Marius Petipa
Michel-Victor-Marius-Alphonse Petipa (en russe : Мариус Иванович Петипа, Marius Ivanovitch Petipa ; né à Marseille le et mort à Gourzouf en Crimée le ) est un danseur, maître de ballet et chorégraphe français qui vécut en Russie de l'âge de 29 ans jusqu'à sa mort[1],[2].

Nom de naissance | Michel Victor Marius Alphonse Petipa |
---|---|
Naissance |
Marseille (France) |
Décès |
(à 92 ans) Gourzouf (Crimée, Empire russe) |
Activité principale | danseur, chorégraphe |
Années d'activité | 1823-1903 |
Ascendants | Jean-Antoine Petipa (père, danseur) |
Conjoint |
Maria Sourovchtchikova Lioubov Leonidovna Savitskaïa |
Descendants |
Marie Petipa (fille, danseuse) Marius Marioussovitch Petipa (fils, acteur) Viktor Petipa (fils, acteur) Mari Petipa (fils, acteur) Nikolaï Radine (petit-fils, acteur) |
Famille | Lucien Petipa (frère aîné) |
Œuvres principales
La Belle au bois dormant (1890)
Casse-noisette (1892)
Le Lac des cygnes (1895)
Biographie
Fils du danseur et maître de ballet Jean-Antoine Petipa (1787-1855) et de la comédienne Victorine Morel-Grasseau (1794-1860) originaire de Saint-Domingue, il est le frère cadet du danseur Lucien Petipa[3].

Débuts
Marius fait ses premiers pas sur la scène du Théâtre de la Monnaie à l'âge de cinq ans, dans le ballet de Pierre Gardel La Dansomanie[4]. Quittant Bruxelles en 1835, il danse à Bordeaux, puis chorégraphie ses premières œuvres à Nantes, de à [5].
Carrière
Après une tournée en Amérique du Nord, Marius Petipa revient à Bordeaux, puis il travaille à Madrid de 1844 à 1846. Engagé l'année suivante comme premier danseur au Ballet impérial russe, il y devient maître de ballet en titre en 1869, travaillant aux théâtres du Ballet impérial (Théâtre Bolchoï Kamenny de Saint-Pétersbourg, Théâtre Mariinsky, Théâtre de l'Ermitage, etc.) jusqu'à sa retraite en 1904[6]. Il enseigne également à l'école de danse, qu'il dirige de 1855 à 1887.
Bon danseur, il est cependant meilleur chorégraphe et signe une soixantaine de ballets, dont plusieurs font date dans l'histoire de la danse[7]. À côté de nombreuses reprises d'œuvres du répertoire (La Fille mal gardée, La Sylphide, Paquita, Coppélia ou Giselle), il crée des ballets qui vont entrer dans le répertoire classique des grandes institutions : La Belle au bois dormant (1890)[8], Casse-noisette (1892) ou Le Lac des cygnes (1895) avec Tchaïkovski, Le Corsaire (1858) et Faust (1867) avec Cesare Pugni, et surtout Don Quichotte (1869) et La Bayadère (1877) avec Léon Minkus[9].
Développant l'art de l'intrigue romantique, il conçoit des ballets en trois ou quatre actes, qui occupent une soirée entière et ne sont plus seulement des divertissements entre deux pièces de théâtre. Il alterne la pantomime et le grand ballet autour d'une distribution nombreuse, où le corps de ballet et les figurants mettent en valeur des solistes brillants. Il fixe le déroulement des « pas de deux » (adage, variations masculine et féminine, coda) et, s'il porte davantage d'attention à la prima ballerina, il oblige les deux partenaires à un travail conjoint très précis et empreint de virtuosité.
S'inspirant tantôt des anciens ballets d'action, tantôt de scènes à caractère traditionnel (italien, espagnol, polonais, russe, etc.), il aura su donner au ballet romantique toute son ampleur et sa vigueur, à tel point que son œuvre constitue encore aujourd'hui la base du répertoire des grandes compagnies classiques et que de nombreuses variations extraites de ses ballets sont toujours au programme des grands concours de danse.
