Lacoste (entreprise)
Lacoste France[2] (anciennement La Chemise Lacoste) est une entreprise française, filiale du groupe Suisse Maus Frères Holding. Elle est spécialisée dans la confection de prêt-à-porter haut de gamme masculin et féminin. Elle a été fondée en 1933 par André Gillier et René Lacoste à la suite de la retraite du célèbre joueur de tennis. André Gillier est l'inventeur de la maille qui fit la renommée de la marque. Lacoste est maintenant un groupe qui distribue vêtements, souliers, accessoires et parfums. Son rachat par le groupe suisse Maus Frères Holding pour un coût estimé à plus de 1 milliard d'euros[3] a eu lieu en .
Lacoste | |
![]() Logo de Lacoste | |
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Création | 1933
1976 (société actuelle) |
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Fondateurs | André Gillier René Lacoste |
Personnages clés | André Gillier René Lacoste Christophe Chenut |
Forme juridique | Société anonyme |
Slogan | Life is a beautiful sport |
Siège social | Paris![]() |
Direction | Didier Lalance (05-02-2016) |
Actionnaires | Maus Frères |
Activité | Commerce de gros interentreprises d'habillement et de chaussures. |
Produits | vêtements,vêtements de sport, parfums, chaussures, maroquinerie, lunettes, montres, ceintures et textiles de maison. |
Société mère | Lacoste (holding) |
Effectif | 579 (2018) |
SIREN | 307258301 |
SIREN | 542011606[1] |
Site web | www.lacoste.com |
Chiffre d'affaires | 236 377 086 € en 2018 |
Résultat net | 18 492 000 € (2018) |
Histoire
Faits marquants
André Gillier, leader de la bonneterie française et René Lacoste s'associent et fondent en 1933 la compagnie à la suite de l'invention de la chemise (« modèle L 12 12[4] », nom de code de la chemise Lacoste en 1927) que le joueur de tennis René Lacoste avait popularisée à la fin des années 1920, alors qu'il dominait les palmarès mondiaux de ce sport. Pour la première fois, une marque est ostensiblement visible sur un vêtement de sport. Cette chemise blanche en jersey petit piqué (tissu léger et aéré), à manches courtes et au col en maille bord-côtes (pour lui donner de la tenue et protéger du soleil la nuque des joueurs) est destinée à l'origine pour les joueurs de tennis mais rapidement aussi pour le golf, René Lacoste étant marié à la championne de golf Simone de la Chaume[5].
Rapidement, un catalogue est distribué et les premières années laissaient présager un certain engouement des consommateurs, atténué pourtant par la Grande Dépression. En 1940, les activités de la firme furent arrêtées en raison de la Seconde Guerre mondiale, mais elles reprirent dès 1946[6]. Au début des années 1950, apparut une gamme de coloris pour la chemise en petit piqué de cotons et commencèrent les exportations vers l’Europe (Italie) et vers les États-Unis. Dans les années 1960, la compagnie diversifia son offre avec une révolution : la Wilson T2000, première raquette de tennis en acier inventée par René Lacoste en 1953.
En 1968, avec la participation de l'entreprise de parfums Jean Patou, Lacoste mit sur le marché le premier parfum « Lacoste » pour hommes[7].
Dans les années 1980, l'expansion de l'entreprise s'accéléra avec l'ouverture des premiers magasins de ce qui deviendra une chaîne internationale. En 1985, Lacoste pénétra le marché des souliers de sport.
Depuis 2000, Christophe Lemaire, créateur de sa propre marque depuis 1990, prend la responsabilité de la direction artistique de l’activité vêtements de Lacoste. Pour ses premières créations, Lemaire opte pour une panoplie minimaliste et preppy, simple et fonctionnelle inspirée des vêtements quotidiens et de l'héritage de la marque[8].
En 2001, avec le rachat de la société Jean Patou par le géant américain Procter & Gamble[9], la chemise Lacoste et celle-ci s'entendent pour permettre à P&G la création, l'élaboration et la mise en marché de produits de beauté et parfums Lacoste, sous licence de cette dernière.
