Joris Ivens

Georg Henri Anton Ivens, dit Joris Ivens, est un réalisateur néerlandais, né le à Nimègue et mort le à Paris.

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Joris Ivens
Joris Ivens en 1971.
Nom de naissance Georg Henri Anton Ivens
Naissance
Nimègue (Gueldre, Pays-Bas)
Nationalité Néerlandais
Décès
Paris (France)
Profession Réalisateur
Documentariste
Films notables Misère au Borinage, Terre d'Espagne, Les 400 Millions, Une histoire de vent, Algérie, année zéro, Le 17e Parallèle
Site internet http://www.ivens.nl/welkom.asp

Ce grand nom du cinéma documentaire, surnommé « le Hollandais volant », porte un regard engagé et poétique sur le développement et ses inégalités.

Biographie

Le père de Joris Ivens était propriétaire de la société CAPI, une entreprise de vente de matériels de prise de vue et de produits pour la photographie. En 1911, à l'âge de 13 ans, Joris Ivens tourne son premier court métrage, La Flèche ardente, une parodie de western dans lequel il filme toute sa famille déguisée en Indiens d'Amérique[1]. Entre 1917 et 1920, il fait des études d'économie à Rotterdam, puis de photochimie à Berlin. En 1926, il est directeur d'une filiale de la société CAPI à Amsterdam, où il filme ses premiers essais et participe activement au manifeste de la Filmliga d'Amsterdam.

À partir de 1927, sur les traces du cinéaste soviétique Dziga Vertov, il travaille à la réalisation de plusieurs courts métrages expérimentaux : Étude de mouvement à Paris et Le Pont en 1928, Pluie en 1929, et le cycle Nous construisons en 1929 et 1930[2]. Ces films ne sont pas seulement des recherches esthétiques, Joris Ivens cherche à filmer la trace de l'homme dans son environnement. En 1930, répondant à une invitation de Vsevolod Poudovkine, il effectue une tournée de quelques mois en URSS pour présenter ses films.

En 1933, il réalise avec Henri Storck l'une de ses œuvres majeures, le documentaire Misère au Borinage, qui dénonce la misère des mineurs et la sauvagerie de l'exploitation prolétarienne dans le Borinage et qui est interdit de projection publique pendant plusieurs années[3]

À partir de cette époque, Joris Ivens parcourt le monde, caméra à l'épaule, pour témoigner des luttes des travailleurs, de l'histoire des peuples et de l'édification du socialisme. En 1937, il tourne Terre d'Espagne, pendant la guerre civile qui ravage le pays[4]. Le film exalte la lutte des républicains contre l’agression franquiste, soutenue par les fascismes italiens et allemands. En 1938, il filme la résistance chinoise contre l’invasion japonaise et l’occupation de la Mandchourie dans le documentaire Les 400 Millions.

En 1940, il part aux États-Unis, où il rencontre Robert Flaherty et réalise Power and the Land (« l’électrification et la terre »), une commande du ministère de l'Agriculture américain destinée à montrer les bienfaits de l'électrification des campagnes. Durant la Seconde Guerre mondiale, Ivens participe à la série documentaire Pourquoi nous combattons, dirigée par Frank Capra.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Joris Ivens repart aux quatre coins du monde et filme les peuples en lutte pour leur indépendance. En 1946, il tourne Indonesia Calling pendant une grève des dockers et des marins indonésiens contre la colonisation de leur pays. Entre 1947 et 1951, il s'intéresse aux démocraties populaires en Europe centrale et filme Les Premières Années et La paix vaincra. En 1954, il travaille sur un film de montage, Le Chant des fleuves, dans lequel il montre la vie des hommes dans différents pays du monde.

À partir de 1957, Joris Ivens s’établit en France, c'est l'occasion d'une collaboration avec Jacques Prévert sur le documentaire La Seine a rencontré Paris, qui obtient la Palme d'or du court métrage lors du Festival de Cannes 1958[5]. Puis il repart en Asie et tourne Lettres de Chine en 1958. L'année suivante, en Italie, il réalise le documentaire L'Italie n'est pas un pays pauvre.

