Easter egg

Un easter egg (terme anglais pour « œuf de Pâques ») est, en informatique ou dans les jeux vidéo[1], une fonction cachée au sein d'un programme (animation, jeu, message, etc.) accessible grâce à un mot-clé ou à une combinaison de touches ou de clics[2].

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Un œuf de Pâques est caché dans cette image ; promenez la souris puis cliquez pour le découvrir.

Un easter egg n'est pas assimilable à un virus : il n'abîme ni le programme original ni les autres données et ne se propage pas ; il est caché et a été inséré volontairement par les créateurs. Il peut s'agir de la liste des auteurs du logiciel, d'un jeu, d'une blague, d'une séquence inédite, de bruitages. Certains se trouvent aussi dans les jeux vidéo (Diablo est un exemple connu[3]). Les niveaux cachés sont souvent classés comme easter eggs, ainsi que les clins d'œil ou les références dans les jeux vidéo[4].

Origine du nom

Les références cachées existent depuis longtemps, mais l'habitude de les appeler easter egg proviendrait du film The Rocky Horror Picture Show car les acteurs avaient caché des œufs de Pâques sur le plateau mais ne les avaient pas tous trouvés. Quelques-uns sont encore visibles à l'écran dans le montage final du long métrage, la chasse aux œufs de Pâques au sens littéral dans ce film a été reprise pour désigner les références cachées par d'autres réalisateurs[5]. Par la suite, d'autres œuvres ont repris ce terme lorsqu'ils traitaient ce sujet de manière secondaire ou même lorsque ça fait partie de l'intrigue principale, tel le roman Player One d'Ernest Cline et son adaptation cinématographique Ready Player One réalisée par Steven Spielberg.

Il est aussi probable que l'utilisation du terme "Easter egg" pour décrire une fonctionnalité ou un message caché provient du jeu Adventure sorti en 1979 pour la console de jeux Atari 2600, développé par l'employé Warren Robinett. À cette époque, Atari n'incluait pas les noms des développeurs dans les générique de jeu par peur de se faire voler leurs employés . Robinett en désaccord avec ses superviseurs sur le manque de reconnaissance a secrètement inséré le message "Créé par Warren Robinett". Ce message apparaît seulement lorsque le joueur déplace son avatar sur un pixel spécifique (le "Gray Dot") situé dans une certaine partie du jeu, permettant ainsi d'entrer dans une partie cachée du monde où le générique peuvent être lus . Peu après son départ, le message  fut découvert par un joueur qui partagea sa découverte avec Atari . Atari a voulu supprimer le message du jeu mais cet effort fut jugé trop coûteux . Par la suite Steven Wright Directeur chez Atari, a suggéré de conserver le message et même d'encourager l'inclusion de tel message dans les prochains jeux, en les décrivant comme des "Œuf de Pâques" à trouver par les consommateurs d'où le terme Easter egg[6],[7],[8],[9].

Dans les jeux vidéo

En plus du nom de Robinett qui apparaît dans Adventure (1979), il existe de nombreux autres jeux vidéo où des Easter eggs ont été dissimulés. Le premier jeu d'aventure textuel Colossal Cave Adventure (1976), comprenait plusieurs "instructions" secrètes. L'une d'entre elles était "xyzzy", une commande permettant au joueur de se déplacer entre deux points distants dans le monde du jeu [10]. Selon les recherches d'Ed Fries, le premier Easter egg connu dans un jeu d'arcade fut dans le jeu Starship 1 (1977), développé par Ron Milner. En exécutant une suite d'actions dans le bon ordre le joueur faisait apparaître un message à l'écran "Hi Ron!". Fries l'a décrit comme le plus ancien jeu d'arcade connue à ce jour qui répond clairement à la définition d'un Easter egg. Cet Easter egg a été découvert en 2017, soit 40 ans après la sortie du jeu, ce qui porte à croire que d'autres Easter eggs restent à découvrir [11],[12]. Fries a remarqué que certaines machines d'arcade Atari ont été revendues sous l'étiquette Kee Games et ont inclus des changements au matériel qui rendraient le jeu différent de la version Atari. Anti-Aircraft II (1975) comprenait un moyen de modifier le circuit imprimé pour faire modifier les avions du jeu en les faisant apparaître en ovnis. Parce qu'elle nécessitait une modification matérielle, Fries s'est demandé si elle répondait à la définition d'un Easter egg[12].