En 2006, Prudence Millinery conçoit des bandeaux et des casquettes pour la maison de sport Lacoste à l'occasion de leur collection printemps / été.
Le , lors d'un conseil d'administration, Sophie Lacoste[n 1] alliée à d'autres membres de sa famille élimine son père Michel du conseil d'administration, reniant ainsi les engagements auxquels elle avait souscrit. Elle se fait ensuite élire à la présidence de l'entreprise, avec le soutien des trois administrateurs représentants l'actionnaire Maus. Ce dernier se ralliant historiquement au choix majoritaire de la famille Lacoste. Michel Lacoste, pensant sa fille « incompétente[10] », décide alors de vendre ses parts et celles de ses neuf soutiens au groupe Suisse Maus, déjà actionnaire minoritaire de la société via l'entreprise Devanlay[11]. Sa fille Sophie, et les autres membres de la famille la soutenant, vendent à la suite[10]. Maus; qui a proposé à l'ensemble des héritiers de la famille Lacoste de racheter leurs parts, acquiert ainsi l'ensemble du capital de l'entreprise Lacoste, alors qu'il en détenait jusqu'alors 35 %. Le prix de ce rachat valorise Lacoste à 1 milliard d'euros[12],[13],[14].
Origine du logo
Selon René Lacoste lui-même, l'origine du logo de la marque (un crocodile vert) viendrait d'un pari que lui avait lancé le capitaine de l'équipe de France de tennis lors de la Coupe Davis en 1925 : alors qu'il s'extasiait devant une mallette en croco dans une vitrine, le capitaine lui aurait promis une valise en alligator s'il gagnait un match important. Bien qu'il ait perdu le match, un journaliste au courant du défi le surnomme « l'alligator ». Le public américain aurait alors retenu ce surnom, qui « soulignait la ténacité dont [il faisait] preuve sur les courts de tennis, ne lâchant jamais [sa] proie »[15]. C'est Robert George qui lui dessine le crocodile brodé sur la poche de son blazer dès 1926 puis sur les chemises en coton aéré qu'il fait confectionner pour son usage personnel en 1933 (alors qu'à l'époque le tennis reste un sport d'aristocrate joué en chemise blanche à col en tissu chaîne et trame, à manches longues[16] et boutons de manchettes), qu'il porte désormais sur le court ou en dehors, et qui deviendra le symbole de la marque. Le logo varie selon les tailles et couleurs avant que René Lacoste tranche pour un petit crocodile vert à écailles blanches, gueule ouverte et rouge[17].
L'entreprise

Lacoste fait partie du Comité Colbert et était détenue à 65 % par la famille descendante de René Lacoste, la société Devanlay, licencié mondial des vêtements Lacoste, contrôlant les 35 % restants.
Le , Bernard Lacoste qui présidait l'entreprise démissionne pour raisons de santé (il décèdera en ) et c'est son frère Michel Lacoste qui est nommé président directeur général de Lacoste S.A.
Le , Franck Riboud (PDG de Danone) rejoint le conseil d'administration.
Le , Christophe Chenut devient le Directeur Général de la société, Michel Lacoste demeure le président.
Le , le groupe Suisse Maus Frères Holding prend le contrôle de 100 % de l'entreprise[18].
Le , le Conseil d'administration entérine le remplacement de Christophe Chenut par José Luis Duran, PDG de Devanlay, à la Direction générale de l'entreprise.
Le , Thierry Guibert, ancien patron de Conforama, prend la direction générale de Maus Frères International/Lacoste. Il remplace José Luis Duran, en poste depuis 2009[19].
