Samba (musique)

La samba est un genre musical et une forme de danse ayant émergé au Brésil, dont les racines proviennent d'Afrique à l'époque de l'esclavage ouest-africaine, et sont retracées dans les traditions religieuses africaines, en particulier celles en Angola et au Congo[1]. Les amateurs de samba sont appelés sambistes.

Pour les articles homonymes, voir Samba.
Samba
Origines stylistiques Semba, batuque, polka, maxixe, lundu, scottish, styles variés de musiques urbaines brésiliennes
Origines culturelles Fin du XIXe siècle ; Angola
Instruments typiques Batterie de percussions, cavaquinho, pandeiro, chant
Popularité Élevée au Brésil, en particulier Rio de Janeiro
Scènes régionales Partout au Brésil
Voir aussi Carnaval, école de samba

Sous-genres

Samba-canção, partido alto, samba-enredo, Samba de Gafieira, samba de breque, bossa nova, pagode

Genres dérivés

Samba-maxixe, samba rock, samba-reggae, sambass

Elle est reconnue dans le monde comme un symbole du Brésil et du carnaval brésilien. Considérée comme l'une des expressions les plus cultes du Brésil, la samba fait partie de l'identité nationale brésilienne[2],[3],[4],[5]. Une journée nationale centrée sur la samba, la journée nationale du samba, est annuellement célébrée le 2 décembre. La date fut fixée par Luis Monteiro da Costa, conseiller municipal de Salvador, en l'honneur d'Ary Barroso. Il sera le compositeur de Na Baixa do Sapateiro bien qu'il n'ait jamais mis les pieds à Bahia. Ainsi, le 2 décembre marquera la première rencontre d'Ary Barroso et Salvador.

La samba est un style local au sud et nord du Brésil, en particulier à Rio de Janeiro, São Paulo, Salvador et Belo Horizonte. Son importance dans la musique brésilienne traverse toutes les régions du pays, cependant ; des écoles de samba, musiciens de samba et organisateurs de carnaval centrés sur la performance du samba se situent partout dans le pays[6]. Rio de Janeiro étant la ville brésilienne la plus connue dans le monde[7],[8], la samba est habituellement utilisée pour identifier les brésiliens.

Terminologie

Il existe plusieurs hypothèses sur l'origine du mot samba. Il pourrait venir du terme semba[9], qui signifie vraisemblablement nombril dans la langue bantou, qui est une des langues des esclaves originaires de ce qui est actuellement l'Angola[10]. Dans ce contexte, samba veut dire « danser avec gaieté »[réf. nécessaire]. En umbundu, autre langue de la région d'origine des esclaves, samba signifie « être animé, excité ». Des historiens ont remarqué la similitude du samba avec des danses béninoises, pays dont sont issus de nombreux esclaves déportés au Brésil[réf. nécessaire].

Histoire

Origines

Le samba est né dans les quartiers populaires de Rio de Janeiro au début du XXe siècle et notamment autour de la Praça Onze. À la fin du XIXe siècle, avec l'abolition de l'esclavage, beaucoup d'anciens esclaves se sont dirigés vers cette grande cité (à l'époque capitale du pays) pour travailler dans les docks, comme vendeurs de rue ou comme domestiques. Ils ont amené avec eux leurs danses et leurs percussions africaines.

Le premier samba enregistré est Pelo telefone, en 1916, par le chanteur Donga. Les premiers sambas étaient très influencés par d'autres rythmes de l'époque, comme le maxixe (un rythme très rapide) et la marcha (un rythme simple, binaire et vivace). Des artistes tels que Pixinguinha, Donga, Heitor dos Prazeres, Ismael Silva et Sinhô ont peu à peu développé les bases du samba : une musique à 2/4 ou 4/4 dont la structure rythmique peut se réduire à 2/4, le temps fort étant sur le deuxième temps, avec un accompagnement riche en lignes mélodiques syncopées. Le rythme est donné essentiellement par les instruments de percussion, la guitare et le cavaquinho.

