Chacal doré

Le Chacal doré[1] (Canis aureus) est une espèce de canidés qui se rencontre dans le nord et l'est de l'Afrique (particulièrement en Algérie et en Tunisie), le sud-est de l'Europe, au Moyen-Orient[2] et jusque dans le sud de l'Asie (Birmanie, Inde)[3].

Canis aureus

Réapparu en Hongrie après en avoir disparu, il aurait également été aperçu en Suisse à l'automne 2011[4] ainsi qu'en 2015 dans les Grisons. Début 2016, un chacal doré a été abattu par mégarde dans la région de Surselva (Grisons, Suisse). Il s'agit de la première preuve tangible de l'existence de cette espèce en Suisse. En décembre 2018 et en février 2019, un individu a été filmé par un appareil à déclenchement automatique dans les bois de Jussy dans le Canton de Genève, Suisse [5]. Il a également été identifié au printemps 2013 sur l'ile d'Hiiumaa en Estonie dans la mer Baltique. Il aurait gagné cette vaste ile en traversant la banquise [6]. En septembre 2015, un individu tué sur la route par un véhicule a été identifié dans le Jutland au Danemark[7]. En France, un individu a été photographié par un piège automatique dans le Chablais, en Haute-Savoie fin 2017[8].

Description

  • Longueur du corps (sans la queue) : 70 à 85 cm
  • Hauteur au garrot : 38 à 50 cm
  • Longueur de la queue : 25 cm
  • Poids : 7 à 14 kg
  • Vitesse maximale : 40 à 50 km/h (record 55)


Habitat, répartition et statut

Répartition du Chacal doré

Autrefois largement présent (selon des preuves paléontologiques fossiles[9]), c'est l'une des espèces de canidés les plus répandues dans le monde, avec de vastes territoires en Europe centrale, orientale et australe, en Afrique du Nord et dans certaines régions d'Asie.

Il a survécu dans des zones reculées, souvent désertiques, mais ce n'est pas une espèce uniquement adaptée aux pays chauds : il est fréquent au paléolithique dans le Caucase, et comme la hyène et la Genette (Genetta genetta) il a été contemporain des bisons, aurochs, mammouths et autres exemples de la faune contemporaine de l'Homme préhistorique en France durant les derniers interglaciaires [10],[11],[12].

Depuis le Moyen Âge et surtout dans la période moderne sa répartition européenne semble avoir été très fluctuante, avec notamment des baisses spectaculaires jusqu'en 1960, une période de récupération (années 1960, années 1970) puis une expansion notamment vers le nord-ouest de l'Europe (depuis le début des années 1980)[13].

En Europe, des populations actuelles sont centrées dans 5 zones : en Europe du Sud-Est, dans le Caucase, dans le sud de la Grèce et l'île de Samos et plus récemment autour de la Baltique. Sa récente expansion voire apparition dans certains États-membres (États baltes récemment avec de premières observations en 2011 en Estonie puis en 2013 en Lettonie et en 2015 en Lituanie) d'où il avait disparu depuis longtemps ou où il est spontanément arrivé avait conduit à le faire désigner comme « espèce exotique » voire comme potentiellement envahissante. Il a été observé en France pour la première fois fin 2017[8], une arrivée attendue depuis quelques années[14].

Une première étude génétique internationale parue en 2015 dans PLOS ONE[15] a donc porté sur l'espèce à l'échelle continentale (incluant des échantillons d'ADN de populations encore génétiquement mal étudiées, dont de la péninsule du Péloponnèse de l'île grecque de Samos et du Caucase).

Sur cette base, la commission européenne a conclu en 2016 que cette espèce ne doit pas être traitée en Europe comme une espèce exotique ; les données scientifiques issues de la biologie moléculaire montrent que le chacal doré n'a pas été introduit dans les pays européens par l'Homme, il ne doit donc pas être traité comme étranger[16],[15].

Classification

Malgré son nom, le chacal doré n'est pas étroitement lié aux autres espèces de chacal : des études morphologiques et moléculaires indiquent une plus grande affinité avec le loup gris et le coyote[17].

État des populations, pressions, menaces

C'est un animal discret dont les populations ne sont pas bien connues. Il a fait l'objet de plans de conservation en Grèce par exemple[18], mais est néanmoins classé par l'UICN comme de préoccupation mineure, en raison de la gamme étendue des zones qui lui offrent tout ce dont il a besoin pour se nourrir et s’abriter[19].