Modèle économique
Le modèle économique de la société repose sur l’idée de René Lacoste visant à additionner les expertises. Le groupe se positionne comme une marque de luxe, 80 % de ses clients étant des hommes CSP+. La société Lacoste, propriétaire de la marque Lacoste, anime, contrôle et coordonne les licences accordées aux différents partenaires : Devanlay pour les vêtements (60 % du chiffre d’affaires du groupe en 2011) et la maroquinerie (3 %), Pentland pour les chaussures (17 %), Procter & Gamble pour les parfums (14 %), Marchon pour les lunettes (2 %), Movado pour les montres (2 %), Zucchi (et Uchino au Japon) pour le linge de maison (1 %) et GL Bijoux pour les bijoux (1 %)[20],[21].
En 2017, le groupe revendique 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 1 200 boutiques, 10 000 salariés, 19 boutiques en ligne et une présence dans 120 pays et 10 600 points de vente[22]
En 2018, Lacoste obtient un score de 6 % de transparence sur la traçabilité et sa politique sociale et environnementale au Fashion Transparency Index élaboré par Fashion Revolution (en), soit l'un des plus bas des 150 entreprises du textiles les plus importantes à l'échelle mondiale[23].
Plus de 70 % des vêtements Lacoste sont manufacturés hors de l'Europe[24].
Communication
Le « cas Lacoste » est souvent utilisé en marketing comme exemple pour l'étude de la communication d'entreprise. En effet, dans les années 1990, la marque s'adressant à un cœur de cible BCBG se retrouva associée aux jeunes de banlieue parisienne. Ainsi, elle dut changer sa politique de communication pour mieux marquer ses valeurs[25] et retrouver sa clientèle originelle. C'est donc un exemple de positionnement voulu (par la marque) et de positionnement perçu (par les consommateurs).
La communication chez Lacoste a fait, en , le pari de l'inscription dans la modernité en organisant sur Second Life un concours de mannequinat. Les modèles qui ont gagné le concours se sont partagé une somme de 1 000 000 Linden Dollars, la monnaie interne au métavers[26].
En 2011, l'entreprise eut de nouveau un problème d'image car Anders Behring Breivik, condamné le pour les attentats de 2011 en Norvège, portait un polo Lacoste sur certaines photographies[27].
Usine en France
Le groupe Devanlay, qui produit la totalité des polos et chemises griffés Lacoste, emploie près de 8 000 personnes dans 114 pays (dont environ 1321 personnes en France, en 2015[28]) répartis sur une vingtaine de sites dans le monde dont une douzaine en France. Sur le site de productions troyen de Devanlay, six hectares sont dédiés à la confection en plein cœur de la ville. L’entreprise assure la fabrication du renommé polo Lacoste, ainsi que des autres articles textiles griffés du célèbre crocodile. Lacoste fait partie des rares entreprises qui produisent encore une petite partie de ses produits dans son pays d'origine[29] alors que les concurrents tel que Ralph Lauren ont choisi de délocaliser toutes leurs productions vers la Chine ou autres pays à bas coût[réf. nécessaire]. Toutefois cette considération est à relativiser car même les commandes de l'armée et de la gendarmerie françaises sont honorées dans les usines Devanlay installées à l'étranger... D'autre part le nombre de 2000 employés qui travaillaient pour Lacoste a nettement chuté, qu'il serait passé à 1200 personnes environ selon La Voix Du Nord[30]. On peut également considérer plus récemment le chiffre officiel de 1321 employés environ mentionné dans le Registre du Commerce des Sociétés (RNCS), soit une chute de 35 % de l'effectif Lacoste-Devanlay en France en l'espace d'une décennie.
Notes et références
Notes
- Par la suite, Sophie Lacoste reprend avec son frère Philippe la marque Fusalp.
Références
- Global LEI index, (base de données web), consulté le
- « LACOSTE FRANCE (PARIS 9) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 307258301 », sur www.societe.com (consulté le 5 juin 2019)
- « Lacoste racheté par le suisse Maus », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le 8 avril 2017)
- L pour Lacoste, 1 pour le petit piqué, 2 pour manches courtes, 12 pour le nombre d'essais avant de parvenir à ce prototype.
