Igbos
Les Igbos sont une ethnie habitant le sud-est du Nigeria. Ils constituent 18 % de la population du pays et donc représentent ainsi le troisième ethnique le plus important du pays. Ils parlent l' igbo, une langue de type nigéro-congolais. Ce sont des agriculteurs majoritairement chrétiens, dont la société est basée sur un système de classes d'âges.

lors d'un festival culturel
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25 000 000 |
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Population totale | plus de 30 millions |
Régions d’origine | Sud-est du Nigeria |
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Langues | igbo, anglais |
Religions | christianisme, protestantisme, religion traditionnelle, judaïsme |
Ethnies liées | Ijaws |

Ethnonymie
Selon les sources, on observe plusieurs variantes : Eboe, Heebo, Ibo, Ibos, Igbo, Igbos[1].
La désignation sous un même ethnonyme de l'ensemble des membres des différents clans igbos ne date que de l'entre deux guerres et des campagnes d'éducation menées à cette époque dans cette région par les missionnaires catholiques[2]. Ceux ci ont emprunté un exonyme que différents groupes igbos ou apparentés employaient pour désigner péjorativement leurs voisins, qualifiés d'esclaves[2]. Ce sens est aujourd'hui perdu et, dans les différents dialectes igbos, le terme correspondant désigne les gens, voire les paysans[2], sauf en igala, où ng'igbo continue de signifier esclaves[3].
Histoire

Avant la colonisation européenne, les Igbos vivaient en clans autonomes, hiérarchisés et indépendants, ayant une structure politique de type démocratique. Certains de ces clans, notamment ceux situés à l'ouest du pays igbo ( Onitsha, Aboh, Oguta ), se sont organisés en royaumes.
Parmi ces clans, certains des plus influents furent :
- le royaume Nri (948-1911), l'un des plus anciens royaumes de l'actuel Nigeria, dont l'influence s'étendait, à son apogée vers le XIVe siècle, sur le tiers du pays igbo. À sa tête se trouve l'Eze Nri (un prêtre-roi vénéré) avec un type de gouvernement théocratique. Dans les territoires sous influence du clan Nri, afin d'assurer des fonctions judiciaires (règlement de conflits) ou accomplir des rituels de purification, s'est développée la société secrète Nze na Ozo;
- la Confédération Aro (1690-1902), union politique se situant dans sud du pays igbo. Cette union politique de 19 cités-Etats deviendra rapidement un pouvoir économique dans la région. La confédération Aro fut une monarchie de type constitutionnelle, dont la capitale fut Arochukwu, située dans l'actuel État d'Abia. Ses principales sources de richesse furent l'exportation d'huile de palme et l'esclavage. De plus, elle jouissait d'une grande influence religieuse ; la principale divinité vénérée dans ce royaume était Ibini Ukpabi, surnommée "Long Juju" par les Britanniques. À sa tête se trouvaient l'Eze Aro, une sorte de roi-prêtre, et un conseil nommé Okpankpo.
Le royaume Aro disparut au début du XXe siècle, à la suite des guerres qui les opposèrent aux Britanniques, jaloux de leur influence dans la région.
L'arrivée des Britanniques dans les années 1870, apportant la religion chrétienne qui sera largement adoptée, fit aussi naître un sentiment d'identité ethnique. À l'indépendance du Nigeria, le pouvoir fut largement tenu par les deux autres ethnies majoritaires (Haoussas et Yorubas) amenant, après de nombreux heurts, à une déclaration d'indépendance sous le nom de Biafra en 1967. La sécession provoqua la guerre du Biafra avec le gouvernement du Nigeria et le conflit et la famine qui s’ensuivirent firent des dizaines de milliers de morts. Le Biafra fut réintégré au reste du Nigeria le .