Génétique et dynamique des populations

Une étude de 2015 montre que Canis aureus est bien une espèce distincte de Canis anthus[20]. L'étude des marqueurs moléculaires de l'espèce (dans 5 bassins biogéographiques de populations) a mis en évidence une « diversité génétique plus élevée que ce qui avait été précédemment signalé pour les populations de chacal européens, mais moins de diversité que chez d'autres canidés sauvages comme les loups », ce qui selon les chercheurs reflète une « histoire unique » parmi les carnivores européens[15]. Après un déclin souvent spectaculaire de ses populations et après l'extinction des populations locales, on constate une expansion récente de l'espèce en Europe centrale et septentrionale[15]. Les chacals baltes ont comme origine génétique des populations relictuelles qui étaient situées dans le Caucase et en Europe du Sud-Est[15]. L'étude génétique conclut que l'espèce ne répond pas aux critères des espèces exotiques et potentiellement envahissantes : le chacal doré n'a pas été introduit par l'Homme, et l'on sait par des données et études antérieures que des individus de cette espèce peuvent se déplacer sur des centaines de kilomètres, y compris dans des paysages anthropisés, ce qui invite à un suivi et une gestion de l'espèce à échelle européenne[15]. Ce petit prédateur a été photographié dans le Chablais haut-savoyard en France en décembre 2017[21].

Comme tous les canidés, il est sensible à la rage mais, à l'instar du renard, peut être facilement vacciné[22].

Éthologie

Il s’agit d’une espèce sociale, dont l'unité de base sociale se compose d'un couple en état de se reproduire, accompagné de ses petits[17]. Très opportuniste, le chacal doré est capable d'exploiter un grand nombre de ressources alimentaires allant de fruits et d'insectes à des ongulés de petite taille[17]. En Europe de l'Est une étude a conclu que sa niche trophique était proche de celle du renard[23]; d'après les analyses d'excréments : petits mammifères (35 % sur la base de la fréquence d'occurrence et de 36 % sur la base de la biomasse) et cadavres de sangliers, chevreuils... (35 et 48 %, respectivement, sur la base des mêmes paramètres). Lors de cette étude, aucune espèce domestique ou petite espèce chassée (lapin, chevreuil) n'était consommée, ni aucun poisson. Quelques oiseaux, reptiles, amphibiens, arthropodes et des matières végétales complétaient ce régime, à la marge. Dans le sud de la Grèce, avec quelques variations annuelles, son régime alimentaire est composé de micromammifères essentiellement (fréquence de 42,7 %, biomasse 69,8 %) et d'oiseaux (12,0 %, 27,7 % de la biomasse) avec souvent des végétaux/fruits (27,3 % en fréquence), des insectes (18,0 % en fréquence) mais qui ne représentent qu'une faible part de la biomasse ingérée[24].

Contrairement aux idées reçues, ce canidé est fidèle à son clan.

Parce qu’il peut se déplacer plusieurs jours sans boire, ni beaucoup manger, le chacal doré est adapté aux milieux arides et aux grands espaces.

Le chacal doré est un excellent chasseur et attaque en meute. Il est volontiers nécrophage, mais comme la hyène il n’est pas un simple éboueur du désert ; léger, agile et opportuniste, il allie le flair et la rapidité du chien de chasse à la ruse du renard. Sa technique la plus usitée consiste à poursuivre une proie vulnérable (malade, vieille, blessée) jusqu’à l’épuisement, puis à lui mordre les tendons pour la faire tomber. Le chacal doré attaque alors directement le ventre qu’il éviscère. Les rongeurs sont souvent sa principale source de nourriture (ex : 45 % de sa ressource calorique totale dans une zone aride d'Inde[25]) mais il peut exceptionnellement s'attaquer à des proies plus grandes (jeunes moutons ou vaches en Israël ; souvent dans les deux jours suivant la mise bas[26]) ; si la taille de la proie est importante, les morceaux sont éparpillés dans des cachettes qui servent de garde-manger.

Utilisations

Il a été ou est encore localement consommé, bien que sa viande puisse être source de parasitoses (dont trichinellose[27] ou Leishmaniose[28],[29]).

Liste des sous-espèces éventuelles

Selon MSW il existe les sous-espèces suivantes :

  • Canis aureus algirensis
  • Canis aureus anthus
  • Canis aureus aureus
  • Canis aureus bea
  • Canis aureus cruesemanni
  • Canis aureus ecsedensis
  • Canis aureus indicus
  • Canis aureus lupaster
  • Canis aureus moreotica
  • Canis aureus naria
  • Canis aureus riparius
  • Canis aureus soudanicus
  • Canis aureus syriacus

Filmographie

  • Le chacal doré, film réalisé par Azzedine Meddour, ENPA, Alger, 1993, 26 min (VHS)