- Christophe Chenut, émission Sport Eco sur BFM Business, 26 mai 2012
- « Lacoste », sur tendances-de-mode.com, (consulté le 23 septembre 2013)
- LSA – Libre Service Actualités, « Lacoste, du tennis au polo », lsa-conso.fr, (lire en ligne, consulté le 16 janvier 2018)
- Frédéric Martin-Bernard, « Christophe Lemaire dans la peau du croco Lacoste », le Figaro,
- « Le groupe américain Procter & Gamble rachète les parfums Jean Patou », lesechos.fr, (lire en ligne, consulté le 16 janvier 2018)
- Corinne Bouchouchi, « Renaissance : des crocs dans le fuseau », L'Obs, no 2625, , p. 76 (ISSN 0029-4713)
- Le Suisse Maus croque le crocodile Lacoste - Libération du jeudi 8 novembre 2012[source insuffisante]
- Lacoste : le rachat bouclé - Le journal Les Échos du 16 novembre 2012[source insuffisante]
- Thiébault Dromard, « Comment le clan Lacoste a fini par céder le joyau familial », Entreprise, sur challenges.fr, Challenges, (consulté le 20 décembre 2012)
- 1 milliard d'euros le prix de Lacoste - Le Figaro Économie, 16 novembre 2012
- http://www.lacoste.com/library/pdf/LACOSTE_history_histoire.pdf
- L'usage autorise à relever la manche du bras qui tient la raquette mais Lacoste ne se satisfait pas de ce bricolage et fait couper les deux manches, gardant le col bord-côtes, pour ne pas trop heurter le protocole, et adoptant un tissu léger et aéré en maille, le jersey petit piqué.
- Daniel Cauzard, Jean Perret, Yves Ronin, Le livre des marques, Du May, , p. 96
- « Le Suisse Maus prend le contrôle de 100 % du capital de Lacoste », sur fashion-dailynews.com, Éditions Larivière, (consulté le 15 novembre 2012)
- « Thierry Guibert à la tête de Lacoste : quel cahier des charges après le départ de José Luis Duran? », sur lsa-conso.fr (consulté le 10 mai 2016)
- http://www.lacoste.com/library/pdf/LACOSTE_presskit_FR.pdf
- « Lacoste retrouve un appétit de crocodile », sur Tribune de Genève,
- « Le groupe Lacoste | LACOSTE », sur www.lacoste.com (consulté le 28 décembre 2018)
- (en) « Fashion Transparency Index »,
- Maurice Midena, « L’Aube sur un fil », sur Le Monde diplomatique,
- Lacoste victime de sa popularité L'Express 2000
- Un (fr) article au sujet de cette campagne de marketing viral
- « Lacoste ne veut plus voir Anders Behring Breivik avec un croco », Libération, (consulté le 7 septembre 2011)
- « LACOSTE OPERATIONS (PARIS 9) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 562880468 », sur www.societe.com (consulté le 20 mars 2017)
- http://madame.lefigaro.fr/style/secret-grandes-griffes-lacoste-lart-pique-190708-12750
- (en) « A 80 ans, le polo Lacoste est toujours une icône et l’assurance-vie du groupe », sur La Voix du Nord (consulté le 20 mars 2017)
Voir aussi
Bibliographie
Ouvrages
- Patricia Kapferer et Tristan Gaston-Breton, La Légende Lacoste, Le Cherche Midi, (ISBN 2862749117)
- Patricia Kapferer et Tristan Gaston-Breton, Le Style René Lacoste, L'Équipe, (ISBN 2915535698)
Articles de presse
- Thiébault Dromard, « Lacoste passe au mode féminin », Challenges, no 288, , p. 48 à 49 (ISSN 0751-4417)
- Thiébault Dromard, « Lacoste fatale déchirure », Challenges, no 317, , p. 42 à 45 (ISSN 0751-4417) Cet article décrit longuement et avec précision la généalogie de la famille Lacoste et les pouvoirs de chacun juste avant le rachat de fin 2012 par Devanlay.