Langue
L'igbo est la langue parlée par les Igbos. La langue a été utilisée par John Goldsmith comme un exemple pour justifier de s'écarter du classique modèle linéaire de la phonologie comme prévu dans le son Plan de l'anglais. Il utilise l'alphabet latin. L'alphabet Nsibidi est également utilisé par la société Ekpe. L'igbo est une langue tonale, comme le yoruba et le chinois. Il existe des centaines de dialectes différents et autres langues igboïdes tels que l'ikwerre ou l'ekpeye et ses dialectes.
Culture


Les Igbos sont des agriculteurs, devenus catholiques à la suite de la colonisation par les Anglais. Leurs principales cultures sont, entre autres, l'igname, qui est leur culture de base, mais aussi le maïs et le gombo. Traditionnellement, la société Igbo est patriarcale : par exemple, le droit de propriété est patrilinéaire.
La société igbo est également clanique : un clan regroupe plusieurs familles ayant un ancêtre mâle commun. Les réunions de clans sont appelées umuada (pour les femmes) et umunna (pour les hommes), basées sur les classes d'âges : des sortes d'associations entre adultes du même âge, ayant pour but l'entraide et la résolution des problèmes de la communauté.
Aujourd'hui, la plupart des Igbos sont catholiques mais nombreux sont encore ceux qui pratiquent le syncrétisme avec l'Odinani (la religion traditionnelle). La principale fête en pays Igbo est l'Iri Ji (la fête de l'igname).
En pays Igbo, la noix de kola ( Oji, en igbo ) revêt une importance particulière : elle est présente sur les tables à tous les grands événements (mariages, réunions de famille, baptêmes) où elle est cassée en trois parties (cérémonie de l'Iwo Ji) et distribuée aux invités.
Musique
Le style musical Igbo intègre divers instruments à percussion: le udu, sorte de pot d'argile, l'ekwe, formé d'un tronc creusé, et l'ogene, une petite cloche en fer forgé. Parmi les autres instruments existants on peut citer l'opi, un instrument à vent semblable à la flûte, l'igba, instrument à percussion et l'ichaka.
Une autre forme de musique populaire parmi les Igbo est le style Highlife, fusion du jazz et de la musique traditionnelle qui est très populaire en Afrique de l'Ouest. Des exemples de Highlife Igbo moderne peuvent être vus dans la musique de Dr Sir Warrior, d'Oliver De Coque, de Bright Chimezie, et du chef Osita Osadebe, qui sont les quatre plus grands musiciens Highlife Igbo du XXe siècle.
Art
L'art igbo est connu pour ses masques et costumes représentant des personnes, des animaux, voire étant abstraits. La fonction des masques varie cependant selon les communautés.
Des bronzes datés du IXe siècle ont été découverts dans la ville d'Igbo Ukwu. Ces bronzes témoignent d'une maîtrise technique élevée de la part des artisans igbos[4].
Les Igbos pratiquent le Mbari, une forme d'art visuel qui consiste en une maison sacrée construite comme un rite de propitiatoire[5]. Les maisons de Mbari de l’Owerri-Igbo, qui sont de grands abris carrés à plan ouvert, contiennent de nombreuses figures peintes de grandeur nature sculptées dans la boue pour apaiser les Alusi (en) (divinités) et Ala, la déesse de la terre, avec d’autres divinités du tonnerre et de l'eau[6].
Mythologie
Même si aujourd'hui de nombreux Igbos sont chrétiens, l'ancestrale religion igbo est connue sous le nom de « Odinani ». Dans la mythologie igbo, le Dieu suprême est appelé Chukwu (en) ("grand esprit") ; Chukwu a créé le monde et tout ce qu'il contient et est associé à toutes les choses sur Terre. Chukwu est aussi un dieu solaire. Pour les anciens Igbos, le cosmos était divisé en quatre ensembles complexes :
- Okike (Création)
- Alusi (en) (forces surnaturelles ou les Divinités, comme Agwu Nsi, déesse de la divination)
- Mmuo (les esprits)
- Uwa (Le Monde)
Bien que la majorité des Igbos soient chrétiens, la culture igbo est toujours d'actualité et confirmée par toutes les confessions dans l'Igboland. Un exemple de celle-ci est l'Osu, le système des castes.