Depuis Adventure, il est devenu récurrent que les développeurs placent des Easter eggs dans leurs jeux vidéo. La plupart des Easter eggs sont intentionnels, une façon de communiquer avec le joueur ou bien comme Robinett un moyen de se venger de la direction. Dans les jeux vidéo les Easter eggs ont pris une variété de formes de simple message à l'écran à la refonte visuelle des éléments d'un jeu. Le célèbre jeu de stratégie Age of Empires (1997) par exemple contient un Easter egg permettant de changer les projectiles des catapultes en remplacent les pierres par des vaches.

Certains Easter eggs sont plus élaborés, ils comprennent parfois des niveaux secrets entiers à découvrir par le joueur . Ces zones cachées contiennent souvent des blagues propres à la fandom ou l'équipe de développement et diffèrent donc d'une simple salle de débogage. Certains jeux contiennent des Easter eggs encore plus élaborés. Dans le jeu de LucasArts Day of the Tentacle (1993), le jeu Maniac Mansion (1987) peut être joué dans sa version complète en utilisant un ordinateur présent dans la chambre du personnage[13],[14].

D'autres Easter eggs ont pris naissance sans aucune volonté de la part des développeurs, comme le très célèbre Konami code. Ce code de triche que l'on retrouve aujourd'hui dans beaucoup de jeux provient du jeu NES Gradius (1985). Le développeur, Kazuhisa Hashimoto, a créé le code comme moyen de déboguer rapidement le jeu en donnant à l'avatar du joueur certaines capacités pour pouvoir parcourir plus facilement le jeu. Ces types de codes sont généralement retirés du jeu final mais dans le cas de Gradius, Hashimoto a simplement oublié de le supprimer et le code a rapidement été découvert par les joueurs . Sa popularité a inspiré Konami à réutiliser le code et à le conserver délibérément pour plusieurs de ses futurs jeux comme Easter egg[13],[15].

Des problèmes techniques peuvent également créer des Easter eggs involontaires. Jon Burton, fondateur de Traveller's Tales, a déclaré que de nombreux Easter egg sont issues de la volonté que leurs jeux MegaDrive obtiennent la certification Sega. Par exemple , donner un coup sur le côté de la cartouche Sonic 3D Blast (1996) alors qu'elle était insérée dans la console ramènerait le jeu à l'écran de sélection de niveau, ce qui selon Burton, était le traitement par défaut des exceptions pour toute erreur non identifiée du processeur, comme lorsque la connectivité entre la cartouche et le microprocesseur de la console était temporairement perdue[16].

En informatique

Logiciel

Dans les logiciels Informatiques , les Easter eggs sont en général des messages secrets qui se produisent à la suite de l’exécution d'une commande non documentée .Les résultats peuvent varier d'un simple message où d'une image affichée à une page de générique des développeurs ou à un petit jeu vidéo caché dans un logiciel .

Dans le système d'exploitation TOPS-10 (pour l'ordinateur DEC PDP-10), la commande make est utilisée pour appeler l'éditeur TECO pour créer un fichier. Si on lui donne en argument le nom de fichier love, pour que la commande lise make love il s’arrêtera pendant un instant et répondra not war ? avant de créer le fichier[17].

Certaines versions du système d'exploitation DEC OpenVMS ont caché des codes d'état de sortie, y compris une référence au Monty Python Dirty Hungarian Phrasebook Skit ; « exit %xb70 » renvoie le message « %SYSTEM-W-FISH, my hovercraft is full of eels » tandis que « exit %x34b4 » renvoie une référence à un ancien meme Internet : "%SYSTEM-F-GAMEOVER, All your base are belong to us".

Beaucoup d'ordinateurs ont des Easter eggs encore plus élaborés cachés dans la ROM , y compris des listes de noms de développeurs, des recommandations politiques, des extraits de musique ou des photos de l'équipe de développement. La version 1997 de Microsoft Office contient un simulateur de vol caché dans Microsoft Excel et un jeu de flipper dans Microsoft Word [18],[19]. Depuis 2002 , Microsoft n'autorise plus aucun code caché ou non documenté dans le cadre de son initiative Trustworthy Computing .

L'outil logiciel apt-get du système d'exploitation Debian contient un Easter egg original , lorsque l'on entre la commande apt-get help dans le shell on peut lire un message "This APT has Super Cow Powers." un indice pour le véritable Easter egg qui consiste à simplement entrer apt-get moo dans le shell qui affichera une vache en ASCII sur le terminal[20].

Un Easter egg se trouve sur tous les systèmes d'exploitation Microsoft Windows avant XP. Dans l'écran de veille 3D Text, entrer le texte "volcano" affichait les noms de tous les volcans des États-Unis. Microsoft a retiré cet œuf de Pâques dans XP mais en a ajouté d'autres.[21] Microsoft Excel 95 par exemple contenait un jeu d'action cachée semblable à Doom (1993) appelé The Hall of Tortured Souls[22].