Développement

L'actrice brésilienne Carmen Miranda contribue à populariser le samba internationalement[4].

Le samba est devenu la musique du carnaval vers 1930, il était précédemment jugée trop obscène, brutal et violent. Les premières écoles de samba sont constituées de petits groupes de guère plus de cinquante personnes qui défilent sans costumes, au son des percussions. Ces groupes, appelés « blocos », rivalisent d'audace et d'imagination, le tout premier à se faire connaître étant Deixa Falar, en 1928, dans le quartier appelé Estacio à Rio de Janeiro. Très vite, ces défilés s'organisent et se transforment en compétitions. La première d'entre elles date de 1932 et voit la victoire de Mangueira. En 1935, les écoles sont officiellement enregistrées comme Gremio (cercles récréatifs)[réf. nécessaire].

Le samba se développe et se formalise dans le cadre de cette immense fête populaire, au travers de la partie rythmique, mélodique et de la danse qui l'accompagne. Il permet alors à toutes les couches de la société de s'exprimer et de se défouler. Dans les années 1940 et 1950, l'identité de chacune des écoles de samba se construit, entre le choix de couleurs de reconnaissance et les choix musicaux : le mot école prend alors aussi son sens de doctrine, avec ses professeurs et leurs disciples. Les costumes ne sont toutefois encore constitués que d'uniformes. L'introduction de la sonorisation pour les chants en 1961, par Mangueira, donne une nouvelle dimension aux sambas à thème (samba do enredo). C'est d'une certaine façon l'âge d'or musical des écoles de samba[réf. nécessaire].

Le milieu des années 60 marque le retour sur le devant de la scène de nombreux grands artistes de la première génération des sambistas des années 30: Ismael Silva, Cartola, Clementina de Jesus, Nelson Cavaquinho, Velha Guarda da Portela... Des jeunes interprètes, notamment issus de la bossa nova redécouvrent et interprètent les compositions de ces artistes pionniers. Cette renaissance se structure notamment autour du Zicartola, bar tenu par Cartola, fondateur de l'école de Mangueira et sa femme Zica, où la jeune et l'ancienne garde se rencontrent.

Les années 1960-1970 sont au centre d'une « révolution plastique », avec la participation des classes moyennes, qui apportent de nouveaux courants esthétiques. Les écoles de samba travaillent leur image avec la contribution souvent spontanée d'artistes célèbres. Les vingt années suivantes portent la marque de l'argent et de ses vicissitudes. En effet, le défilé des écoles du Groupe Spécial de Rio de Janeiro n'est plus simplement l'objet de rivalités de quartier, mais aussi un enjeu économique entre écoles du fait de ses nombreuses retombées financières. Pour cette ville qui cherche à attirer un public conquis d'avance mais qui hésite encore à prendre son billet, il s'agit également d'un enjeu majeur. Le samba s'enrichit quant à lui durant cette période de la musique pop, ou se manifeste le retour aux sources, vers le maracatu. En parallèle, à Salvador, l'axé se développe dans les années 1980 et donne naissance au samba-reggae, qui construit un pont entre le samba et la musique jamaïcaine[réf. nécessaire].

À partir des années 2000, s'immiscent de nouvelles influences comme le funk ou le hip-hop, qui viennent à nouveau enrichir les rythmes du samba. Des grandes batteries de percussions émergent des formations plus réduites basées sur de la fusion samba-rock et samba-funk, comme le groupe Funk 'n' Lata issu de Mangueira[réf. nécessaire].

Outre Rio de Janeiro, cœur du samba du Brésil, il existe également un samba typique de São Paulo (avec Adoniran Barbosa et Paulo Vanzolini) et de Bahia.