Cuisine
La nourriture occupe une place de premier plan dans la culture igbo, particulièrement l'igname : un festival annuel lui est consacré, le New Yam Festival[7]. Traditionnellement, la fête du Yam est une fête de la moisson de l'igname organisée en l'honneur d'Ala, déesse de la terre et de la fertilité[8].
- Ugba et okporoko
- Soupe ogbono
- Isusu
- New Yam Festival à Dublin
Population
Le chiffre de la population officielle Igbo au Nigéria est resté controversé, car la majorité des Igbos au Nigéria pensent que le gouvernement a délibérément dégonflé le chiffre officiel de la population Ibo, afin de donner à d'autres groupes ethniques la supériorité numérique. Le CIA World Factbook met les Igbos en population entre 24 et 25 millions. Une sous-estimation délibérée de la population africaine a eu lieu depuis l'époque du colonialisme britannique au Nigeria, où la population Igbo a été mise à 6 à 8 000 personnes.
En Afrique même, ils se répartiraient ainsi :
- Nigeria : 20 005 000
- Cameroun : 78 000
- Ghana : 48 000
- Guinée équatoriale : 21 000
- Gambie : 5 000
La traite négrière transatlantique

La traite négrière transatlantique qui a eu lieu entre le XVIe siècle et le XIXe siècle a fortement affecté les Igbos. La baie de Biafra, avec ses grands ports de commerce des biens et des esclaves dans la zone comprise entre Bonny et Calabar ville, a été la région où la plupart des Igbos ont été pris. Les esclaves sont généralement originaires du littoral ou ont été vendus par d'autres Africains à des marchands d'esclaves européens pour les Amériques. La baie de Biafra a été la troisième zone de départ d'esclaves représentant jusqu'à 14,6 % du trafic total entre 1650 et 1900. Les esclaves Igbo étaient connus pour leur caractère rebelle, avec un fort taux de suicide.
Juifs igbos
Les Juifs igbos pratiquent la religion juive et prétendent provenir de l'émigration hébraïque et ultérieurement juive d'Afrique du Nord et d'Égypte en Afrique de l'Ouest. Des légendes orales parmi les Igbos racontent que cette migration s'est déroulée il y a environ 1500 ans. Il y a actuellement 26 synagogues dans le pays, et la communauté juive est estimée à environ 40 000 personnes, sur un total de 140 000 000 Nigerians . Les communautés d'Abuja avec la synagogue Gihon et celle de Port Harcourt sont parmi les plus importantes.
Les Juifs igbos ne sont pas les seuls Nigérians se réclamant de l'héritage juif. D'autres tribus pratiquent le judaïsme, dont certaines appartenant à l'ethnie Yoruba.