Le moteur de recherche de Google contient de nombreux Easter egg, donnés à l'utilisateur en réponse à certaines requêtes de recherche. Par exemple, Google Maps a déjà répondu à une demande d'itinéraire de la ville de New York à Tokyo en disant à l'utilisateur de traverser en kayak l'Océan Pacifique.[23]

Steve Jobs a interdit les Easter eggs dans les produits Apple dès son retour dans l'entreprise.

Le premier Easter egg à apparaître après sa mort a été dans une mise à jour en 2012 du Mac App Store pour OS X Mountain Lion, dans lequel les applications téléchargées ont été temporairement horodatées comme "24 janvier 1984", la date du lancement des ventes du premier Macintosh[24].

Notes et références

  1. Marlène Duretz, « Un « Easter Egg », c'est quoi ? », sur Le Monde,
  2. « Les Easter Eggs », sur Comment ça marche, (consulté le 21 novembre 2016).
  3. « Légende urbaine : des vaches déchainées dans Diablo 2 et un requin dans Battlefield 4 », sur hitek.fr, (consulté le 9 avril 2019)
  4. Ben Sillis, « les 10 Easter Eggs les plus vicieux de l'histoire », sur redbull.com, (consulté le 21 novembre 2016)
  5. « Easter Eggs, quand le spectateur doit ouvrir les y-œufs », sur brigadecinephile.com, (consulté le 10 janvier 2017).
  6. (en) « Play Atari Adventure », sur IGN (consulté le 24 mai 2019)
  7. Chris Baker, « How One Man Invented the Console Adventure Game », Wired, (ISSN 1059-1028, lire en ligne, consulté le 24 mai 2019)
  8. (en) Katie Salen Tekinbaş et Eric Zimmerman, The game design reader : a Rules of play anthology, MIT Press, (ISBN 978-0-262-19536-2, OCLC 58919795, lire en ligne)
  9. « Wayback Machine », sur web.archive.org, (consulté le 24 mai 2019)
  10. Dennis G. Jerz, « Somewhere Nearby is Colossal Cave: Examining Will Crowther's Original Adventure in Code and in Kentucky », Digital Humanities Quarterly, vol. 001, no 2, (ISSN 1938-4122, lire en ligne, consulté le 24 mai 2019)
  11. (en-US) Sam Machkovech, « The arcade world’s first Easter egg discovered after fraught journey », sur Ars Technica, (consulté le 24 mai 2019)
  12. (en-US) Ed Fries, « The Hunt For The First Arcade Game Easter Egg », sur Kotaku (consulté le 24 mai 2019)
  13. (en) Staffan Bjork et Jussi Holopainen, Patterns in Game Design, Charles River Media, , 423 p. (ISBN 978-1-58450-354-5, lire en ligne)
  14. (en) Optical Information Systems Update/library & Information Center Applications, Meckler Pub., (lire en ligne)
  15. (en) Jay Garmon in After Hours on March 5 et 2007, « News, Tips, and Advice for Technology Professionals », sur TechRepublic (consulté le 24 mai 2019)
  16. (en-US) Kyle Orland, « How hitting a game cartridge unlocks gaming’s weirdest Easter egg », sur Ars Technica, (consulté le 24 mai 2019)
  17. (en) Nick Montfort et Ian Bogost, Racing the Beam : The Atari Video Computer System, MIT Press, , 192 p. (ISBN 978-0-262-26152-4, lire en ligne)
  18. « Excel Easter Egg - Excel 97 Flight to Credits », sur eeggs.com (consulté le 24 mai 2019)
  19. « Word (Microsoft) Easter Egg - Pinball in Word 97 », sur eeggs.com (consulté le 24 mai 2019)
  20. (en) Rickford Grant, Ubuntu for Non-Geeks, 4th Edition : A Pain-Free, Get-Things-Done Guide, No Starch Press, , 496 p. (ISBN 978-1-59327-257-9, lire en ligne)
  21. « Newsbank | The Sacramento Bee & Sacbee.com », sur nl.newsbank.com (consulté le 24 mai 2019)
  22. « Excel Easter Egg - Excel 95 Hall of Tortured Souls », sur www.eeggs.com (consulté le 24 mai 2019)
  23. « How do I get to China? Jet ski! Google Maps joke gives users unorthodox instructions for crossing the Pacific », sur Mail Online, (consulté le 24 mai 2019)
  24. (en-US) Jesus Diaz, « The Easter Eggs Are Back in OS X—And This One Is Insanely Great », sur Gizmodo (consulté le 24 mai 2019)

Voir aussi

Articles connexes

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