Popularisation mondiale

Un fort impact dans l'esprit collectif, et par rapport à l'image du carnaval, valent au samba d'être copié et repris un peu partout dans le monde. En France par exemple, sa diffusion commence avec la création à Paris d'une première école de samba dans les années 1975-1980 (Unidos da Tia Nicia). Les autres pays occidentaux voient également l'arrivée de musiciens fuyant la dictature brésilienne et de nombreux foyers de diffusion du samba s'ouvrent alors sous forme d'écoles ouvertes notamment aux amateurs. La plupart des élèves de ces écoles, et quelques autres passionnés qui s'étaient entre-temps initiés aux percussions brésiliennes de leur côté, sont devenus dans les années 1980 et 1990 les fondateurs des principaux groupes existant actuellement. Une grande partie des autres groupes qui se sont constitués depuis sont issus de ce courant musical, et beaucoup partagent encore des références rythmiques communes[réf. nécessaire].

Depuis 1995 environ, une montée en puissance du samba-reggae s'effectue en Europe : de nombreux groupes l'ont introduit dans leur répertoire, tandis que d'autres se construisaient uniquement sur le modèle traditionnel des célébrités brésiliennes du genre. Au-delà du phénomène reggae, on constate une appropriation du samba par les groupes locaux, qui, dans leur majorité, n'hésitent pas à y introduire des éléments de leur propre patrimoine musical (pop, funk, mais aussi musiques folkloriques du cru). Le samba le plus connu internationalement est Aquarela do Brazil[11]. Le retour du Samba en Europe se nourrit d'une interaction entre le nombre croissant de groupes diffusant cette musique et un nombre croissant de danseurs pratiquant le samba (samba No Pé, Samba de Gafieira).

Caractéristiques

Genre musical

Le mot samba est masculin en portugais, et il convient de garder cette déclinaison pour marquer la distinction avec "la" zamba, danse paysanne de l'Argentine. Sa base rythmique musique binaire à deux ou quatre temps lancée au Brésil qui serait fondée sur une composition rythmique syncopée, issue d'un mélange entre les traditions des noirs africains amenés en esclavage dans les plantations, celles des autochtones et celles des colons européens.

Musicalement, sa structure rythmique est notée 2/4 ou 2/2, parfois 4/4 par les jazzistes brésiliens et quelques percussionnistes européens. Mais le jazz n'est pas le seul courant musical qui s'est laissé influencer par le samba : certains compositeurs classiques du XXe siècle se sont laissés tenter par ces nouveaux rythmes déhanchés et vigoureux. Ainsi, Darius Milhaud, après un voyage au Brésil, compose vers les années 1920 des œuvres qui en sont largement influencées telle que notamment les ballets L'Homme et son désir (1918-1921) et Le Bœuf sur le toit (1919-1920) ainsi que, en 1937, Scaramouche pour deux pianos, dont le troisième mouvement est une véritable musique

Sous-genres

À partir du samba original se sont construits de nombreux sous-genres, plus ou moins récents. Le samba influence également nombre de genres par son rythme particulier (par exemple la bossa nova, à partir du jazz). Les principaux styles notables sont :

  • la samba de roda, Partido Alto, Pagode ;
  • le samba de coco ;
  • le samba-canção, un samba plus mélodieux dont les musiques de Chico Buarque en sont un bon exemple ;
  • la batucada, Batuque, Afoxé ;
  • le samba do enredo, une forme particulière de samba à thème, avec un autre temps, qui s'est développée progressivement dans le cadre des écoles de samba, notamment à Rio de Janeiro, depuis la fin des années 1920 ;
  • Le samba-rock, une samba de tendance jazz dans le jeu et les arrangements, plus funk dans l'esprit de la fin des années 1960 et du début des années 1970, comme Jorge Ben accompagné du Trio Mócoto ;
  • Le samba-reggae s'est développé dans l'État de Bahia à partir de 1985 environ, sous l'influence du reggae jamaïcain.