Personnalités d'origine igbo
Arts plastiques
- Chike Aniakor
- Ben Enwonwu
- Krydz Ikwuemesi
- Ada Udechukwu
- Obiora Udechukwu
- Uche Okeke
Acteurs
- Uzo Aduba (1981-)
- Genevieve Nnaji (1979-)
- Caroline Chikezie (1974-)
- Megalyn Echikunwoke (1983-)
- Chiwetel Ejiofor (1974-)
- Paul Robeson (1898-1976)
- Forest Whitaker (1961-)
- Blair Underwood (1964-)
Journalistes
- Christina Anyanwu (1951-)
Musiciens
- P-Square
- Dr Alban
- Nnenna Freelon (1954-)
- Lemar (1978-)
- Prince Nico Mbarga
- Runtown
- Shaffer Chimere Smith (1982-)
- Kele Okereke (1981-)
- Flavour Nabania
- Jidenna Mobisson (1985-)
- Nelly Uchendu (1950 – )
- Tyler, The Creator
Philosophes
- Emmanuel Chukwudi Eze (1963-2007)
Personnalités politiques

Écrivains
- Chinua Achebe (1930-2013)
- Chimamanda Ngozi Adichie (1977-)
- Akwaeke Emezi (1987-)
- Flora Nwapa (1931-1993)
- Chigozie Obioma (1986-)
Sportifs
- Obinna Metu (1988-
- Francis Obikwelu (1978-)
- John Amaechi (1970-)
- Aloysius Anagonye (1981-)
- Kelenna Azubuike (1983-)
- Emeka Okafor (1982-)
- Ime Udoka (1977-)
- Victor Agali (1978-)
- Chioma Ajunwa (1970-)
- Victor Anichebe (1988-)
- Christian Chukwu
- Ugo Ehiogu (1972-)
- Eric Ejiofor (1979-)
- Ifeanyi Emeghara (1984-)
- Victor Ezeji (1981-)
- Nwankwo Kanu (1976-)
- Obinna Nwaneri (1982-)
- Victor Nsofor Obinna (1987-)
- Uche Okafor (1967-)
- Uche Okechukwu (1967-)
- Jay-Jay Okocha (1973-)
- Onyekachi Okonkwo (1982-)
- Isaac Okoronkwo (1978-)
- Oguchi Onyewu (1982-)
Notes et références
- Source RAMEAU, BnF
- Patrick E. Iroegbu, Healing Insanity : A Study of Igbo Medicine in Contemporary Nigeria, p. 106, Xlibris (en), Bloomington (Indiana), 2010 (ISBN 9781450096294).
- S. Miers & I. Kopytoff, Slavery in Africa : Historical and Anthropological Perspectives, p. 153, Presses universitaires du Wisconsin, Madison (Wisconsin), 1979 (ISBN 9780299073343).
- (en) Alice Apley, « Igbo–Ukwu (ca. 9th century) », (consulté le 14 février 2015)
- (en) H. M. Cole, Mbari: Art and Life among the Owerri Igbo, Bloomington, Indiana University Press, .
- Paul Oliver, « African architecture - Geographic influences, Palaces and shrines », dans Encyclopædia Britannica, (lire en ligne).
- (en) New Yam Festival, Enugu State Tourism Board
- Moussa Traoré, « Comprendre la trilogie africaine : la culture Igbo », sur lescahiersdelafrique.f, .
Voir aussi
Bibliographie
- (en) C. J. Garforth, Land Tenure and Agricultural Practice Among the Igbos of Nigeria, University of Cambridge, 1977, 522 p. (thèse)
- (en) Joe Igbokwe, Igbos : 25 years after Biafra, Advent Communications (Nigeria?), 1995, 115 p. (ISBN 9783345907)
- (en) John E. Eberegbulam Njoku, The Igbos of Nigeria : ancient rites, changes and survival, Lewiston, N.Y. ; Lampeter : Mellen, 1990, 284 p. (ISBN 0889461732)
- (en) Obiwu, Igbos of northern Nigeria, Torch, Lagos, 1996 (2e éd.), 100 p. (ISBN 9783256238)
- Françoise Ugochukwu, « Les missions catholiques françaises et le développement des études igbo dans l'est du Nigeria, 1885-1930 », in Cahiers d'études africaines, n° 159, 2000, p. 467-488
- (en) Fabian Ukaegbu, The Igbos : the Afrikan root of nations, Bookreach Ltd, 2002, 536 p. (ISBN 0953766721)
- « Ibo, Igbo », dans Bernard Nantet, Dictionnaire de l'Afrique. Histoire, civilisation, actualité, Larousse, 2006, p. 166-167 (ISBN 2-03-582658-6)
Articles connexes
Liens externes
- Dictionnaire igbo
- (en) Igbo Information (Art & Life in Africa, Université de l'Iowa)
- (en) Chronology for Ibo in Nigeria (fiche du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 2004)
- (en) Igboguide.org - An insight guide to Igboland’s Culture and Language
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