On doit à Rudolf Noureev, lors de son passage à l'Ouest, de faire découvrir au public occidental ces grands ballets jusqu'alors dansés en Russie : La Bayadère, Raymonda, Don Quichotte...
Vie privée
En 1854, il épouse la danseuse Maria Sourovchtchikova (1836-1882) dont il divorce en 1869 et dont il aura une fille, également danseuse, Marie Petipa (1857-1930).
Remarié en 1876 avec la ballerine Lioubov Leonidovna Savitskaïa, il aura six enfants : Nadejda (1874-1945), Evguenia (1877-1892), Viktor (1878-1933), Lioubov (1880-1917), Mari (1884-1922) et Vera (1885-1961). Les quatre filles seront danseuses et les deux fils acteurs.
L'aîné des fils de Marius Petipa (qu'il a eu d'une liaison avec la couturière Teresa Bourden), Marius Marioussovitch Petipa (1850-1919), fut un célèbre acteur dramatique, et son fils, Nikolaï Radine, a aussi été un acteur célèbre.
Œuvres
Saint-Pétersbourg

- 1847 : Catarina ou la Fille du bandit (d'après Perrot), Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1847 : Paquita (d'après Mazilier), Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1848 : Satanella (d'après Le Diable amoureux de Mazilier), Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1849 : Lida ou la Laitière suisse, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1855 : L'Étoile de Grenade, Théâtre Michel (Saint-Pétersbourg)
- 1857 : La Rose, la Violette et le Papillon, théâtre de Tsarskoïe Selo
- 1858 : Un mariage sous la Régence, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1858 : Le Corsaire (d'après Mazilier et Perrot)
- 1859 : Le Marché de Paris, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1859 : La Somnambule (d'après Aumer)
- 1859 : Le Carnaval de Venise, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1860 : Le Dahlia bleu, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1861 : Terpsichore
- 1862 : La Fille du Pharaon, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1863 : La Beauté du Liban, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1865 : La Danseuse en voyage, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1866 : Titania, palais de Charlotte de Wurtemberg
- 1866 : Florida, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1867 : Faust, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1868 : L'Amour bienfaiteur
- 1868 : L'Esclave, Tsarskoïe Selo
- 1868 : Le Roi Candaule, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1869 : Don Quichotte, théâtre Bolchoï de Moscou
- 1870 : Trilby, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1871 : Les Deux Étoiles, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1872 : La Camargo, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1874 : Le Papillon, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1874 : La Naïade et le Pêcheur (d'après Perrot), Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1875 : Les Brigands, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1876 : Les Aventures de Pélée et Thétis, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1876 : Le Songe d'une nuit d'été, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1877 : La Bayadère, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1878 : Roxana, la beauté du Monténégro, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1878 : Ariane
