconcilier avec Aymar d'Angoulême et Guy de Limoges.

Les dispositions du Goulet remettaient cependant en question les accords pris quelques mois plus tôt. Le 24 août 1200, Jean épousa Isabelle d'Angoulême à Bordeaux avec le consentement d'Aymar, nonobstant les fiançailles antérieures avec Hugues X de Lusignan. De toute évidence, ce mariage fut décidé lors de la rencontre personnelle entre Aymar et Jean et a pu être motivé par des raisons politiques. En effet, cela permettait à Jean de faire une future demande de succession à la fois pour Angoulême et pour La Marche au nom d'Isabelle contre les prétentions des Lusignan, une famille qui avait déjà causé de grandes difficultés à la Maison Plantagenet lorsqu'elle régnait sur l'Aquitaine. La réaction d'Hugues IX ne se fit toutefois pas attendre et celui-ci en appela au roi Philippe-Auguste accusant le roi Jean de vol de la mariée devant le tribunal. Reconnaissant le tort infligé, Philippe-Auguste confisqua à Jean Sans Terre les biens des Plantagenêt situés en territoire français. Hugues IX de Lusignan allait ensuite épouser en secondes noces Mathilde d'Angoulême, fille de Vulgrin III, afin d'assoir ses droits sur l'héritage d'Angoulême : jure uxoris, il pouvait en effet remettre en question les droits de succession d'Isabelle et de Jean.

Aymar devint à son tour comte de La Marche en 1200 [1]. En février 1202, lors d'une visite de Jean à Angoulême pour négocier un traité avec Sancho VII de Navarre, Aymar invita le roi Jean à visiter la toute nouvelle église abbatiale de La Couronne. Le rôle de la fille d'Aymar dans le refus constant de Jean de s'occuper correctement de la veuve de son frère Richard Cœur de Lion, Bérengère de Navarre, n'est sans doute pas étrangère à la présence du comte d'Angoulême lors des négociations entre les deux royaumes.

Aymar mourut à Limoges le 16 juin de la même année. Sa fille et unique héritière lui succéda comme comtesse d'Angoulême mais son titre resta longtemps purement nominal, son mari l'empêchant de percevoir et gérer son héritage, de même que sa dot et son douaire. Le gouverneur nommé par Jean, Bartholomée du Puy (de Podio), s'occupa de l'essentiel des affaires administratives du comté jusqu'à la mort de Jean en 1216. En 1217, Isabelle revint s'installer sur ses terres et reprit son héritage des mains du gouverneur, qui en appela, sans succès, au nouveau roi d'Angleterre. Elle se remaria en 1223 (entre le et le ) avec son ancien fiancé Hugues X de Lusignan (†1249, apr. ) et mourut à l'abbaye de Fontevrault[3], où elle fut inhumée.

La veuve d'Aymar, Alice, gouverna la ville d'Angoulême jusqu'en mars 1203, quand Jean la convoqua à la cour et lui accorda une pension mensuelle de "50 livres d'Anjou" en échange de ses droits de comtesse douairière. Elle se retira ensuite de toute vie publique, s'installant sur ses terres de La Ferté-Gaucher, où elle vivait encore en juillet 1215, date à laquelle elle signa un document à Provins de son titre de comtesse d'Angoulême.

Mariage et descendance

En 1186, il épousa Alice de Courtenay (~1160/1165-1218), divorcée de Guillaume Ier, comte de Joigny[1] pour consanguinité[4] et fille de Pierre Ier de Courtenay, septième et dernier fils du roi Louis VI le Gros.

Ils eurent un seul enfant connu, Isabelle d'Angoulême (~1187-). Elle fut fiancée vers 1199 à Hugues le Brun († à Damiette, ), seigneur de Lusignan mais le , elle devient la seconde femme de Jean sans Terre roi d'Angleterre. Le comte resta un fidèle allié des rois d'Angleterre contrairement à la maison rebelle des Lusignan.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (en) Nicholas Vincent, Isabella, suo jure countess of Angoulême (c.1188–1246), Oxford University Press (lire en ligne), « Oxford Dictionary of National Biography » DOI:10.1093/ref:odnb/14483 (accès payant)

Notes et références

  1. (en) Charles Cawley, « Aymar Talafer d’Angoulême (-1202) », dans « Angoulême, La Marche, Périgord », ch. 3 : « Comtes d'Angoulême », sur MedLands – Foundation for Medieval Genealogy (consulté le 30 décembre 2017).
  2. (en) Charles Cawley, « Guillaume [VI] Talafer d'Angoulême (-1179) », dans « Angoulême, La Marche, Périgord », ch. 3 : « Comtes d'Angoulême », sur MedLands (consulté le 30 décembre 2017).
  3. (en) Charles Cawley, « Isabelle d'Angoulême (-1246) », dans « Angoulême, La Marche, Périgord », ch. 3 : « Comtes d'Angoulême », sur MedLands (consulté le 30 décembre 2017).
  4. A. Saunier-Séïté Les Courtenay éd. France-Empire, Paris, 1998 (ISBN 2704808457), p. 46 : « Alice épousa Guillaume de Joigny, dont elle dut divorcer pour cause de parenté ».
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