Francis Lemarque

Nathan Korb, dit Francis Lemarque, est un auteur-compositeur-interprète et poète français, né le à Paris et mort le à La Varenne-Saint-Hilaire.

Pour les articles homonymes, voir Lemarque et Korb.
Francis Lemarque
Francis Lemarque, lors d'une remise de prix, en 1982, par Jack Lang, ministre de la Culture.
Informations générales
Nom de naissance Nathan Korb
Naissance
Paris
Décès
La Varenne-Saint-Hilaire
Activité principale auteur-compositeur-interprète
Genre musical chanson française
Instruments guitare
Années actives 19342001

Au cours d'une carrière longue et discrète, couronnée par plusieurs Grand Prix du disque de l'académie Charles-Cros, il a écrit et composé près de 400 chansons, dont À Paris, devenue un standard international repris par des dizaines d'interprètes à travers le monde entier, et Quand un soldat, interprétée avec succès par Yves Montand, et dont les paroles engagées lui ont valu les foudres de la censure en 1953.

Tombe de Francis Lemarque au cimetière du Père Lachaise.

Biographie

Plaque sur sa maison natale, 51 rue de Lappe à Paris.

Francis Lemarque naît, sous le nom de Nathan Korb, dans un petit deux-pièces au second étage du 51 de la rue de Lappe à Paris au-dessus du bal des Trois colonnes. Sa mère, Rosa (Rose) Eidelman, est née le à Solok[1], en Lituanie, tandis que son père, Joseph Korb, tailleur pour dames, a été enrôlé de force dans l'armée du tsar dont il déserte avant de rejoindre Paris. L'enfant grandit avec son frère Maurice et sa sœur cadette Rachel, dans le quartier de la Bastille, bercé par les bals-musettes de la rue de Lappe. Avec son frère, il connaît une enfance délurée et joyeuse avant de quitter l'école dès l'âge de 11 ans pour travailler en usine. Il va garder tout au long de sa vie un véritable amour pour ce quartier et y fêtera ses 75 ans au Balajo.

En 1933, son père meurt de la tuberculose. Fascinés par les bals-musettes depuis leur enfance, Nathan et son frère Maurice intègrent en 1934, après une rencontre avec Sylvain Itkine[2], le groupe Mars que ce dernier a créé dans l'esprit du groupe Octobre, affilié à la fédération des Théâtres ouvriers de France. Il a alors 17 ans. Sur les conseils de Louis Aragon, les deux frères créent un duo, Les frères Marc. Vieux Marc (Maurice) et Jeune Marc (Nathan) profitent des événements du Front populaire pour se produire dans les usines et se faire connaître. Ils rencontrent Jacques Prévert et Joseph Kosma, qui est un temps leur pianiste. Léo Noël chante en duo avec Nathan dans les années 1938-1939 pour remplacer Maurice, appelé sous les drapeaux[3]. Ce duo se retrouvera ainsi en tournée avec Pierre Dac, Paul Meurisse, Joseph Kosma…

En 1940, il est mobilisé et affecté comme « lieutenant-guitariste » aux activités musico-théâtrales de l'armée. En 1940, il passe en zone libre et s'installe à Marseille. C'est là qu'il rencontre Jacques Canetti, qui deviendra par la suite son agent artistique. Il fait quelques tournées en Afrique du Nord dont une semaine de récitals avec le guitariste manouche Django Reinhardt. Sa mère est arrêtée à Marseille et déportée par le Convoi No. 55, en date du , du Camp de Drancy vers Auschwitz[1], où elle meurt assassinée. Fidèle à son idéal communiste, il rejoint le maquis puis s'engage dans le douzième régiment de dragons renaissant.

Après la guerre, Lemarque chante dans des cabarets de Saint-Germain-des-Prés. L'année 1946 sera décisive, deux événements marquent sa vie : il rencontre Ginny Richès qui deviendra son épouse, et il voit pour la première fois Yves Montand sur une scène parisienne. Son style unique bouleverse le jeune Francis qui se met à écrire en pensant à lui. Il fait sa connaissance par l'intermédiaire de Jacques Prévert. Montand, séduit par ses compositions, choisit immédiatement des titres : À Paris, Je vais à pied, Ma douce vallée, Bal petit bal... Leur collaboration durera de longues années pendant lesquelles Francis Lemarque écrira pour lui près de trente chansons. Il compose la musique du film Playtime de Jacques Tati, sorti en 1967.

En 1969, il participe à la création de l'Association d'amitié franco-coréenne, qui entretient des liens avec la Corée du Nord[4].