- 1879 : La Fille des neiges, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1879 : Frisac ou la Double Noce, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1879 : Mlada; le Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1880 : La Fille du Danube, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1881 : Paquita (nouvelle version)
- 1881 : Zoraïa ou la Maure en Espagne, Théâtre Bolchoï Kamenny
- 1881 : Markitantka (d'après Saint-Léon), Théâtre Mariinsky
- 1882 : Pâquerette (d'après Saint-Léon)
- 1883 : Nuit et jour
- 1883 : Pygmalion
- 1884 : Coppélia (d'après Saint-Léon)
- 1884 : Giselle (d'après Coralli et Perrot)
- 1885 : La Femme capricieuse (d'après Le Diable à quatre de Mazilier)
- 1885 : La Précaution inutile (d'après La Fille mal gardée de Dauberval)
- 1886 : L'Ordre du roi
- 1886 : Les Offrandes de l'amour
- 1886 : Les Pilules magiques, Théâtre Mariinsky
- 1886 : La Esmeralda (d'après Perrot)
- 1887 : Fiametta (d'après Saint-Léon)
- 1887 : La Tulipe de Haarlem, Théâtre Mariinsky
- 1888 : La Vestale, Théâtre Mariinsky
- 1889 : Le Talisman, Théâtre Mariinsky
- 1889 : Les Caprices du papillon, Théâtre Mariinsky
- 1890 : La Belle au bois dormant, Théâtre Mariinsky
- 1890 : Nénuphar
- 1891 : Kalkabrino
- 1891 : Un conte de fées
- 1892 : La Sylphide (d'après Coralli et Perrot)
- 1892 : Casse-noisette
- 1893 : Cendrillon
- 1894 : Le Réveil de Flore, théâtre du palais de Peterhof
- 1895 : Le Lac des cygnes
- 1896 : La Halte de cavalerie
- 1896 : La Perle
- 1896 : Barbe-Bleue
- 1897 : Thétis et Pélée (nouvelle version des Aventures de Pélée et Thétis), théâtre du palais de Peterhof
- 1898 : Raymonda
- 1899 : Le Corsaire (nouvelle version)
- 1900 : Les Saisons
- 1900 : Les Épreuves de Damis ou les Ruses d'amour, Théâtre de l'Ermitage
- 1900 : Les Millions d'Arlequin[10], Théâtre de l'Ermitage
- 1902 : Le Cœur de la marquise
- 1903 : Le Miroir magique
Dans la fiction
- La Ballerine de Saint-Pétersbourg d'Henri Troyat (2000) conte le destin d'une ballerine russe fictive qui, dès l'âge de neuf ans, est conduite par son père à l'École impériale de danse devant le légendaire Marius Petipa et va s'épanouir sous la férule de ce « magicien ».
- Dans le téléfilm en cinq épisodes d'Emil Loteanu Anna Pavlova sorti en 1983, le personnage de Marius Petipa est incarné par Piotr Goussev.
Galerie
- Carlotta Grisi dans Paquita, 1846.
- M. Petipa, 1870-72.
- Varava Nikitina et Enrico Cecchetti dans The Sleeping Beauty, 1890.
- Mathilde Kschessinskaya et Vera Trefilova dans le ballet Le Réveil de Flore, 1894.
- Barbe-Bleue chorégraphié par M. Petipa, 1896.
- Serge Legat and Pierino Legnani dans Barbe-Bleue, chorégraphié par M. Petipa, 1896.
- Mathilde Felixovna Kschessinskaya dans La Fille du pharaon, v. 1898-1900.
- Scène à l'Imperial Mariinsky Theatrede La Bayadère, musique de Ludwig Minkus, chorégraphie de M. Petipa, 1901.
- Julia Nikolaevna Sedova dans La Fille du pharaon chorégraphié par M. Petipa, 1905.
- Vaslav Nijinsky dans Le Talisman, 1909.
- Les Caprices du Papillon par M. Petipa, St-Petersbourg, 1911.
- Timbres de Russie lors du 175ème anniversaire de sa naissance de M. Petipa, 1993.
- Pièce de 2 roubles d'argent de la Banque de Russie pour le 200ème anniversaire de sa naissance, 2018.
