Porphyre (roche)

Un porphyre est un terme général de pétrographie pour désigner toute roche magmatique qui présente une texture caractérisée par de grands cristaux de feldspath noyés dans une pâte aphanitique. Ces roches font souvent partie du groupe des andésites. On dit aussi qu'une roche a une texture « porphyrique » lorsque des phénocristaux de feldspath sont notablement plus grands que les autres cristaux qui les entourent.

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Texture porphyrique dans un granite ; les phénocristaux de feldspath sont plus larges que les cristaux de la matrice. Est de la Sierra Nevada, Rock Creek Canyon, Californie. L'échelle est de 2.0 cm.

Certaines variétés de porphyres sont utilisées depuis l'Antiquité comme pierre ornementale pour des sculptures, colonnes, vasques, plaques d'ornements, etc. C'est l'origine du terme « porphyre », du grec ancien πορφύρα, porphýra (« pourpre »), en référence à la variété rouge qui était la plus connue.

Deux variétés ont été particulièrement utilisées dans l'histoire, notamment dans la Rome antique, ils sont classés dans les « marbres antiques » :

  • le porphyre rouge antique (lapis porphyrites, pierre pourpre) qui est une andésite à faciès paléovolcanique dont les feldspaths et la pâte sont colorés par de l'épidote rose (piémontite). Les carrières se trouvent sur le djebel Dokhan (nom ancien : Mons Porphyrites ou Mons Igneus), une chaîne montagneuse située à l’ouest de Hurghada, en plein désert oriental égyptien. Il fut essentiellement connu et exploité durant la période romaine où il était une roche très prestigieuse, on en fit de grandes vasques, des sculptures, des colonnes monumentales, des sarcophages impériaux et des décors de placage.
  • le porphyre vert antique ou serpentin (lapis lacedaemonius, pierre de Lacédémone), qui est une andésite à faciès paléovolcanique à pâte vert foncé, avec de nombreux grands cristaux de labradorite pseudomorphosés par de l'épidote vert pistache, et de rares pyroxènes noir. Il est issu des carrières de Lacédémone (aussi connue sous le nom de Sparte, dans le Péloponnèse en Grèce), il était déjà exploité aux époques minoenne (1700 av. J.-C.) et mycénienne, il connut une grande diffusion à Rome à l’époque Flavii et il était recherché au Moyen Âge et à la Renaissance. Sa disponibilité en petits blocs le destinait plutôt vers de petites colonnes, vases, plaques de revêtement (opus sectile) et mosaïques.

Étymologie et symboles

Le nom de cette roche est issu de la couleur pourpre, associée à la pourpre impériale depuis le règne de Dioclétien (Rome, IIIe siècle) mais aussi au sang du Christ.

Histoire, gisements

Les fonts baptismaux de la cathédrale de Magdebourg sont faits de porphyre rouge antique d'Égypte, exploité par les Romains dans l'Antiquité mais inconnu et inexploité durant le Moyen-Age, il s'agit donc de réemploi de porphyre de monuments romains.

Le porphyre peut prendre de nombreuses couleurs, mais c'est le rouge qui est historiquement le plus prestigieux.

Le porphyre rouge semble être inconnu et inexploité durant toute l’Égypte pharaonique (bien que d'autres roches assez proches et de couleurs différentes sont parfois utilisées pour la fabrication de vases dans l’Égypte pré-dynastique, mais plus par la suite). Il semble découvert et utilisé pour la première fois sous les Ptolémées. L'Égypte possède le seul gisement connu pendant l'Antiquité, situé en plein désert au niveau du Djebel Dokhan. C'est essentiellement durant la période romaine qu'il fut le plus intensément exploité. Le coût en main-d’œuvre pour son extraction et son acheminement en gros blocs était exorbitant. Ceci ajouté à l’extrême dureté de cette roche (bien plus dure que les marbres calcaires) qui demandait des années pour être travaillée et sculptée avec les outils de l'époque, ainsi qu'à sa couleur rouge pourpre intense (la couleur du pouvoir), elle était naturellement considérée comme la roche la plus prestigieuse dans l'Antiquité romaine où elle était un des symboles de la toute puissance impériale et réservée à l'ornement des monuments de stature impériale. L’exploitation du gisement s'est arrêtée et sa connaissance perdue dans le courant de la première partie du Moyen-Age. Jusqu'au XVIIIe siècle on réutilise donc uniquement du porphyre provenant de monuments antiques, ce qui en faisait une roche d'autant plus précieuse car sa symbolique impériale ne s'est jamais perdue. Puis de nouveaux gisements importants sont mis au jour en Russie et en Suède.

Aujourd'hui, les principales carrières se trouvent en Italie, dans le Trentin (1,5 million de tonnes par an), au Mexique, en Argentine et en Australie[1].

Les carrières de porphyre de Quenast (1,8 million de tonnes par an), en Belgique, Brabant Wallon et le porphyre rose d'Algajola (Corse) sont très réputés.

La grande résistance du porphyre a été mise à profit dans les ouvrages du plan Delta aux Pays-Bas, dans le tunnel sous la Manche, comme ballast de chemin de fer sur les lignes TGV[réf. nécessaire], et comme composant résistant des routes asphaltées.

Tombeau de Napoléon Ier

Contrairement à une légende tenace, le tombeau de l'empereur Napoléon Ier aux Invalides, n'est pas réalisé en porphyre mais en quartzite[2],[3].

Symbolique

Les noces de porphyre symbolisent les 33 ans de mariage, dans le folklore français.

Porphyrogénète (du grec Πορφυρογέννητος, Porphyrogennētos, terme grec qui signifie « né dans la pourpre ») est un surnom attribué aux princes et princesses nés alors que leur père était empereur. L'origine du mot vient de ce que la chambre du Grand Palais de Constantinople où accouchaient les femmes de la famille impériale était appelée Porphyra, car elle était garnie de blocs de porphyre pourpre égyptien provenant du Djebel Abou Dokhanee ou Mons Porphyrites.

Notes et références

  1. Time Magazine, July 19, 2010, p. 43.
  2. Jules Claretie, Le Roman des soldats, Michel Lévy frères, Paris, 1872 p. 326 Lien Gallica
  3. La carrière de Carélie dont la pierre avait été extraite, au prix de grandes difficultés, appartenait au tsar Nicolas Ier ; il en coûta environ 200 000 francs, payés par la France (L. Léouzon Le Duc, Études sur la Russie, p. 12, cité par : Octave Aubry, Sainte-Hélène, Paris, Flammarion, coll. « L’histoire », 1973, p. 461, note 3)

Articles connexes

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