Lerne

Lerne (en grec ancien Λέρνη / Lérnê ; en grec moderne Λέρνη / Lérni) est le nom d'une zone côtière au sud d'Argos dans le Péloponnèse, connue pour ses nombreuses sources formant un marécage lagunaire. Arrosée par le fleuve Érasinos, drainée au XIXe siècle, c'est une zone commerciale et industrielle au sud de la ville de Mýloi (les Moulins), chef-lieu de l'ancien dème de Lerne, devenu en 2011 un district municipal du dème d'Argos-Mycènes.

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Elle abrite un site archéologique de l'âge du bronze, le mieux documenté du Péloponnèse pour la période comprise entre -2700 et -2200[1]. On y trouve en particulier les premières traces du pourtour de la mer Égée d'une gestion centralisée de stocks de denrées[1].

Dans la mythologie, le marais de Lerne était le repaire de l'Hydre, monstre tué par Héraclès, mais dès l'antiquité la légende fut mise en doute : selon les Histoires incroyables de Paléphatos de Samos[2], l'Hydre n'était pas un monstre à plusieurs têtes, mais au choix un roi, un territoire, une cité rivale de Mycènes, voire le marais lui-même, dont les eaux qui l'alimentaient rendaient vains les efforts entrepris pour le drainer avec les moyens de l'époque, le mot Hydre signifiant « aquatique », « humide », « mouillé », et les « têtes renaissantes » symbolisant la résurgence des sources.

L'abondance des sources et la fertilité du terroir de Lerne apparaissent aussi dans le mythe d'Amymone.

Site archéologique de Lerne

Vue partielle de la Maison des Tuiles.

Le site se trouve sur un monticule[3] à la sortie méridionale de Mýloi, très près du rivage du golfe Argolique, entre la route nationale d'Argos à Tripoli et l'ancienne voie ferrée, au sud d'un ruisseau qui découle d'une source abondante.

Il a été fouillé entre 1952 et 1958 par l'American School of Classical Studies at Athens (en) sous la direction de John Caskey.

Le site a été occupé du VIIe millénaire au début du Ier millénaire av. J.-C., c'est-à-dire du Néolithique jusqu'à la fin de l'époque mycénienne et un peu au-delà. Les fouilles ont permis de mettre en évidence une stratigraphie particulièrement claire pour l'âge du Bronze.

La Maison des Tuiles, appelée ainsi en raison des milliers de plaques en terre-cuite ou en schiste destinées à la couverture, est le bâtiment le plus remarquable : il s'agit d'un édifice fortifié datant du Bronze ancien (Helladique ancien II), palais ou centre administratif. Un hangar a été édifié pour le protéger.

Le matériel des fouilles de Lerne est conservé au musée archéologique d'Argos. Les archives sont à Athènes à l'American School[4]

Notes et références

  1. Brigitte Le Guen (dir.), Marie-Cécilia d'Ercole et Julien Zurbach, Naissance de la Grèce : De Minos à Solon. 3200 à 510 avant notre ère, Belin, coll. « Mondes anciens », (ISBN 978-2701164922), chap. 1 (« Le monde égéen avant Mycènes. »), p. 38-39.
  2. Palaiphatos, Histoires incroyables [détail des éditions] (lire en ligne) XXXVIII
  3. Le monticule, artificiel, vient de la superposition des débris des établissements successifs. De forme ovale, il mesure 180 m dans le sens est-ouest et 160 m dans le sens nord-sud ; il s'élève à 5,5 m au-dessus des terrains environnants. John L. Caskey, « Excavations at Lerna, 1952-1953 », Hesperia: The Journal of the American School of Classical Studies at Athens, 23, 1, 1954, p. 3.
  4. Lerna Excavations Catalog.

Voir aussi

Bibliographie

  • Émile Chambry, Émeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. Émile Chambry), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p. (ISBN 9782221109021), p. 1128. 
  • (en) Jack L. Davis, « Lerna », in Nancy Thomson de Grummond (dir.), Encyclopedia of the History of Classical Archaeology, Routledge, 1996, p. 676-677 (en ligne).
  • (en) Martha Heath Wiencke, « Lerna », in Eric H. Cline (dir.), The Oxford Handbook of the Bronze Age Aegean, Oxford University Press, 2012.

Publication des fouilles de Lerne

  • Lerna, a preclassical site in the Argolid. Results of excavations conducted by the American School of Classical Studies at Athens, Princeton, American School of Classical Studies at Athens, 1969-
    • Vol. I, Nils-Gustaf Gejvall, The Fauna, 1969.
    • Vol. II, J. Lawrence Angel, The people, 1971. (ISBN 0-87474-098-3)
    • Vol. III, Jeremy B. Rutter, The pottery of Lerna IV, 1995. (ISBN 0-87661-226-5)
    • Vol. IV, The Architecture, stratification, and pottery of Lerna III, 2000. (ISBN 0-87661-304-0)
    • Vol. V, Martha Heath Wiencke, The neolithic pottery from Lerna, 2007. (ISBN 978-0-87661-305-4)
    • Vol. VI, Elizabeth Courtney Banks, The settlement and architecture of Lerna IV, 2013. (ISBN 978-0-87661-306-1)
    • Vol. VII, Elizabeth Courtney Banks, The neolithic settlement, 2015. (ISBN 978-0-87661-307-8)
    • Vol. VIII, Brice L. Erickson, The Historical Greek Village, 2018, 520 p. (ISBN 9781621390343) (en ligne)
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