Notes et références
- Philippe Noisette, « Мarius Petipa, le franco-russe », sur lesechos.fr, (consulté le 29 mars 2018)
- « Marius Petipa », sur larousse.fr (consulté le 30 mars 2018)
- Jean-Philippe Van Aelbrouck, Dictionnaire des danseurs: chorégraphes et maîtres de danse à Bruxelles de 1600 à 1830, Editions Mardaga, coll. « Musique, musicologie », (ISBN 9782870095768, lire en ligne), p. 198
- Jean-Philippe Van Ælbrouck, « Marius Petipa, une enfance bruxelloise », Slavica Occitania, n° 43, 2016, p. 69-81 (ISSN 1245-2491)
- Pascale Melani (éd.), Mémoires du maître de ballet des Théâtres impériaux Marius Ivanovitch Petipa, Pessac, Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine, , 185 p. (ISBN 978-2-85892-478-3), p. 171-176
- (en)Marion Kant, The Cambridge Companion to Ballet, Cambridge University Press, coll. « Cambridge Companions to Music », (ISBN 9780521539869, lire en ligne), xxxii
- Ghislaine Milliet, « 2018, année du bicentenaire du chorégraphe marseillais Marius Petipa », sur francetvinfo.fr, (consulté le 30 mars 2018)
- Encyclopaedia Universalis, La Belle au bois dormant (chorégraphie Marius Petipa - 1890), coll. « Les Fiches Spectacle d'Universalis », (ISBN 9782341005081, lire en ligne)
- Van Aelbrouck, Jean-Philippe, « Marius Petipa », sur francearchives.fr (consulté le 30 mars 2018)
- (en)Matthew Naughtin, Ballet Music: A Handbook, Rowman & Littlefield, coll. « Music Finders », (ISBN 9780810886605, lire en ligne), p. 247
Bibliographie
- Jean-Philippe Van Aelbrouck, Dictionnaire des danseurs à Bruxelles de 1600 à 1830, Liège, Pierre Mardaga, 1994 (ISBN 2-87009-576-7).
- Pascale Melani (éd.), Journal du maître de ballet des Théâtres Impériaux Marius Ivanovitch Petipa, Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2018 (ISBN 9782858924707).
- Pascale Melani (éd.), Mémoires du maître de ballet des Théâtres Impériaux Marius Ivanovitch Petipa, Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2019 (ISBN 978-2-85892-478-3).
- Marius Petipa, Mémoires, traduits du russe et complétés par Galia Ackerman et Pierre Lorrain, Arles, Actes Sud, 1990 (ISBN 2-86869-582-5).
- Pascale Melani (éd.), De la France à la Russie, Marius Petipa : contexte, trajectoire, héritage, Toulouse, Slavica Occitania, n° 43, 2016 (ISBN 9791093090023).
- (en) Lilian Moore (éd.), Russian Ballet Master: The Memoirs of Marius Petipa, traduction du russe par Helen Whittaker, Londres, A. & C. Black, 1958.
- (de) Eberhard Rebling (éd.), Marius Petipa. Meister des klassischen Balletts. Selbstzeugnisse, Dokumente, Erinnerungen, traductions du russe et du français d’Urte Härtwig et Brigitte Kupsch, traductions de l’anglais de Peter Zacher, Berlin, Henschelverlag, 1975 (ISBN 3-7959-0229-0).
- (en) Lynn Garafola (éd.), « The Diaries of Marius Petipa », in Studies in Dance History, vol. III, n° 1, 1992 (ISSN 1043-7592).
- (ru) Anna Nehendzi (éd.), Marius Petipa. Materialy. Vospominanija. Stat’i [Marius Petipa. Documents. Souvenirs. Articles], Leningrad, Iskusstvo, 1971 (lire en ligne), lien actif le .
- (ru) Ol’ga Fedorčenko, Ju. A. Smirnov, A. V. Fomkin (éd.), Baletmejster Marius Petipa. Stat’ji, issledovanija, razmyšlenija [Le maître de ballet Marius Petipa. Articles, études, réflexions], Vladimir, « Foliant », 2006 (ISBN 5-88990-057-9).
- (ru) Sergej Konaev (éd.), Marius Petipa. « Memuary » i dokumenty [Marius Petipa. « Mémoires » et documents], Moscou, gctm im. Baxrušina, izd. Navona, 2018 (ISBN 978-5-6040478-3-5).
- (es) Laura Hormigón (éd.), Marius Petipa, Memorias, traduction du russe de Bibicharifa Khakimzianova y Jorge Saura, révisée par Montserrat Alfaro et Cristóbal Lopez, Marius Petipa en España 1844-1847. Memorias y otros materiales, Madrid, Danzarte, 2010 (ISBN 978-84-935950-0-5).
- (it) Valentina Bonelli (éd.), Marius Petipa, Memorie, Rome, Gremese, 2010 (ISBN 978-88-8440-522-7).
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