Danse

Le samba se pratique en solo ou en couple sous de nombreuses variantes. Le samba « solo » le plus connu reste le Samba No Pé (samba de pieds) qui est celui que l'on pratique majoritairement lors des carnavals. Le samba est alors une danse très complète car chaque partie du corps est utilisée. Les jambes bougent d'avant en arrière ou inversement d'une manière bien particulière tandis que les bras balaient l'air au niveau du bassin. Il existe un grand nombre de pas. Le samba « en couple » est plutôt (mais non exclusivement) une danse de salon, pratiquée en couple avec figures chorégraphiques formalisées telles que le botafogo.

L'Europe voit une pratique de plus en plus importante du samba de gafieira aussi appelé hors du Brésil « tango brésilien ». Il s'agit d'une des danses de couple brésiliennes qui s’exécute sur le modèle du samba. Toutefois, certaines styles du samba sont issus de danses collectives dont les pas proviennent d'une pratique utilitaire : le samba du coco, par exemple, résulte des pas, des rythmes et des chants qui accompagnent le battage de la terre avec les pieds pour la construction de maisons en terre battue. Le découpage temporel de la séquence est basé sur des approximations de triolets à l'intérieur de chaque temps de la mesure du samba.

Notes et références

  1. (en) « Samba and the Frenetic Rhythm of Brazil’s Carnival », sur The Language Journal, (consulté le 20 avril 2015).
  2. (en) Stockler J.S., The Invention of Samba and National Identity in Brazil, Working Papers in Nationalism Studies (Université d'Édimbourg) 2011:2, lire PDF.
  3. (pt) SambaDicionário Cravo Albin da Música Popular BrasileiraGoogle translation
  4. (en) Samba – Cliquemusic – Google translation
  5. (en) Samba – All Brazilian Music.
  6. Música Sertaneja – Dicionário Cravo Albin da Música Popular Brasileira
  7. (en) « GHN MARKET REPORT Rio de Janeiro » [PDF] (consulté le 2 avril 2012), Rio de Janeiro City is the most famous Brazilian city in the world
  8. (en) « Rio de Janeiro » (consulté le 2 avril 2012).
  9. (en) [PDF] Gilman, B., The Politics of Samba. Georgetown Journal of International Affairs, 2001:2(2), consulté le 26 avril 2014.
  10. (en) Browning, Barbara. Samba – Resistance in Motion. Indiana University Press. 1995. page 18. For a further, detailed examination of the arrival of the word 'samba' : voir Sodre, M., Samba, O Dono do Corpo, Mauad (2009).
  11. Berenguer González, Ramón T. Aquarela do Brazil Samba Mp3, soundclick.com, ISWC T-0425394804 (version libre de droit).

Voir aussi

Bibliographie

  • (pt) Gildo De Stefano, Il popolo del samba. La vicenda e i protagonisti della storia della musica popolare brasiliana, préface de Chico Buarque de Hollanda, mise en place de Gianni Minà, RAI éditions, Rome, 2005, (ISBN 8839713484)
  • (pt) Nosso senhor do samba. d'Edigar de Alencar. Rio de Janeiro : Funarte, 1988.
  • (pt) O Encontro Entre Bandeira e Sinhô. d'André Gardel, Rio de Janeiro : Secretaria Municipal de Cultura, 1996.
  • Gildo De Stefano, Saudade Bossa Nova: musiche, contaminazioni e ritmi del Brasile, préface de Chico Buarque, mise en place de Gianni Minà, Logisma Editore, Florence 2017, (ISBN 978-88-97530-88-6)
  • (pt) O Sol nasceu pra todos : a História Secreta do Samba de Luis Carlos de Morais Junior. Rio de Janeiro : Litteris, 2011.
  • (en) Samba. d'Alma Guillermoprieto. Jonathan Cape, Londres, 1990.
  • (en) Rhythms of Resistance: African Musical Heritage in Brazil. de Peter Fryer. Pluto Press, 2000.
  • (en) Making Samba: A New History of Race and Music in Brazil. de Marc A. Hertzman. Duke University Press, 2013.

Liens externes

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