Igname
« Igname » est un nom vernaculaire ambigu désignant en français plusieurs espèces de plantes appartenant au genre Dioscorea, famille des Dioscoreaceae, cultivées dans toutes les régions tropicales du globe terrestre, dans un but alimentaire, pour leurs tubercules riches en amidon. Le terme désigne aussi le tubercule lui-même consommé comme légume-racine. En Amérique du Nord et au Canada, ce qu'on appelle igname est souvent en fait une patate douce.

« Igname » se traduit par « yam » en anglais. Cela vient d’une racine africaine « nyam » qui signifie « manger » et que l’on retrouve dans plusieurs langues africaines : « yamyam » en haoussa, « nyama » en zoulou. Par exemple, les Peuls disent « ngare nyame » pour dire « venez manger » tandis que les Sérères diront « gari nyam » pour le même usage.
Parmi le genre Dioscorea

Muséum de Toulouse.
Principales espèces cultivées
Une « igname » représente le genre Dioscorea dont le tubercule est comestible. D'autres espèces de ce genre ont un tubercule toxique et ne sont pas nommées ainsi.
- L'igname ailée ou grande igname, Dioscorea alata L.
- L'igname de Chine, ou shanyao (山药, ) Dioscorea polystachya Turcz.
- L'igname bulbifère, hoffe, pomme en l'air ou masako, Dioscorea bulbifera L. Igname amère, Dioscorea dumetorum
- L'igname de Guinée jaune, Dioscorea cayenensis Lam.
- L'igname rampante, Dioscorea convolvulacea Schltdl. & Cham.
- L'igname amère ou sauvage, Dioscorea dumetorum (Kunth) Pax
- L'igname des blancs ou petite igname, Dioscorea esculenta (Lour.) Burkill
- L'igname épineuse amère, Dioscorea hispida Dennst.
- L'igname du Japon ou yamaimo (山芋, yamaimo), Dioscorea japonica Thunb.
- L'igname aplatie, Dioscorea nummularia Lam.
- L'igname khmer, Dioscorea oppositifolia L.
- L'igname rouge, Dioscorea pentaphylla L.
- L'igname de Guinée blanche, Dioscorea rotundata Poir., est la plus cultivée de nos jours.
- L'igname couche-couche, Dioscorea trifida L.f.
Description
Ce sont des plantes grimpantes, volubiles, souvent dioïques. Les feuilles pétiolées, cordiformes, sont selon les espèces alternes ou opposées. À leur aisselle se développent des bulbilles pouvant servir à la multiplication de la plante, et parfois consommables (Dioscorea bulbifera).
Les inflorescences axillaires sont des grappes ou des épis; les fleurs femelles, trimères, à ovaire infère triloculaire donnent des samares à trois ailes.
Les tubercules de forme variable, ovoïde à oblongue, parfois aplatie ou en forme de massue allongée, peuvent atteindre 1 m de longueur et leur poids, généralement de 3 à 5 kg, aller jusqu’à 15 kg. Ils sont garnis d’yeux comme les pommes de terre. La peau est généralement jaune, mais peut être presque blanche ou plus foncée de brunâtre à noirâtre. La chair est généralement blanche, parfois jaunâtre.
Composition
La composition chimique des tubercules est voisine de celle des pommes de terre avec environ 25 % d’amidon, mais un peu plus de protéines (environ 7 %, quatre fois plus que le manioc). Ils sont très pauvres en matières grasses et en minéraux, et assez riche en vitamine C.
Certaines variétés, utilisées par l’industrie pharmaceutique, contiennent des substances de trois types :
- des alcaloïdes, dont la dioscorine,
- des tanins,
- des sapogénines, dont la diosgénine qui est aussi utilisée en laboratoire avec d'autres composants pour la préparation de stéroïdes, analogues en particulier de la cortisone, à la progestérone et à des œstrogènes, une fois transformée.