Il écrira de nombreuses chansons avec des coauteurs dont Michel Legrand et Georges Coulonges avec qui il a écrit Paris Populi[5], un spectacle musical qui célèbre la capitale et son histoire de 1789 à 1944, mettant en scène les combats de Paris pour la liberté. Parmi ses plus grands succès, on relève Marjolaine (1957) dont les mélancoliques paroles sont écrites sur un vieil air du folklore allemand, Der treue Husar, popularisé cette même année par l'épilogue du film de Stanley Kubrick Les Sentiers de la gloire où il est chanté par Susanne Christian[6].

Francis Lemarque ne se lasse pas d'écrire et de chanter avec un dynamisme exceptionnel. Sa dernière représentation a eu lieu à Viarmes, dans le Val-d'Oise, le , à l'âge de quatre-vingt-trois ans.

Avec Charles Trenet et Henri Salvador, Francis Lemarque a vécu l'une des plus longues et des plus riches carrières de la chanson et nombre de ses titres appartiennent à la mémoire collective de la culture française. Lemarque a été censuré en 1953 pour sa chanson Quand un soldat publiée aux éditions Métropolitaine.

Le thème de Paris et son éternel accordéon revient souvent dans les chansons de Lemarque par des descriptions des quartiers populaires, non sans rappeler Aristide Bruant. Sa carrière sera celle d'un auteur et d'un chanteur profondément attaché au Paris populaire et à la chanson française.

Il est emporté par un cancer en 2002, dans sa quatre-vingt-cinquième année, dans sa maison de La Varenne-Saint-Hilaire. Il repose au cimetière du Père-Lachaise (44e division, ligne 2), à Paris, non loin d'Yves Montand. Michel Legrand est tout près de lui (44e division, ligne 1) depuis 2019.

Francis Lemarque a joué dans le film de Serge Leroy, Légitime violence, en 1982.

Prix et distinctions

Prix

Distinctions

Œuvres

Discographie

  • 1949 : À Paris
  • 1949 : Le tueur affamé
  • 1949 : Cornet de frites
  • 1949 : Bal, petit bal
  • 1950 : Le cocher du fiacre
  • 1950 : John Black
  • 1950 : Bal musette
  • 1950 : J'ai mis mes cliques
  • 1951 : Bois de Boulogne (Patins à roulettes)
  • 1951 : D'amour et d'eau fraîche
  • 1951 : Clown
  • 1951 : Figaro
  • 1951 : Le Petit Cordonnier
  • 1953 : Toi, tu n'ressembles à personne
  • 1953 : Quand un soldat
  • 1955 : La grenouille
  • 1955 : Un air de cristal
  • 1955 : Mon copain d'Pékin
  • 1955 : Julot poil-dans-la-main
  • 1956 : Seul un homme peut faire ça
  • 1956 : Bientôt le soleil
  • 1956 : Matilda
  • 1956 : Les routiers
  • 1956 : Le chemin des oliviers
  • 1957 : Marjolaine
  • 1957 : L'air de Paris
  • 1957 : Général Fend La Bise
  • 1957 : Chagrins d'Amour
  • 1958 : L'Assassin du dimanche
  • 1958 : Les Fleurs et l'amour
  • 1959 : Le Temps du muguet
  • 1960 : Une rose rouge
  • 1960 : Le monde est grand
  • 1962 : Miséricorde
  • 1962 : La guerre des boutons
  • 1962 : Écoutez la ballade
  • 1962 : Vieux Salomon
  • 1962 : Ma romance
  • 1962 : Terrain vague
  • 1963 : C'est loin
  • 1963 : C'est la faute à l'accordéon
  • 1963 : C'était un homme libre
  • 1963 : Allez donc
  • 1964 : La faim de vivre
  • 1964 : Le dernier printemps
  • 1965 : La rose et la guerre
  • 1965 : Rocambole
  • 1965 : Au son de l'accordéon
  • 1965 : Le bar du dernier verre
  • 1965 : Le cœur de cerise
  • 1965 : Un jour on s'en va
  • 1968 : L'opéra des jours heureux
  • 1968 : Tu tutoies les muses
  • 1968 : La terre, le ciel et l'eau
  • 1968 : À Paris autrefois

Musiques de film (liste sélective)

Bibliographie

Notes et références

  1. Beate Klarsfeld et Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la déportation des Juifs de France : Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms.FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France, .
  2. Cf. La biographie sur le site officiel de Francis Lemarque consultation du 26 mai 2010.
  3. Cf. francislemarque.fr, consultation du 26 mai 2010.
  4. http://www.amitiefrancecoree.org/pages/Histoire_de_lAssociation-268687.html.
  5. Cf. Paris Populi, consultation du 26 mai 2010.
  6. Future femme de Stanley Kubrick
  7. Il est décoré le jour de son 75e anniversaire, le 25 novembre, au Balajo, rue de Lappe, par le ministre de la Culture, Jack Lang.

Liens externes

Sites sur l'artiste

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