Beaucoup de pays d'Afrique francophone obtiennent leur indépendance au début des années 1960 ; c'est dans ce contexte que Joris Ivens filme les conditions de vie des Maliens pour Demain à Nanguila (1960). En 1964, il filme la troisième campagne électorale présidentielle de Salvador Allende et tourne Le Train de la victoire. Durant cette période, il forme des cinéastes et des techniciens dans les pays où il séjourne. Il met en avant une esthétique du documentaire fondée à la fois sur un travail objectif, mais aussi sur une poésie de l'image. En 1967, il coréalise avec d'autres cinéastes (Claude Lelouch, Alain Resnais, Agnès Varda, Chris Marker, Jean-Luc Godard et William Klein), le film Loin du Vietnam[6].

Durant les années 1970, il tourne très souvent en Asie et notamment en Chine. Entre 1971 et 1976, il regroupe plusieurs films sous le titre Comment Yukong déplaça les montagnes. Cette série de 12 films sur la Chine représente plus de 11 heures de projection et exprime diverses perceptions d'un pays alors en pleine mutation[7]. Le philosophe Bernard Sichère, militant maoïste dans les années 1970, juge avec le recul ce documentaire « inouï [...], irremplaçable dans le dogmatisme même de son parti pris »[8].

Pour son ultime film, Une histoire de vent, il retourne en Chine en 1988 alors qu'il a 90 ans. Ce documentaire est co-réalisé avec son épouse Marceline Loridan-Ivens, sa collaboratrice sur de nombreux projets. Ce dernier film est une œuvre lyrique, dans laquelle le cinéaste raconte son histoire, celle d'un homme qui tente de filmer le vent[9].

Joris Ivens décède en 1989. Il est inhumé au Cimetière du Montparnasse, à Paris. Depuis 1990, il existe une Fondation européenne Joris Ivens installée à Nimègue.

Filmographie

Les films d'Ivens ont été montrés à des millions de spectateurs, principalement dans les pays socialistes. En France, beaucoup furent interdits et peu sortirent commercialement.

Longs métrages

Courts métrages

Distinctions

Joris Ivens, acteur

En 1986, Joris Ivens joue le rôle du docteur Digitalis dans Havre, troisième et dernier long métrage réalisé par Juliet Berto, ex-égérie de Jean-Luc Godard et Jacques Rivette.

Notes et références

  1. « Ciné-Ressources – Joris Ivens », sur cineressources.net (consulté le 23 septembre 2012)
  2. Joris Ivens, Arte vidéo, mars 2009. DVD 1 : 1912 - 1933
  3. José Fontaine, « Critique: Misère au Borinage (Storck et Ivens) », sur larevuetoudi.org/ (consulté le 23 septembre 2012)
  4. Joris Ivens, Joris Ivens, cinquante ans de Cinema, Centre national d'art et de culture, , 95 pages p.
  5. « Le Palmarès 1958 », sur festival-cannes.fr (consulté le 2 octobre 2012)
  6. « Loin du Vietnam », sur unifrance.org (consulté le 23 septembre 2012)
  7. « Joris Ivens. Cinéaste du monde », sur monde-diplomatique.fr (consulté le 23 septembre 2012)
  8. Mai 68, Mao, Badiou et moi, Bernard Sichère, La Règle du jeu, 11 avril 2010.
  9. « Joris Ivens », sur ivens.nl (consulté le 23 septembre 2012)
  10. (es) « Real Decreto 1727/1983, de 22 de junio, por el que se concede la Medalla al Mérito en las Bellas Artes, en su categoría de oro, a don Julio Caro Baroja », Boletin Oficial del Estado, Madrid, no 150, , p. 18387 (lire en ligne).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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