La diosgénine naturelle de l'igname quant à elle, a montré dans différentes études qu'elle intervient comme antioxydant lipophylique et contribue à la bonne transformation des stérols alimentaires[1] (cf references), eux-mêmes sources des hormones stéroïdes endogènes.
Les espèces d'ignames pour l'usage alimentaire ou en complément alimentaire sont principalement Dioscorea alata et Dioscorea opposita.
Utilisation
Les ignames sont une culture importante dans le monde. La récolte annuelle est d’environ 40 millions de tonnes sur 4 millions d’hectares répartis dans 56 pays. Cette culture a néanmoins régressé devant celle du manioc (maniota, kassav, kassava), plus facile à cultiver selon les variétés, les sols… Les principaux pays producteurs sont en Afrique de l’Ouest :
- Nigeria : 26 millions de tonnes
- Ghana : 4 millions
- Côte d'Ivoire : 3 millions
- Bénin : 2 millions
- Togo : 0,6 millions
- Cameroun : 0,3 millions
Ou en Océanie (production vivrière)
- Vanuatuignames précoces
- Îles Salomon
- Nouvelle-Calédonie oú l'on cultive surtout Dioscorea alata
- Nouvelle-Guinée
Les tubercules riches en amidon sont consommés presque exclusivement dans les régions tropicales.
Les ignames se consomment cuites, braisées, ou frites. Selon les espèces et variétés, le goût est très variable, très agréable, tendre et sucré dans certains cas, farineux, à goût de châtaigne le plus souvent. Certaines espèces sont (en Afrique), âcres ou amères, mais non toxiques.
Les espèces d'igname alimentaire, Dioscorea opposita, Dioscorea alata, sont également consommées sous forme d'extrait en complément alimentaire. Les peuples autochtones en font également de la bière traditionnelle, tel le kalali de Guyane.
Production
Production en tonnes. Chiffres 2004-2005 | |||||
![]() | 26 870 000 | 67 % | 26 870 000 | 67 % | |
![]() | 3 225 259 | 10 % | 3 225 259 | 10 % | |
![]() | 3 000 000 | 8 % | 3 000 000 | 8 % | |
![]() | 2 725 254 | 6 % | 2 725 254 | 6 % | |
![]() | 570 000 | 1 % | 570 000 | 1 % | |
![]() | 350 000 | 1 % | 350 000 | 1 % | |
![]() | 310 205 | 1 % | 333 532 | 1 % | |
![]() | 310 000 | 1 % | 310 000 | 1 % | |
![]() | 280 000 | 1 % | 290 000 | 1 % | |
![]() | 286 494 | 1 % | 280 000 | 1 % | |
Autres pays | 1 957 573 | 5 % | 1 666 667 | 5 % | |
Total | 39 827 785 | 100 % | 39 567 712 | 100 % |
Ipomoea batatas
Par extension, en Amérique du Nord et au Québec, ce qu'on appelle « igname » est souvent, en fait, une patate douce (Ipomoea batatas). Elle a pris ce nom en raison de sa ressemblance avec les tubercules d'ignames « véritables ».
Importance culturelle
L'igname tient une place importante dans la culture des Igbos, qui organisent traditionnellement la fête du Yam au moment de la moisson de l'igname, en l'honneur d'Ala, déesse de la terre et de la fertilité[2].
Voir aussi
Bibliographie
- Patrice Godin, Tami tok ː L'année igname en pays kanak, Nouméa, Éditions Province Nord, 2009
Articles connexes
Notes et références
- Life Sci. 1996;59(11):PL147-57. Antioxidant activity of dioscorea and dehydroepiandrosterone (DHEA) in older humans.Araghiniknam M, Chung S, Nelson-White T, Eskelson C, Watson RR.Arizona Prevention Center, University of Arizona, School of Medicine, Tucson 85724, USA.
- Moussa Traoré, « Comprendre la trilogie africaine : la culture Igbo », sur lescahiersdelafrique.f, .
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