Diaconesse

Une diaconesse est une femme qui exerce un ministère réservé aux femmes dans certaines églises protestantes. Ces ministères ont été établis à partir des années 1830 d'abord dans l'église luthérienne allemande puis dans la plupart des églises protestantes d'Europe. Les diaconesses assurent des fonctions sociales, notamment hospitalières ou gériatriques, et spirituelles (enseignement, retraites, prédications...).

Pour l'article se référant aux femmes exerçant un ministère de diacre, voir Diacre (christianisme)
Elizabeth Catherine Ferard, première diaconesse anglicane

Elles ne sont pas ordonnées, d'autant plus que leurs églises ne pratiquent pas toutes l'ordination, et ne doivent pas être assimilées à des ordres religieux féminins catholiques.

Ce ministère ne doit pas non plus être confondu avec celui des femmes ordonnées ou consacrées diacres dans certaines églises (église anglicane ou église protestante aux Pays-Bas).

Sens ancien

Dans l'Église chrétienne primitive, la fonction de diaconesse existait[1]. Ainsi, Paul de Tarse, dans son Épître aux Romains (16, 1-2) recommande-t-il « Phoebé, notre sœur, qui est diaconesse de l'Église de Cenchrées ».

Leur ministère est mentionné par des pères de l’Église aussi anciens que Clément d'Alexandrie[2] et Origène[3]. Dans une de ses lettres, Pline le jeune atteste l'existence de ces diaconesses lorsqu'il parle de "deux servantes" comme de diacres qu'il torture au cours d'un interrogatoire. La Didascalie des apôtres est le plus ancien document qui aborde le rôle spécifique de diacres hommes ou femmes. L'auteur incite à nommer des diaconesses pour prendre soin de femmes, lorsqu'il n'est pas approprié d'envoyer un homme[4]. Les pères de l’Église du IVe siècle Épiphane de Salamine[5], Basile de Césarée[6], Jean Chrysostome[7] et Gregoire de Nysse[8] reconnaissent le fait des femmes ordonnées diacres. Elle est aussi présente chez d'autres auteurs chrétiens de la même époque, comme Thédoret de Cyr[9]. La fonction de diaconesses disparaît ensuite du christianisme occidental.

Histoire

Les premières diaconesses au sens moderne du terme sont apparues en Allemagne en 1836 lorsque Theodor Fliedner et son épouse Friederike Münster, influencés par le grand réveil et soucieux d'alléger la misère sociale autour d'eux, ouvrirent la première maison de diaconesses à Kaiserswerth. Les diaconesses s'engageaient à servir pour une période de 5 ans renouvelable, et recevaient le gîte et le couvert, l'uniforme, un peu d'argent de poche et les soins à vie. Le modèle de Kaiserswerth inspira de nombreuses autres créations de diaconesses dans toute l'Europe protestante, particulièrement en Europe du Nord et aux Pays-Bas. L'hôpital tenu par les diaconesses de Kaiserswerth impressionna aussi beaucoup la jeune Florence Nightingale.

En Suisse, l' "Institution des diaconesses" fut fondée in 1842 à Échallens par le pasteur réformé Louis Germond[10],[11]. En France, les "diaconesses de Reuilly" furent fondées in 1841 à Paris par le pasteur Antoine Vermeil et par une femme Caroline Malvesin, avec l'appui d'un comité de femmes fortunées fréquentant la chapelle Taitbout. Les diaconesses de Strasbourg furent à leur tour fondées en 1842 par le pasteur luthérien François-Henri Haerter. Ces trois organisations de diaconesses sont toujours actives aujourd'hui. Les diaconesses sont aussi théologiennes, spécifiquement chez les diaconesses de Buc qui font partie des diaconesses de Reuilly. Certaines sont pasteurs.

Le Royaume-Uni fut à son tour atteint par la vague des diaconesses. En 1862, Elizabeth Catherine Ferard fut reconnue comme la première diaconesse de l’Église d'Angleterre par l'évêque de Londres. Elle avait fondé sa communauté le 30 novembre 1861 au nord de Londres, communauté qui allait bientôt prendre le nom de communauté Saint-André. Des communautés filles furent bientôt lancées à Melbourne, Lahore, Grahamstown (Afrique du Sud) et en Nouvelle-Zélande[12].

Lady Grisell Baillie (1822–1891) fut la première diaconesse de l’Église d’Écosse, nommée en 1888. L'hôpital des diaconesses ouvert à Édimbourg en 1894 fut d'abord baptisé le "Lady Grisell Baillie Memorial Hospital" et renommé plus tard l'hôpital des diaconesses[13].

La deuxième guerre mondiale fit subir de lourds dommages aux œuvres de diaconesses en Allemagne. 7 000 d'entre elles durent fuir la zone soviétique et se réfugier à l'ouest. En 1957, il y avait en Allemagne quelque 46 000 diaconesses et 10 000 associés. Dans les autres pays, il y avait quelque 14 000 diaconesses, en majorité luthériennes. Il y en avait 1 550 aux États-Unis et au Canada, dont la moitié étaient méthodistes[14].

Situation actuelle

Articles connexes

Notes et références

  1. « Etudier le rôle des «diaconesses»: le pape envisage une commission – ZENIT – Francais », sur fr.zenit.org (consulté le 14 mai 2016)
  2. Commentaire sur 1 Corinthiens 9:5, Stromata 3,6,53.3-4.
  3. Commentaire sur Romains 10:17; Migne PG XIV col. 1278 A–C.
  4. Didascalia 16 § 1; G. Homer, The Didascalia Apostolorum, London 1929; http://www.womenpriests.org/minwest/didascalia.asp
  5. Migne PG 42, cols 744–745 & 824–825
  6. I. Defarrari (ed.), Saint Basil: the Letters, London 1930, Letter 199.
  7. Migne PG 62, col. 553.
  8. Migne PL 46, cols 988–990.
  9. Thédoret de Cyr (trad. Yvan Azéma), Correspondance, Paris, Éditions du Cerf, , 137 p., p. 118 (lettre 48)
  10. « Diaconesse » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  11. « Bienvenue à Saint-Loup » (consulté le 22 décembre 2017)
  12. Henrietta Blackmore, The beginning of women's ministry: the revival of the deaconess in the nineteenth-century Church of England, Boydell Press (lire en ligne), p. 131
  13. "Scotland's First Deaconess", by D. P. Thompson, A. Walker & Son Ltd, Galashiels 1946.
  14. Winter, "Deaconess", in Julius Bodensieck, ed. The Encyclopedia of the Lutheran Church p. 662.
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