Biblioraphie

Notes et références

  1. Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000. Lire en ligne.
  2. Giannatos, G. (2004). Conservation action plan for the golden jackal Canis aureus L. Greece. WWF Greece, Athens, 1-47.
  3. oché, R. M., Evans, S. J., Sultana, P., Hague, M. E., Sterner, R., & Siddique, M. A. (1987). Notes on the golden jackal (Canis aureus) in Bangladesh. Mammalia, 51(2), 259-270
  4. http://www.kora.ch/news/archiv/20120908f.htm
  5. « Vidéo:un chacal doré observé dans les bois de Jussy », Tribune de Genève, (lire en ligne)
  6. http://www.hiiumaa.ee/uudised/3720
  7. Radio-télévision danoise
  8. Stéphane Bouchet, « Le chacal doré observé pour la première fois en France », Le Dauphiné, (lire en ligne, consulté le 16 décembre 2017)
  9. Aouraghe, H. (2000). Les carnivores fossiles d'El Harhoura 1, Temara, Maroc. L'anthropologie, 104(1), 147-171.
  10. Cordy, J. M. (2014). Biozonation du Quaternaire postvillafranchien continental d'Europe occidentale à partir des grands mammifères. Annales de la Société géologique de Belgique.
  11. Armand, D. (1998). Paléontologie animale. Gallia préhistoire, 40(1), 56-60.
  12. Sommer, R., & Benecke, N. (2005). Late-Pleistocene and early Holocene history of the canid fauna of Europe (Canidae). Mammalian Biology-Zeitschrift für Säugetierkunde, 70(4), 227-241.
  13. (en) Arnold, J., Humer, A. et Heltai, M., « Current status and distribution of golden jackals Canis aureus in Europe », Mammal Review, vol. 42, no 1, , p. 1-11 (lire en ligne [PDF]).
  14. « Le Chacal doré (Canis aureus) bientôt en France? », sur www.buvettedesalpages.be (consulté le 16 décembre 2017)
  15. Rutkowski, R., Krofel, M., Giannatos, G., Ćirović, D., Männil, P., Volokh, A.M., Lanszki, J., Heltai, M., Szabó, L., Banea, O., Yavruyan, E., Hayrapetyan, V., Kopaliani, N., Miliou, A., Tryfonopoulos, G.A., Lymberakis, P., Penezić, A., Pakeltytė, G., Suchecka, E. & Bogdanowicz, W. (2015). A European Concern? Genetic Structure and Expansion of Golden Jackals (Canis aureus) in Europe and the Caucasus. PLOS ONE, 10(11), e0141236. DOI: 10.1371/journal.pone.0141236
  16. [Golden jackal should not be treated as an alien species in Europe ], "Science for Environment Policy": European Commission DG Environment News Alert Service, 21 janvier 2016 ; N°443
  17. Golden Jackal Canis aureus Lindblad-Toh et al. 2005
  18. Giannatos, G. (2004). Conservation action plan for the golden jackal Canis aureus L. Greece. WWF Greece, Athens, 1-47.
  19. Liste rouge de l’UICN des espèces menacées
  20. Genome-wide Evidence Reveals that African and Eurasian Golden Jackals Are Distinct Species
  21. Stéphane Bouchet, « Le chacal doré observé pour la première fois en France », sur ledauphine.com, .
  22. Yakobson BA, King R, Amir S, Devers N, Sheichat N, Rutenberg D, Mildenberg Z, David D. (2005). Rabies vaccination programme for red foxes (Vulpes vulpes) and golden jackals (Canis aureus) in Israel (1999-2004). Developments in biologicals, 125, 133-140 (résumé)
  23. Lanszki, J., & Heltai, M. (2002). Feeding habits of golden jackal and red fox in south-western Hungary during winter and spring. Mammalian Biology-Zeitschrift für Säugetierkunde, 67(3), 129-136. (résumé
  24. Giannatos, G., Karypidou, A., Legakis, A., & Polymeni, R. (2010). Golden jackal (Canis aureus L.) diet in Southern Greece. Mammalian Biology-Zeitschrift für Säugetierkunde, 75(3), 227-232.
  25. Mukherjee, S., Goyal, S. P., Johnsingh, A. J. T., & Leite Pitman, M. R. P. (2004). The importance of rodents in the diet of jungle cat (Felis chaus), caracal (Caracal caracal) and golden jackal (Canis aureus) in Sariska Tiger Reserve, Rajasthan, India. Journal of Zoology, 262(04), 405-411. (résumé)
  26. Yom-Tov, Y., Ashkenazi, S., & Viner, O. (1995). Cattle predation by the golden jackal Canis aureus in the Golan Heights, Israel. Biological Conservation, 73(1), 19-22. (résumé
  27. Nezri, M., Ruer, J., De Bruyne, A., Cohen-Valensi, R., Pozio, E., & Dupouy-Camet, J. (2006). Première observation d'un cas humain de trichinellose due à Trichinella britovi en Algérie après consommation de viande de chacal (Canis aureus). Bulletin de la Société de pathologie exotique, 99(2), 94-95 (résumé)
  28. Hervás, J., Mendez, A., Carrasco, L., & Gomez-Villamandos, J. C. (1996). Pathological study of visceral leishmaniasis in a jackal (Canis aureus). Veterinary record, 139(12), 293-295.
  29. Bessad, A., Mouloua, K., Kherrachi, I., Benbetka, S., Benikhlef, R., Mezai, G., & Harrat, Z. (2012).Leishmania infantum MON-1 isolé d’un chacal doré (Canis aureus) en Grande Kabylie (Algérie). Bulletin de la Société de pathologie exotique, 105(1), 5-7.

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